Corsept, Loire-Atlantique : l'enseignant soupçonné de maltraitances psychologiques était déjà signalé

À Corsept en Loire-Atlantique, la polémique autour des méthodes pédagogiques d’un enseignant de CE2 enfle, alimentée par de nouveaux témoignages. 4 enfants sur les 24 que compte la classe ont été retirés de l’école.

 

Depuis la rentrée, des parents d'élèves dénoncent la maltraitance psychologique qu’exercerait sur ses élèves de CE2, un enseignant récemment nommé.
Punitions, brimades, exclusions, remarques désobligeantes, les enfants ont rapporté à leurs parents des réflexions et des attitudes qui les ont poussés à demander l’éviction de cet enseignant.

Les inquiétudes de ces parents d’élèves sont aujourd’hui renforcées par les nombreux témoignages qui affluent. "C’est incroyable, nous avons des parents qui nous appellent pour nous dire de tenir bon…apparemment ce monsieur est bien connu pour avoir eu le même type de comportement dans toutes les écoles où il est passé comme remplaçant, c’est aberrant " s’indigne Jérémy Guilbaud, l’un des parents de Corsept qui ajoute  "nous avons lancé une pétition, en quelques jours elle a été signée par plus de mille personnes ".

Le silence du rectorat 

Les parents de l’école Camille Corot ont interpellé le rectorat, retiré leurs enfants de l’école pendant quelques jours, rencontré les responsables d’académie de leur secteur. Rien n’y fait.
L’inspection académique que nous avons aussi sollicitée n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. Elle nous a seulement transmis un communiqué que nous diffusons dans son intégralité.

"Un enseignant de CE2 de l’école Corot à Corsept a été signalé par des parents qui s’inquiétaient de postures malveillantes à l’égard d’élèves. Il est à noter que ce signalement est intervenu avant même que l’enseignant intervienne au sein de cette école. Cet enseignant, immédiatement entendu, dès la mi-septembre, a été suivi par des formateurs, inspectrice et conseillers pédagogiques et accompagné au plus près dans la classe.
L’ensemble de la communauté éducative a été entendue, directeur, enseignants, parents, de manière à réinstaller un climat de confiance envers cet enseignant. Tous les élèves inscrits sont revenus en classe et des constats d’évolution significative ont été faits par les formateurs.
Une cellule d’écoute des élèves a été installée pour permettre aux enfants qui le souhaitaient d’être entendus par une psychologue scolaire.
La situation fait l’objet d’une observation attentive et continuelle afin de s’assurer du bien-être total des élèves"
.

Le rectorat laisse entendre que l’enseignant faisait déjà l’objet de critiques, avant même son arrivée à Corsept. "C’est totalement faux, s’insurge Jérémy Guilbaud. Au contraire, on l’attendait avec bienveillance, d’autant qu’il est, par ailleurs, professeur de judo…on était ravis qu’il inculque aux enfants les valeurs véhiculées par ce sport" .

Ce qui est vrai en revanche c’est que, depuis la médiatisation de l’affaire, les témoignages affluent, de la part de parents, certes, mais aussi du corps enseignant. Une ancienne directrice d’école nous indique avoir eu maille à partir avec cet enseignant.
 

Incompréhension 

"Quand j’ai lu l’article qui était consacré à cette affaire, comme il n’était pas nommé je n’ai pas pensé tout de suite que c’était lui. Je pensais qu’il n'était plus en charge de classe" raconte-t-elle.  
L’enseignant qui n’a été titularisé dans son poste que cette année a écumé les écoles et, dans chacune d’elles, a laissé des souvenirs peu reluisants. Pas ou peu de communication avec ses collègues. Pas d’investissement dans les projets d’équipe au nom de sa "liberté pédagogique". Des méthodes autoritaires et brutales, en verbe et en acte, à l'égard des élèves.

"Lorsqu’il a effectué un remplacement dans l’école que je dirigeais, j’avais fait un signalement auprès de l’inspection académique, en tant que garante des apprentissages des élèves et de leur sécurité, car je ne pouvais accepter qu’on laisse les enfants face à un enseignant qui ne prodiguait ni l'un ni l'autre. Entre autres choses, ce qui m’a fait réagir c’est que le premier jour de son remplacement, il a trainé un élève dans le couloir, par le col de son vêtement pour le jeter, il n’y pas d’autre mot, dans mon bureau. Sans explication. L’enfant était puni pour s'être levé sans avoir demandé la permission, afin de remettre un crayon à sa place !"

L’enseignant n’aura effectué qu’une journée de remplacement dans son école.

"Six mois après cette histoire, il a de nouveau été nommé pour un autre remplacement dans mon école. Je lui ai interdit l’accès à la classe. Le seul regret que j’ai dans cette histoire c’est de ne pas avoir incité les parents du garçon à porter plainte…on n’en serait peut-être pas là aujourd’hui" se désole-t-elle.

Pour cette ancienne directrice d’école, il est clair que l’inspection académique était informée du comportement de l’enseignant.
Et les mêmes causes produisant les mêmes effets, des conséquences pour les élèves : "les enfants connaissaient des crises d'angoisse, pleuraient à l'idée de se retrouver dans sa classe, certains ont même, à 8 ans, renoué avec des énurésies nocturnes. Il y a des précédents que l’académie ne peut ignorer, je ne comprends pas qu’il soit toujours en responsabilité face aux élèves avec toutes les alertes qui sont remontées. Un professeur qui terrorise les enfants et ne remplit pas ses missions d’enseignement depuis des années ne peut pas continuer à travailler dans des écoles".

Entre les mailles du filet

Comment se fait-il qu'un enseignant connu pour inspirer de la peur aux enfants continue d'exercer ? Nous avons posé la question à un représentant syndical.

"Vous savez, souvent, quand un individu pose souci, on va lui faire faire un remplacement par ci, par là, d'une journée ou de quelques jours, en évitant de le laisser trop longtemps au même endroit...comme ça c'est indolore. Il faut en arriver à des incidents graves comme ceux de Corsept pour que l'administration bouge, sans quoi rien ne se passe" explique Bernard Valin, représentant du syndicat SNUIPP-FSU de Loire-Atlantique

"Il y a encore 6 ou 8 ans cette situation n'aurait pas été possible, poursuit-il. À l'époque il existait une commission paritaire où syndicats et administration discutaient des situations problématiques et essayaient de les solutionner. nous avions alors une vue sur tous les cas comme celui de Corsept. Cette commission a été supprimée. Le résultat c'est que maintenant lorsque des situations à problème nous sont remontées c'est souvent trop tard"

Selon Bernard Valin, dans cette histoire la première responsable, c'est l'administration."Elle n'a pas su protéger ni les enfants, ni les parents, ni le collègue, ni l'école en tant que telle car beaucoup d'enfants sont aujourd'hui désisnscrits et ne reviendront pas". 

Les parents de la classe de CE2 de l'école de Corsept devraient rencontrer des représentants de l'inspection académique en début de semaine prochaine. Plus de sept semaines après les premiers signalements.






 
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