Covid 19, les soignants un an après : "C'est la première fois de ma vie que j'ai eu peur de mourir en allant travailler"

Les soignants des Pays de la Loire sont à nouveau mobilisés pour accueillir des malades covid venus d'autres régions. Un an déjà qu'ils sont en première ligne contre la covid-19. À la clé, de la fatigue bien sûr mais aussi des angoisses et des doutes. 

17 mars 2020. Moins de trois semaines après le premier cas répertorié dans les Pays de la Loire, le confinement est déclaré sur tout le territoire français.

L'hôpital de Nantes se met en ordre de marche pour accueillir les premiers patients. Les malades, de ce que l'on nommera "la première vague", ne se font pas attendre se souvient Jean Reignier, chef du service de réanimation du CHU de Nantes.

"Nous les premiers signes, ça a été de voir arriver des malades...de plus en plus, en quantité inhabituelle. C'est à dire qu'ils arrivaient par 5 ou 6 par jour. C'est monté très très vite et très très fort l'an dernier". 

Tout le personnel médical est mobilisé, sans forcément avoir le matériel adéquat pour faire face à cet afflux de patients. Et à ce virus dont on ne sait encore pas grand-chose, si ce n'est qu'il est extrêmement contagieux et qu'il faut à tout prix s'en prémunir. 

Pour cela tous les moyens sont bons.

On a eu des dames qui nous ont cousu des sacs poubelles pour qu'on puisse se protéger

Sophie Laurent, infirmière en réanimation

"Et on a eu des dons de diverses entreprises... c'était pas forcément adapté à la situation mais ça nous a permis de nous protéger ... et un grand merci à ces gens-là" , raconte Sophie Laurent, infirmière en réanimation.

Le 21 mars 2020, le coronavirus fait un premier décès au sein du personnel soignant en France : Jean-Jacques Razafindranazy avait 68 ans et travaillait au centre hospitalier de Compiègne dans l’Oise, un des "clusters" de l’épidémie. Une nouvelle qui provoque une onde de choc parmi les soignants, déjà meurtris par les décès qui se succèdent dans les services.

David Grungrass, aide-soignant, est resté bouleversé par cette mort omniprésente. 
"Ce qui était dur pour nous, c'était de mettre des corps dans des sacs mortuaires, chose qu'on ne fait jamais et comme les pompes funèbres ne le faisaient plus à cause des restrictions sanitaires,

C'était à nous de mettre les gens dans les sacs mortuaires, les housses blanches comme on voit à la télé...c'était à nous de faire ça et ça, ça nous a marqués"

David Grungrass, aide-soignant

Pour Tiphaine, aide-soignante, "cette maladie mortelle nous a fait prendre conscience qu'on étaient en contact avec des pathologies qui pouvaient nous aussi nous tuer, en tant que soignant, et ça c'est quelque chose dont on n'avait pas conscience avant".

C'est la première fois de ma vie que j'ai eu peur de mourir en allant travailler

Tiphaine, aide-soignante

Tous les soignants, les personnels qui accompagnent d'ordinaire les personnes malades, notamment les plus agés, bravent la peur qui les tenaille. Face à cet inconnu, il faut revoir ses pratiques professionnelles, s'adapter, se protéger pour protéger l'autre. 

Viviane Gilbert est aide à domicile, elle se rappelle de ce sentiment qui l'habitait des premiers jours lors de ses interventions. "Moi j'étais expéditive, je faisais et je repartais. On restait le moins possible au contact des gens, ne sachant pas si on l'avait, si on était porteur, est-ce qu'on l'avait sur nous...parce qu'

On entendait de tout, que nos vêtements étaient peut-être contaminés, donc on restait le moins possible

Viviane Gilbert, aide à domicile

Petit à petit, les médecins mettent en place des protocoles de soin, non sans avoir "tatonné" comme le confie François Raffi, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Nantes, "ce n'est que vers les mois d'avril-mai qu'on a commencé à avoir des premières études qui montraient quelques médicaments efficaces comme la cortisone".
 

Automne 2020. Nouvelle vague de Covid et second confinement

En quelques mois, le champ lexical du quotidien est restreint à quelques mots :"Couvre-feu", "gestes barrières", "gel hydroalccolique", "autorisation de sortie".

Et les expressions sensorielles vitales réduites au minimum. Proscrite, la proximité corporelle. Terminées, les embrassades. Finis, les calins. Interdits, les moments de convivialité. Le virus s'installe dans la durée. L'isolement aussi, qui pèse sur les malades et les personnes âgées.

Un crève-coeur pour Tiphaine qui voit certaines personnes se laisser glisser, comme on dit pudiquement... l'hiver est compliqué. Lassitude, fatigue, tristesse.
"Quand on voit que les patients effectivement se laissent mourir parce qu'ils n'ont pas de proches, quand on voit que les patients ne peuvent pas sortir pour leur anniversaire, pas sortir pour fêter Noël avec leurs proches, c'est compliqué donc on essaye de rendre le service un peu plus gai, on met de la musique, on chante avec les patients, on essaye vraiment d'apporter de la vie en tant que soignants "

Petit à petit, les médecins mettent en place des protocoles de soin, non sans avoir "tatonné" comme le confie François Raffi, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Nantes, "ce n'est que vers les mois d'avril-mai qu'on a commencé à avoir des premières études qui montraient quelques médicaments efficaces comme la cortisone"

Mars 2021. On parle désormais d'une troisième vague, d'un confinement possible de l'Ile de France. Nantes est prise entre, d'un coté l'arrivée de patients venus d'autres régions et l'apparition du variant breton.

"Une épidémie qui dure comme ça, c'est fatigant pour tout le monde. C'est fatigant pour les soignants, c'est fatigant pour les patients, c'est fatigant pour les familles. C'est d'autant plus pesant qu'on n'a pas de certitude sur la fin" souligne François Raffi
 

 


Soignants, malades, commerçants, employés de supermarché, artistes, élus ou encore parents : nous les avions rencontrés il y a un an. Aujourd’hui ils nous racontent leur année Covid. Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe. 

 

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