Dans le vignoble, la taille des sarments a commencé, "une période importante" pour Mathilde Ollivier, viticultrice dans le Muscadet

Garder la meilleure branche, c'est le premier geste important du viticulteur qui prépare sa prochaine cuvée. La Taille des sarments a débuté et se prolongera jusqu'à début avril. On est allé sur un vignoble du Muscadet se faire expliquer cette phase primordiale dans la saison de tout vigneron.

Le ciel est lourd ce lundi matin et la pluie arrose encore généreusement les sols.

Mathilde Ollivier, huitième génération sur le domaine de la Grenaudière, de chez Cottenceau, à Maisdon-sur-Sèvre, se réjouit que les nappes phréatiques se soient bien rechargées.

"Il y aura ce qu'il faut en ressources, dit-elle. La vigne aura ce qu'il faut pour produire."

Dessiner la production de 2024

Nous sommes sur une parcelle labellisée HVE, Haute Valeur Environnementale (ce qui n'est pas du bio), située sur le terroir de Clisson où le granit affleure. La première taille, une pré-taille qu'on appelle ici le déracage, a été déjà faite. On a éliminé les branches qui avaient porté les grappes de la récolte passée.

Reste à faire la taille, une opération importante. "C'est la première étape qui va dessiner 2024, confirme Mathilde. Il ne faut pas qu'il y ait, soit trop de fruit, soit pas assez."

Au fond d'une rangée, nous croisons Damien Aillerie. Il est un salarié récent de la maison Cottenceau. Cet ancien sommelier qui a voulu passer "de l'autre côté", s'est passionné pour le travail dans le vignoble.

Avec son sécateur électrique, il passe d'un pied de vigne à l'autre. Un autre salarié et des prestataires, des saisonniers, viendront en renfort pour s'occuper des 28 hectares de melon de Bourgogne, ce cépage du Muscadet.

Un travail difficile qu'il faut effectuer par toutes les météos. Il arrive aussi que le domaine fasse venir une main d'œuvre de Bulgarie et de Roumanie, pour terminer à temps.

La taille est vraiment un métier de compétence.

Mathilde Ollivier

Viticultrice

Penché sur le cep, Damien sélectionne la branche la plus vigoureuse.

"On prend une baguette large, explique Damien, la plus forte, la mieux placée qui va dans le flux de la sève." 

Puis il coupe les autres branches en prenant garde toutefois de conserver une pousse de quelques centimètres, proche de la baguette sélectionnée. Ce"contre" sera une sécurité. Si la branche principale est victime du gel, ce "contre" permettra, on l'espère, de sauver un peu de production.

Le coup de sécateur est également important. "Il ne faut pas que la plaie soit trop large, précise Damien, pour que les maladies n'entrent pas."

Ce que les vignerons redoutent, c'est l'esca, une maladie qui tue la vigne en provoquant son dépérissement. Or, les conditions actuelles lui sont favorables, une température douce et une forte humidité. 

"L'avantage du froid, c'est que la vigne se met en sommeil, explique Mathilde, et ne repart pas en végétation trop vite. Le risque, c'est un coup de gel. Et puis le froid tue la maladie." Mathilde préférerait que la météo reparte sur des températures plus basses plutôt que les 14° de ce lundi.

Sur le domaine de la Grenaudière, Mathilde Ollivier et Stéphane Cottenceau produisent 1 500 hectolitres, principalement de Muscadet (Sèvre et Maine sur lie et crus de Clisson), mais aussi des vins effervescents et du vin... orange !

Destiné à l'export, ce vin prisé aux USA et en Asie est un vin blanc qui suit un temps de macération avant d'être pressé, comme pour les rouges (alors que le blanc est normalement pressé directement, sans macération du raisin).

Ce vin, à l'aspect orangé et non rosé, a permis à cette propriété d'élargir sa gamme, tout comme le vin désalcoolisé. 

Un vin désalcoolisé en Allemagne

L'an dernier, Mathilde et Stéphane ont vendu 5 000 bouteilles de leur vin désalcoolisé. Un vrai succès qui leur a apporté une nouvelle visibilité.

"C'est en pleine expansion avec le Dry January, constate Mathilde Ollivier. On se rend compte de l'intérêt que les gens portent à ce type de produit."

Baptisé "Phénomène", une appellation choisie parce que prononçable facilement en diverses langues, la production va être multipliée par trois cette année, quitte à s'approvisionner en matière première sur d'autres propriétés du département.

Le vin est expédié à Bittenfeld, dans le sud de l'Allemagne où, par un procédé de distillation sous vide, il est désalcoolisé. Les arômes naturels récupérés de l'évaporation de l'alcool sont réintroduits dans la boisson. On y ajoute un peu de sucre, de la gomme arabique et du gaz carbonique "pour se rapprocher du perlant du Muscadet", précise Mathilde.

De retour à Maisdon-sur-Sèvre, le vin qui contient alors moins de 0.5 % d'alcool est étiqueté sur la propriété avant d'être expédié sous son nom de "Phénomène".

"Ça nous ouvre vraiment des portes commercialement" a pu constater Mathilde Ollivier.

Tout à côté des bâtiments, la taille va se poursuivre au moins jusqu'à la fin mars. 28 hectares, 6 600 pieds par hectare, les coups de sécateurs ne sont pas près de s'arrêter. Le cru 2024 est en préparation.

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