Ce sont des pêcheurs qui ont donné l'alerte le 27 juin. Des centaines de poissons flottaient le ventre en l'air au niveau du pont de l'Ouen, sur le marais de Goulaine, à l'est de Nantes. Le phénomène, déjà observé par le passé, est dû à la dégradation de la qualité des eaux. Chaleur et pollution chronique sont en cause.
"Le dernier épisode le plus marquant, c'était en 2020" se souvient Vincent Mouren, le directeur de la Fédération de Loire-Atlantique pour la pêche et la protection des milieux aquatiques.
Ce sont des pêcheurs qui ont alerté les autorités ce jeudi 27 juin lorsqu'ils ont découvert l'ampleur de la mortalité. Des centaines de poissons morts au niveau du pont de l'Ouen qui sépare les marais haut et bas de Goulaine.
Le marais est alimenté en amont par la rivière Goulaine et ses affluents et se jette, en aval, dans la Loire, au niveau de la commune de Basse-Goulaine.
Le niveau de l'eau dans ces marais est géré par un comité de pilotage qui regroupe une quarantaine de partenaires dont la fédération de pêche, la LPO, des organismes agricoles... C'est cette gestion qui permet d'y renouveler régulièrement l'eau et donc, d'en maintenir la qualité.
Une gestion extrêmement fine
"Quand il y a trop d'eau, les oiseaux ne peuvent nidifier. S'il n'y en a pas assez, il y a un risque d'eutrophisation (manque d'oxygène), explique Thierry Coignet, vice-président du SYLOA, syndicat Loire Aval. Chaque année, à partir de la fin mai, il y a des mouvements d'eau qui se font lors des gros coefficients de marée (via la Loire), lors desquels on fait une vidange des marais. Puis, à marée haute, on fait rentrer l'eau dans les marais. C'est une gestion extrêmement fine."
Or, cette année, avec la forte pluviométrie, le haut niveau de la Loire n'a pas permis de vidanger les marais et d'en renouveler l'eau. Ces pluies ont aussi ramené des sédiments qui, avec la température élevée de l'eau, ont favorisé sa dégradation et la baisse de la quantité d'oxygène, d'où cette mortalité importante de poissons.
Le Syndicat Loire Aval a organisé le ramassage des poissons morts qui s'est poursuivi jusqu'à ce jeudi 4 juillet.
"On est sur une mortalité non différenciée, constate Vincent Mouren. C'est l'ensemble des espèces présentes dans le marais qui est touché."
"C'est une pollution chronique"
Le directeur de la Fédération de pêche parle d'une situation récurrente due, certes, à la météo, mais pas seulement. Le phénomène naturel serait aussi amplifié par une pollution des bassins-versants dont les ruissellements impactent les marais.
"C'est une pollution chronique, dit-il, une accumulation, due aux activités de maraîchage, de viticulture, d'urbanisation. Il y a aussi les orages qui ont favorisé le lessivage des terrains."
Une réflexion est en cours pour améliorer les choses. Le replantage de haie est une des mesures qui permettraient de protéger les marais en évitant le transfert des particules polluantes.
En attendant, les conséquences de cet épisode ne seront connues que lors des prochains recensements que fera la fédération de pêche.
"Ce qui nous inquiète, avoue Vincent Mouren, c'est que ces marais sont des zones de frayère pour les brochets. On peut craindre que la prochaine reproduction soit moins importante."
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