Alors que l'été est une période où le grand public aime à fréquenter les piscines municipales, certaines communes en viennent à réduire leur offre faute de personnels qualifiés pour assurer la sécurité des bassins. Le manque de surveillants de baignade touche notamment les villes de Nantes et du Mans en Pays de la Loire.
La ville de Nantes vient de faire savoir qu'elle n'était pas parvenue à trouver un nombre de maitres-nageurs sauveteurs ou de surveillants de baignade suffisant pour sa saison estivale. En conséquence de quoi, elle ne pourra ouvrir tous les équipements prévus sur la période des mois de juillet et août.
"Malgré de nombreuses démarches pour le recrutement de surveillants de baignade ou de maîtres nageurs sauveteurs saisonniers, indique la ville, les postes de personnels saisonniers ne sont toujours pas tous pourvus. Cette situation impose à la Ville de retravailler son offre estivale."
Léo Lagrange fermée en août
Ainsi, l'une des principales piscines de Nantes, Léo Lagrange, sera fermée du 5 août au 4 septembre. Une décision prise, nous dit-on, pour permettre de maintenir ouverte la piscine découverte des Dervallières, très prisée l'été, et la piscine Jules Verne. Celle du Petit Port reste également ouverte.
L’an dernier déjà, on avait manqué de personnels sur les plages. Mais cet échec à pourvoir les postes dans les piscines municipales est une première, au moins à Nantes.
Elle est en fait la concrétisation d’une évolution constatée depuis 2016 selon Eric Roger, responsable du service aqua-nautique de la Ville de Nantes.
Un métier moins attractif
"C’est le premier été que l’on fait face à une telle pénurie, c’est un phénomène national, précise-t-il. Le pic estival met en avant ce déséquilibre que l’on peut avoir sur cette profession."
Le constat avait d'ailleurs été fait en février 2023 lors des États Généraux de l’encadrement et de la surveillance dans la filière aquatique.
"La profession peine à recruter, le métier est moins attractif" constate Eric Roger.
Ce métier souffre, comme d’autres, de sa spécificité, à savoir des horaires contraignants.
"Quand on travaille dans les milieux du loisir, dit Eric Roger, on va forcément travailler le week-end."
Sept recrutements ont manqué à la ville cet été pour combler les postes à pourvoir.
Le secteur privé pas épargné
Même le secteur marchand, les piscines et équipements aquatiques privés, qui aligne de meilleures rémunérations et un logement en sus, vit cette désaffection. Le secteur public, contraint par une grille indiciaire, ne parvient pas à attirer suffisamment de candidatures. "Même s’il y a eu un effort de fait" constate Eric Roger.
Cette difficulté de recrutement, avec les conséquences qu'elle implique, ne touche effectivement pas que la ville de Nantes.
Le Mans également impacté
Au Mans, le constat est le même et on a dû prendre une décision similaire : réduire la voilure.
"Sur la période d’été, annonce-t-on, la Ville du Mans a dû adapter l'ouverture des piscines municipales, notamment le centre aquatique des Atlantides et la piscine des Ardriers. Ces deux établissements devront être fermés au public. À partir du lundi 31 juillet pour la piscine des Ardriers, jusqu’au mardi 5 septembre de réouverture. Et chaque mardi du mois d’août pour le centre aquatique des Atlantides."
Dans la capitale Mancelle, c’est également la première fois que l’on a dû fermer une piscine pour s’adapter.
"On n’a pas pris la mesure des choses, on a pris la situation de plein fouet, constate Nordine Arik, adjoint au maire du Mans, délégué aux sports.
Des formations qui font pourtant le plein
À la SNSM qui forme dans ses centres de nombreux surveillants de baignade chaque année, on dit pourtant ne pas avoir eu de problème de recrutement cette année.
"On va pouvoir faire une vraie sélection" déclare Adrien Morellec Le Men, le responsable du centre de formation et d’intervention de Nantes.
Mais la plupart des surveillants formés ici sont ensuite dirigés vers des communes du littoral qui ont signé une convention avec la SNSM. Peu vont proposer leurs services aux villes pour les piscines publiques.
"Un bon job d'été"
Être surveillant de baignade peut être un bon job d’été pour des jeunes, souligne Adrien Morellec Le Men qui reconnait tout de même que la formation est exigeante et peut rebuter.
"Le coût de la formation est de 1500 € pour le jeune, matériel compris, précise-t-il, et ça demande aussi un investissement en temps. Un week-end sur deux de formation pendant un an et deux entrainements par semaine en piscine." Soit 400 heures de formation.
À l’Association Mancelle de Sauvetage et de Secourisme, qui forme au Brevet National de Sécurité et de Sauvetage Aquatique, on ne constate pas non plus de baisse particulière du nombre de stagiaires. S’il y a eu un recul depuis la crise sanitaire du Covid, les cessions continuent de faire le plein. Une soixantaine de diplômés sortent de cette formation chaque année au Mans.
"On les forme, mais on ne sait pas où ils vont ensuite", nous dit-on à l’association.
Des pistes pour l'avenir
Pour gérer cette situation de manque qui va perdurer, des solutions vont être mises en place.
Au Mans, une cellule va être créée pour anticiper et on va essayer de travailler avec les clubs locaux qui disposent de tels profils.
À Nantes, on pense à proposer des contrats qui permettront de payer la formation aux candidats. Ils s’engageront de leur côté à travailler une saison pour la ville.