Après l'abandon du projet de l'Arbre aux Hérons, les concepteurs Pierre Orefice et François Delarozière ont convoqué ce vendredi matin une conférence de presse dans laquelle ils disent ne pas comprendre "une décision brutale prise sans concertation ni discussion".
Ils ont eu besoin d'une bonne nuit, sans doute sans beaucoup de sommeil, avant de prendre la parole et de réagir à l'annonce de l'arrêt du projet de l'Arbre aux Hérons par la Métropole qui les soutenait depuis le début.
Pierre Orefice et François Delarozière, les concepteurs du projet de l'Arbre aux hérons, ont, par la voix de Catherine Saudray, directrice juridique et financière de la compagnie La machine, partagé leur sentiment de trahison après une annonce "brutale et prise sans concertation ni discussion".
Le budget en débat
Amers, Pierre Orefice et François Delarozière s'étonnent du chiffre de 80 millions d'euros présenté par la Métropole. "Pour nous, l'Arbre aux Hérons coûte 52.4 millions d'euros comme nous l'avions annoncé. Le surplus, c'est la Métropole qui le rajoute et c'est à la Métropole de l'assumer".
Tous les projets sont touchés par l'inflation
Pierre OreficeDirecteur des Machines de l'île
Nantes, "une ville endormie"
Déçus et pris par l'émotion, le duo a tour à tour expliqué son incompréhension que le projet s'arrête "au moment où il ne faut pas craquer. On nous scie les pattes, on nous enlève notre avenir", s'alarme Pierre Orefice.
François Delarozière s'agace quant à lui d'une décision qui fait passer Nantes pour une ville sage et raisonnable quand eux appellent à rêver.
Le Fonds de dotation attend des réponses
Dans un communiqué de presse, le Fonds de dotation pour l'Arbre aux Hérons et les mécènes indiquent "prendre acte de la décision de Mme la Maire et Présidente de Nantes Métropole, Johanna Rolland, de renoncer au projet de l'Arbre aux Hérons".
"Nous sommes sous le choc de cette nouvelle soudaine. (...) Passés notre stupéfaction et notre déception communes, le Fonds sera présent aux côtés des mécènes pour soulever les nombreuses questions qui se posent désormais au sujet des conséquences juridiques, financières et fiscales de ce choix et auxquelles la collectivité devra apporter des précisions. Nous n'imaginons pas que Madame la Maire et Nantes Métropole s'en désintéressent".
Un projet vieux de 20 ans
Lancé en 2002, le projet de l'Arbre aux Hérons n'a cessé de connaître des obstacles sur sa route, surtout ces dernières années. Annoncé à 35 millions d'euros à ses débuts, le budget était réévalué à 52.4 millions d'euros en 2021.
Au début de l'année, l'association Anticor pointait des irrégularités dans le montage juridique du projet.
En effet, les concepteurs comptaient se passer d'appel d'offres et de mise en concurrence des marchés publics arguant que l'Arbre aux Hérons est une œuvre d'art et qu'ils peuvent donc passer outre.
Mais c'était sans compter l'avis final de la Préfecture de Loire-Atlantique qui leur a envoyé une lettre à la fin de l'été. Elle y indique que la mise en concurrence des marchés est obligatoire. Coup dur pour François Delarozière et Pierre Orefice.
Ces derniers jours, l'inquiétude a gagné les rangs de la métropole nantaise qui soutenait jusqu'ici le projet. Une fois de plus, le budget était réévalué. La mise en concurrence, dans des lots distincts, entraîne une hausse du budget de 13 millions d'euros.
D'autre part, la hausse des coûts des matières première, notamment celui de l'acier, entraîne également un surcoût de 15 millions d'euros. Aujourd'hui, le budget "à valeur 2022" atteint les 80 millions d'euros HT. "C'est trop" pour la maire de Nantes, Johanna Rolland, qui a décidé jeudi 15 septembre, de mettre un terme au projet.