Le 8 février 1962, une manifestation pour la Paix en Algérie était réprimée par les forces de l'ordre à Paris. Neuf personnes ont trouvé la mort en tombant dans une entrée du métro Charonne, parmi elles Anne-Claude Godeau, une Nantaise de 24 ans, militante à la CGT, qui lui rend hommage aujourd'hui.
Anne-Claude Godeau est née en 1938 dans une famille militante, un papa conseiller municipal membre du PCF, une maman militante à la CGT. Elle est l'ainée d'une fratrie de cinq sœurs.
Jeune employée des PTT où elle a été reçue au concours d'entrée, elle travaille aux chèques postaux. Et, comme nombre de jeunes gens de l'époque, c'est à Paris quelle trouve sa première affectation.
Étouffée par la foule lors d'une charge de police
La manifestation du 8 février fait suite à une longue série de rassemblements organisés à Paris depuis plusieurs mois par les syndicats et les partis de gauche, le PCF et le PSU, la CGT, CFTC, FO et FEN, notamment, contre l'OAS et pour la Paix en Algérie.
La manifestation était interdite, mais Anne-Claude poussée par ses convictions avait averti ses parents qu'elle allait y participer : "Ce soir je vais à une manifestation à la Bastille, encore interdite, je me mettrai en tenue sport et, en tournant et retournant par les petites rues, je parviendrai bien à rejoindre un groupe".
"Le Préfet de police Maurice Papon avait été formel : les policiers devront "faire preuve d’énergie" pour empêcher que les cinq cortèges prévus ne se rejoignent place de la Bastille", peut-on lire sur le blog du Centre d'Histoire du travail à Nantes.
Une charge de police provoque la débandade, des manifestants cherchent refuge dans le métro mais les grilles sont fermées. "Anne-Claude Godeau meurt, étouffée par la foule fuyant les Compagnies spéciales d’intervention. Toutes les victimes étaient syndiquées à la CGT et pour la plupart, membre du PCF", souligne Dominique Loiseau, contributeur du blog qui rappelle son histoire.
Hommage au cimetière de la Gaudinière
À Nantes, comme partout en France, l'émotion est considérable. L'information circule rapidement. Un hommage est rendu aux neuf victimes le 13 février au cimetière du Père Lachaise. À Nantes, 25 000 personnes accompagnent le cercueil d'Anne-Claude Godeau le lendemain au cimetière de la Gaudinière selon le journal l'Humanité.
En Loire-Atlantique, son souvenir est entretenu par la CGT. Une rue de Nantes, bordée par un bureau de Poste, porte son nom dans le quartier de l'Éraudière. Ce mardi après-midi 8 février, comme chaque année, les militants de la CGT honoreront sa mémoire, au cimetière de la Gaudinière où elle repose.