C'est un collège de centre-ville qui ouvrira en septembre 2024 à Nantes. Il n'a, pour l'instant, pas de nom. Il sera le collège de secteur pour les élèves qui allaient jusqu'à maintenant dans deux établissements du centre et un troisième plus excentré, classé en REP+. Une mixité sociale qui, selon certains, ne sera pas accompagnée des moyens nécessaires.
Cet établissement, pour le moment appelé "collège de Nantes Centre" est l'ancien lycée Vial de la rue du 14 juillet, au nord-ouest du centre-ville, qui recevra la fusion de trois collèges.
Deux collèges de centre-ville, Jules Verne dont la Région récupère l'emplacement pour agrandir le lycée du même nom et Guist'hau jugé inadapté. Le troisième étant le collège Rosa Parks, dans le quartier populaire du Breil-Dervallières, que la ville de Nantes va investir pour y installer différentes activités dont une école de musique.
Six ans de travaux
L'ancien lycée, dont les plus anciens bâtiments dataient de la fin du XIXème siècle, a été mis aux normes par le Département de Loire-Atlantique et adapté aux besoins d'un collège. Un nouveau porche d'accès a notamment été créé. Six ans de conception et de travaux ont été nécessaires pour cette importante réhabilitation.
"Nous allons assurer de la mixité scolaire pour que des enfants de milieux populaires et les enfants de milieux plus favorisés se rencontrent pour faire république, pour faire société. C'est une restructuration très lourde d'un ancien lycée, déclare Michel Ménard, le président du Conseil Départemental de Loire-Atlantique.
Rosa Parks était en réseau d'éducation prioritaire
Cette notion de mixité sociale qu'avance le Département suscite quelques interrogations chez des parents d'élèves et des enseignants du collège Rosa Parks.
Car, ce dernier était classé en REP+ (réseaux d'éducation prioritaire), c'est-à-dire qu'il était accompagné et doté pour faire face à des difficultés sociales importantes. À ce titre, il bénéficiait de moyens éducatifs supplémentaires par rapport à un établissement ordinaire.
La rectrice de l'académie de Nantes, Katia Bégin, se veut rassurante sur ce point et assure que les élèves venant du collège Rosa Parks trouveront dans ce nouvel établissement le même taux d'encadrement qu'il connaissait auparavant avec un maximum de 25 élèves par classe en sixième.
"Nous avons transféré l'intégralité des moyens de Rosa Parks sur ce collège, précise-t-elle. Nous avons décidé de maintenir la totalité de l'offre éducative des trois collèges qui sont fusionnés. Il y a une très grande richesse de choix de formations. Ça va nous demander un suivi précis et une incitation des familles et des jeunes à oser faire du latin ou à aller dans les sections internationales ou les classes à horaires aménagés pour les disciplines artistiques. Ce sera ça la réussite pour nous : que tous les enfants y aillent. Qu'on n'ait pas un clivage qui se reproduise dans ce nouveau collège."
Un mélange des publics sans les moyens nécessaires
Un discours qui ne convainc pas chez les parents d'élèves du collège Rosa Parks.
"L'avantage, c'est de mettre en perspective le mélange des publics, reconnait Sylvain Marange qui est membre d'un collectif de parents et d'enseignants concernés par cette réorganisation. On sait que c'est un levier extrêmement puissant pour améliorer l'apprentissage des élèves. C'est une très bonne idée. Mais pour réussir ce genre de projet, il faut des moyens très importants. Au collège Rosa Parks, les élèves bénéficiaient de 10 % d'enseignants en plus et d'une série d'autres personnels en plus. On ne va pas retrouver ce pourcentage dans ce collège de centre-ville".
Selon lui, si l'effort a été fait pour limiter le nombre d'élèves en sixième, ce ne sera plus le cas dans les niveaux suivants. Une difficulté qui s'ajoutera à la réforme voulue par le gouvernement dite "choc des savoirs" qui prévoit des séparations par niveau en Français et en mathématiques.
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"Les inégalités scolaires sont corrélées aux inégalités sociales, rappelle Sylvain Marange. Donc si on sépare les élèves par niveau scolaire, on les séparera aussi par niveau social. On va re séparer dans le collège d'accueil les enfants qu'on prétendait mélanger. C'est une contradiction intolérable."
D'autres estiment que se profile, du fait de cet éloignement géographique du collège public de secteur, un départ de nombreux élèves de Rosa Parks vers le privé.
Les travaux de réhabilitation de l'ancien lycée Vial devenu collège, qui accueillera plus de 700 élèves, auront coûté 21 millions d'euros.
►Voir le reportage de Eléonore Duplay, Boris Vioche et Julien Dadone Durand
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