"Être thanatopracteur, c’est accompagner les familles dans leur processus de deuil", Sévérine Delmasse nous dévoile un métier de l'ombre

Séverine Delmasse, thanatopracteur récemment diplômée, nous ouvre les portes de ce métier de l’ombre qui constitue une étape essentielle sur le chemin du deuil. Passée du monde bancaire à celui des soins de conservation des défunts, elle apporte une vision sensible et humaine de son travail : "Je ne me dis pas que mon quotidien est avec les morts, je me dis que mon quotidien, c'est faire du bien aux gens."

Thanatopracteur, un métier de l'ombre au service des familles

Le travail de thanatopracteur consiste à réaliser des soins de conservation sur les défunts, permettant ainsi aux familles de dire un dernier adieu dans des conditions dignes.

Contrairement aux idées reçues, le thanatopracteur ne traite pas directement avec les familles, mais avec les pompes funèbres. "Je travaille un peu dans l'ombre", explique Séverine.

La thanatopraxie permet d’abord d’assurer une conservation du corps suffisamment longue afin que les proches puissent se recueillir.

Le métier présente également une dimension esthétique : "On va rendre le défunt le plus apaisé et le plus ressemblant possible à ce qu’il était", précise Séverine. 

Un parcours atypique : de la banque à la thanatopraxie

La cinquantaine venue, Séverine Delmasse a décidé de quitter une carrière bien établie dans la banque pour se reconvertir dans ce métier de soins post-mortem. Elle évoque un long cheminement, ponctué d'un bilan de compétences qui a confirmé sa vocation.

"Accompagner les gens était très important pour moi. Ce métier m'est apparu comme une évidence", confie-t-elle.

Cette reconversion est emblématique d'une tendance en forte progression, alors que la thanatopraxie suscite de plus en plus de vocations.

Un métier de précision et de sensibilité

Le thanatopracteur doit maîtriser les bases de l'anatomie pour réaliser des soins de qualité. En plus des connaissances techniques, il faut une capacité de distanciation pour accomplir cette tâche délicate sans s'impliquer émotionnellement. 

 "Quand j'arrive devant un défunt… je me concentre sur le côté technique pour apporter le meilleur soin possible", explique Séverine.

Elle révèle également que certains cas sont plus marquants que d'autres, notamment ceux des enfants ou des personnes qui se sont suicidées.

Pour elle, cette forme de dissociation est un moyen de préserver son équilibre tout en offrant un service de qualité aux familles, "c'est ma manière de pouvoir assimiler les choses et d'aider les familles à commencer leur deuil."

Des demandes particulières pour un dernier hommage

Les demandes des familles peuvent être très variées : tenue vestimentaire spéciale, maquillage, coiffure.

"Il y a des personnes qui souhaitent des vêtements particuliers, par exemple des maris qui demandent que leurs femmes portent leur robe de mariée", explique Séverine.

Elle ajoute qu'il est aussi d'usage, pour les militaires, policiers ou pompiers, de les habiller avec leur uniforme de cérémonie. Cette attention au détail reflète l'importance de l'esthétique et du respect des volontés pour aider les familles dans leur processus de deuil.

La thanatopraxie : un métier qui tient de nouvelles vocations

La profession se démocratise, comme en témoigne l'augmentation des candidats aux formations,“on compte près de 400 candidats au concours pour une soixantaine de places par an”.

L'impact des réseaux sociaux y contribue également, permettant au grand public de mieux comprendre cette profession. Des figures comme "Thana Nanou" sur Instagram mettent en lumière les aspects techniques et humains de ce travail, participant à lever le voile sur ce métier de l'ombre.

La thanatopraxie, une étape vers le deuil

Le rôle du thanatopracteur est crucial dans l'accompagnement du deuil. "Quand un soin est bien réalisé, la famille peut engager son deuil… C'est hyper important", souligne Séverine Delmasse. Elle aspire à ce que les soins de conservation deviennent plus systématiques, car ils facilitent un processus essentiel pour les proches.

Pour les thanatopracteurs, aider les familles à commencer leur deuil est une mission qui va bien au-delà de la technique : c'est un acte de respect et de dignité envers le défunt et ses proches.
La thanatopraxie est un métier essentiel, mais souvent méconnu, qui exige des compétences techniques pointues et une capacité d'empathie rare.

Séverine Delmasse incarne cette vocation avec passion et humilité, en nous rappelant que le vrai sens de cette profession est d'apporter un dernier hommage au défunt et de soulager la peine des familles. Un métier de l'ombre, mais au cœur de l'humanité.

Un article de Jordi Soudé

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