Près d'une personne sur dix souffrirait de déprime saisonnière, quand viennent l'automne et l’hiver. À quoi cela est-il du ? Comment garder le moral malgré la baisse des températures et le manque de soleil ? On fait le point avec Galatée Kieffer, psychologue clinicienne à Nantes.
"Je n'ai pas vu un seul rayon de soleil depuis que je suis revenu à Nantes", s'étonne Matthieu, jeune actif revenu dans sa famille à la fin du mois d'octobre, le temps de quelques jours de congés.
Les yeux rivés sur l'application météo de son téléphone portable, il ajoute : "d'habitude le mauvais temps ne me dérange pas, mais, là, c'est particulièrement pesant. Le brouillard est très épais. Je suis fatigué tout le temps et, pourtant, je n'arrive pas à dormir…"
Il faut dire qu'à Nantes, la grisaille semble figée au-dessus des têtes. Depuis le 26 octobre dernier, seulement 1 h 17 de soleil aurait illuminé la capitale des Ducs. Un déficit d'ensoleillement pouvant être vecteur de "déprime saisonnière", selon Galatée Kieffer, psychologue clinicienne à Nantes.
Perturbation du cycle biologique
Morosité, manque d'énergie, perte d'envie… Tous ces symptômes pourraient indiquer que vous ressentez bel et bien un "blues de l'hiver". "Rien d'anormal", rassure Galatée Kieffer. D'après la psychologue, ces coups de mou seraient liés à la perturbation du rythme circadien, ce cycle biologique de 24 heures qui régule de nombreux processus physiologiques comme l’humeur.
"Une sous-exposition à la lumière entraîne une baisse de production de mélatonines. Cette hormone est essentielle pour pouvoir s'endormir le soir. Sans elle, les troubles du sommeil sont plus importants", détaille la spécialiste.
On a moins de ressources disponibles pour se divertir en automne et en hiver
Galatée KiefferPsychologue clinicienne à Nantes
Galatée Kieffer note également que le manque de soleil conduit à une surproduction de cortisol. Bien que cette hormone soit essentielle pour se lever en pleine forme le matin, un trop-plein de sécrétion favorise les sentiments de stress et d'angoisse.
"Puis, à ce phénomène hormonal s'ajoute le fait qu'on a moins de ressources disponibles pour se divertir en automne et en hiver : c'est moins agréable de se promener dehors quand il fait gris alors, on déprime plus facilement", estime la psychologue.
S'inspirer des pays nordiques
Sommes-nous ainsi contraints à la déprime dès que le soleil se montre timide ? Non, répond Galatée Kieffer. Cela commence par ne pas céder à l'isolement. : "On sort moins à l'extérieur quand il fait moche, mais l'on peut quand même voir des amis et poursuivre une vie sociale en se tournant vers des activités d'intérieur."
Mais pour remédier à la mauvaise régulation des hormones, la psychologue recommande de s'inspirer des pays nordiques. "En Suède, par exemple, les jours sont particulièrement courts. Pour pallier le manque de soleil, les habitants utilisent la luminothérapie. Ça permet de lutter contre la dépression saisonnière", assure-t-elle.
Cette méthode, qui consiste à s’exposer à une lampe de 10 000 lux, permettrait de retrouver un équilibre entre éveil et sommeil. Donc, on se sentirait plus reposé et moins stressé. "Pour que ce soit efficace, il faut faire des séances de 30 minutes à une heure, chaque jour et au réveil", détaille Galatée Kieffer. S'offrir une cure de luminothérapie a toutefois un coût. "C'est environ 100 euros pour une lampe. C'est vrai que c'est un petit budget", admet la psychologue.
Et ne nous laissons pas berner par les quelques rayons de soleil qui pointaient le bout de leur nez ce vendredi 8 novembre en fin de matinée. D'après les dernières prévisions de Météo-France, la grisaille devrait persister ce week-end, à Nantes.
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