Affaires Dupont de Ligonnès, Laëtitia, Grégory... Les faits divers continuent d'inspirer les fictions TV, portés par la fascination de plus en plus assumée du grand public, dont témoigne le succès estival phénoménal rencontré par le magazine Society.
Plusieurs réimpressions, 350 000 exemplaires jusqu'ici vendus, un objectif à 500 000 d'ici octobre, le magazine Society consacré à Xavier Dupont de Ligonnès a été le best seller de l'été.
Preuve que la presse écrite a encore de l'avenir. Mais aussi que le fait divers, genre autrefois "méprisé" et "réservé à quelques journaux du soir", a étendu "son territoire" et "gagné en légitimité", fascinant "un public de plus en plus large",
explique à l'AFP François Jost, spécialiste des médias et professeur à l'université Sorbonne-Nouvelle.
Bientôt 10 ans que l'homme suspecté d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants à Nantes en avril 2011 est en vain recherché. Et bientôt 10 ans aussi que cette histoire, malgré toute son horreur, et parce que le principal suspect reste introuvable, passionne. Comme bien d'autres faits-divers macabres.
Pour François Jost, c'est surtout l'incompréhension face aux actes terribles de gens en apparence "comme nous, cette énigme qui retient le public et érige les faits divers au rang de faits de société".
"On n'a plus honte de dire qu'on aime ça", explique la sémiologue Virginie Spies, rappelant que "la presse populaire du XIXe siècle en faisait déjà son miel".
A la télévision et sur les plateformes,les docu-séries et autres émissions dédiées au genre depuis l'emblématique "Faites entrer l'accusé", se multiplient, ainsi que les fictions adaptées d'histoires vraies, propices, avec leurs nombreuses péripéties, au feuilleton.
Et "cela fonctionne parce que ces récits nous sont familiers", leur aspect authentique "rajoutant du piment", analyse Virginie Spies.
"Laëtitia"
France 2 propose dès le 21 septembre, mais en avant-première sur le site france.tv, la mini-série événement "Laëtitia" sur le meurtre de Laëtitia Perrais, dont le corps démembré avait été retrouvé près de Pornic en 2011.Réalisée par le documentariste oscarisé Jean-Xavier de Lestrade à partir du livre-enquête primé d'Ivan Jablonka, elle retrace en six épisodes le parcours et l'enfance maltraitée de la jeune femme, dont le sort avait bouleversé la France.
De quoi illustrer la portée du fait divers comme "fait social total engageant toute la société et ses institutions, politiques, judiciaires, etc.", selon Virginie Spies, citant un concept du sociologue Marcel Mauss.
Dupont de Ligonnès, "Un homme ordinaire"
M6 a lancé mardi en prime "Un homme ordinaire", sa mini-série en quatre épisodes très librement inspirée de l'affaire Dupont de Ligonnès, dans laquelle Arnaud Ducret incarne un père qui tue toute sa famille et disparaît, une hackeuse(Emilie Dequenne) menant l'enquête en parallèle de la police.
Il y a deux ans, la "tuerie de Nantes" avait déjà inspiré un docu-fiction sur la même chaîne il y a deux ans, ainsi qu'un téléfilm porté par Kad Merad sur TF1, "La part du soupçon", en 2019, et plus récemment un épisode de la série documentaire
de Netflix, "Les enquêtes extraordinaires".
Une liste que pourrait allonger l'enquête de Society, à en croire Franck Annese, assailli de "propositions" d'adaptation.
D'autres fictions basés sur des faits-divers sont en préparation : une fiction sur Michel Fourniret ainsi qu'une mini-série sur l'affaire Grégory, qui passionne la France depuis plus de 30 ans et a fait l'objet d'une série-docu à succès sur Netflix l'année dernière.