C’est une saison historique pour la Ligue de football des Pays de la Loire, le record du nombre de licenciés a été largement dépassé. Près de 180 000 amoureux et amoureuses du ballon rond foulent les terrains ligériens cette saison. Mais si le nombre de licenciés augmente, c’est aussi le cas des incivilités autour des terrains, un nouveau défi pour la Ligue.
Le précédent record était de 172 222, il datait de mai 2019. Lors de l’assemblée générale de la Ligue de football des Pays de la Loire le 4 novembre dernier, c’est avec une grande satisfaction que son président Didier Esor a annoncé la nouvelle.
D’après les derniers chiffres de la Ligue, 178 837 licences étaient validées au 16 janvier. Un chiffre qui va continuer d’augmenter, la campagne d’inscription se terminant à la fin du mois d’avril 2024.
“Vous savez, chaque début de saison, on se dit que si on conserve le nombre de licenciés de la saison d’avant, c’est une bonne chose”. Comme révélée par le dernier bilan démographique de l’INSEE, la natalité est en baisse. “À un moment donné, c’est un phénomène qui aura forcément des conséquences sur le nombre de licenciés” souligne Didier Esor.
Des clubs attractifs et structurés
Un des facteurs qui permet d’accroître saison après saison le nombre de licenciés, c’est la structure interne des clubs. “Nos clubs travaillent très bien, ils sont très structurés et c’est quelque chose qui sécurise énormément les parents pour l’accueil de leurs enfants”.
Un encadrement propice, qui résulte d’une politique de la Ligue mise en place il y a plus de dix ans : “On avait décidé de mettre en place un éducateur formé par équipe. On tend à y arriver”.
Aujourd’hui, la quasi-totalité des clubs dispose des éducateurs nécessaires à l’encadrement des jeunes footballeurs. “Il y a les entraînements, des matchs encadrés le week-end, les enfants prennent du plaisir” explique Didier Esor.
Une recette qui a tellement de succès, que certains clubs de l’agglomération nantaise ne sont plus en capacité d’accepter de nouveaux joueurs, les effectifs étant déjà complètements saturés.
L’explosion du football féminin
C’est la catégorie qui a le plus augmenté cette saison. La barre symbolique des 20 000 féminines a été franchie, joueuses et dirigeantes comprises. Si dans les catégories les plus jeunes les chiffrent stagnent, à l’adolescence ceux-ci explosent.
“On a une très grande croissance sur les 12, 14, 16 ans avec des augmentations qui dépassent les 25 %, ce qui est énorme !” se réjouit Didier Esor. “L'important maintenant, c’est de conserver ces chiffres et de continuer de développer le football féminin”.
Cette augmentation des inscriptions féminines fait suite à la Coupe du monde de football féminin en Australie l’été dernier, mais pour Didier Esor ce n’est pas la seule raison : “Aujourd’hui, les filles n’ont plus peur, n’ont plus honte de venir jouer au foot. De plus en plus de clubs les accueillent et proposent des équipes”.
Depuis quelques années, les compétitions départementales et régionales féminines ne cessent de s’agrandir, grâce à des joueuses de plus en plus nombreuses.
Autour des terrains, un climat plus tendu que jamais
Lorsqu'on lui fait la remarque sur une augmentation des violences, incivilités, tensions sur les terrains de football amateurs, Didier Esor corrige : "Sur les terrains, il n'y a aucun problème, c'est autour des terrains qu'il y a de la tension".
Et comme souvent, le climat tendu des rencontres provient des spectateurs, des supporters, parents de joueurs, qui pour certains, n'ont plus aucune limite.
Aujourd'hui, la problématique, ce sont les parents.
Didier EsorPrésident de la Ligue de football des Pays de la Loire
C'est un phénomène pas forcément nouveau, mais qui a pris de l'ampleur cette saison, des parents qui voient leur enfant comme une future star du ballon rond, ce qu'on appelle le "projet Mbappé".
"Ce sont des parents qui n'y connaissent rien, qui voient autour d'eux des pseudos-manager, et mettent une terrible pression sur leurs enfants". Un phénomène, plutôt de région parisienne au début, mais la situation s'est vite généralisée : "Maintenant tous les types de clubs sont concernés, les villes, les petits clubs, semi-pro et totalement amateurs".
😯 Message reçu par un éducateur. En U15 R1 cette fois-ci. pic.twitter.com/bLtvKaiIwT
— EspoirsduFootball (@EspoirsduFoot) December 4, 2023
Il n'y a pas qu'au niveau amateur que le niveau de tension s'est aggravé. Depuis le début de la saison de Ligue 1, nombreux sont les épisodes de dérives de supporters commettants parfois l'irréparable. Le 2 décembre dernier, c'est un supporter nantais qui avait trouvé la mort en marge de la rencontre de championnat de France entre Nantes et Nice.
Aujourd'hui, il y a une énorme banalisation des mots, des insultes, des violences
Didier EsorPrésident de la Ligue de football des Pays de la Loire
Des insultes ciblées envers les joueurs adverses, les arbitres, qui deviennent alors des défouloirs. "Il n'y a pas très longtemps, à la mi-temps, un arbitre assistant a dit stop. Il ne voulait pas rester là, un dimanche, à se faire insulter, et ça ne me choque pas, on n'est pas là pour se faire traiter de tous les noms".
Si les joueurs sont de plus en plus nombreux, cette saison, les arbitres le sont aussi. Mais la tension va devoir redescendre d'un cran autour des terrains ligériens, sous peine de voir leurs nombres diminuer de saison en saison.
Un problème sans solution ?
Face à cette nouvelle problématique, la Ligue est encore en pleine réflexion sur les moyens d'endiguer cette tendance. En région parisienne, certains clubs ont été obligés de prendre des décisions pour sanctionner les parents. "On dit aux parents de ne plus venir, et lorsque ça ne suffit pas, on leur dit qu'on ne peut pas garder leur enfant dans le club". Une solution que certains clubs pourraient adopter dans la région, le cas échéant.
Du côté de la Ligue, on se retrouve confronté à des problèmes logistiques. "On a réfléchi au huis clos, mais aujourd'hui, il y a des stades ouverts de tous les côtés, avec un nombre d'entrées incalculable, ce ne serait pas gérable".
Pour le moment, la Ligue de football essaie de mettre des choses en places avec quelques clubs du territoire : "On travaille avec des clubs pilotes sur l'ambiance autour des terrains. On repère toutes les bonnes choses pour les communiquer aux autres clubs ensuite".
En attendant de trouver, peut-être, un jour, une solution, Didier Esor espère croire au bon sens du public : "Ce qu'il faut surtout, c'est une prise de conscience générale, il faut se battre pour qu'elle ait lieu".
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