Dans la nuit du 22 au 23 avril 2019, un commando avait surgi dans un bar à chicha rue Joffre à Nantes et ouvert le feu avec des armes lourdes. Un jeune serveur de 24 ans avait été mortellement touché. Ce lundi 7 octobre devait marquer l'ouverture du procès de la fusillade du Moonlight.
Cette nuit-là, la violence des faits, la vitesse d'exécution, a surpris tout le monde. L'endroit où ils se sont déroulés aussi : dans un quartier du centre-ville de Nantes et non dans sa périphérie.
"On voit un mec qui sort avec un gros fusil. Et puis, après, une trentaine de personnes qui sortent de cet endroit-là. Une voiture qui part à toute berzingue qui a emporté un corps très fatigué ou alors très malade ou touché.", rapporte un témoin.
À l'intérieur du bar à chicha le Moonlight, rue Joffre, une fusillade a éclaté à 1 h 40 du matin. Elle a fait une victime, un jeune serveur de 24 ans qui meurt à l'hôpital.
Selon le procureur de l'époque, Pierre Sennes, difficile de savoir "si c'est elle qui était visée ou si elle a pris un tir qui malheureusement était mortel".
Qui sont les tireurs ?
Dans les jours qui précèdent, des tirs ont fait plusieurs blessés dans les quartiers nantais. Sont-ils à rapprocher de la fusillade du Moonlight ?
Les événements se seraient produits sur fond de règlement de compte entre deux bandes rivales autour d'un trafic de stupéfiants.
Les seuls éléments de l'enquête rendus publics font état de 16 personnes interpellées, sept mois après les faits. Sept d'entre elles seront mises en examen pour "tentative de meurtre en bande organisée".
Leurs avocats dénoncent le manque de preuves et l'absence de traces ADN, ainsi que des erreurs dans la transcription des écoutes, mais aussi un retard de 53 minutes dans l'horodatage de la vidéosurveillance du Moonlight, qui rendrait incohérente la présence des prévenus lors de la fusillade.
Deux ans plus tard, en 2021, les charges criminelles sont finalement abandonnées. Le chef d'inculpation change alors. Le crime devient donc un délit.
Malgré le meurtre du jeune serveur, il n'y aura pas de procès aux assises, car il est toujours impossible de déterminer exactement qui étaient les tireurs.
En revanche, l'une des armes ayant servi durant la fusillade du Moonlight a été retrouvée fin 2023. Son analyse balistique n'est connue que depuis aout 2024.
Pour l'avocat d'un des prévenus, c'est un élément de plus qui blanchit son client.
"C'est un élément à décharge fondamental, parce que d'une part ça démontre que cette arme finalement a été retrouvée chez quelqu'un qui n'est aucunement en lien direct ou indirect avec l'ensemble des prévenus. Elle a été retrouvée, d'autre part, dans un quartier de Nantes, le Clos Toreau qui n'a rien à voir avec les quartiers (Bellevue et Malakoff), dont sont originaires, les prévenus dans le cadre de ce dossier" a commenté Maitre Sami Khankan, avocat de Mohammed Abassou.
Ce lundi, cinq personnes devaient comparaître pour simple association de malfaiteurs, un autre pour des charges mineures.
Deux des prévenus, déjà condamnés dans des affaires de stupéfiants, actuellement en détention provisoire, se sont pourvus en cassation, or la Cour de cassation ne se prononcera que mercredi 9 octobre.
Pour ces raisons d'ordre procédurales, après cinq ans d'enquête, le procès a été renvoyé. Il devrait se dérouler du 24 mars au 19 avril 2025.
À l'issue d'une délibération ce lundi midi, une prévenue a vu son contrôle judiciaire levé. Un autre sortira de détention provisoire et sera placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de paraître en Loire-Atlantique.
Il ne reste donc plus qu'une seule personne en détention, dans le cadre d'autres affaires pour lesquelles il a été condamné.
Un autre des prévenus est en fuite depuis deux ans.
Les parents de la victime, ne pouvant pas se constituer partie civile, ne verront jamais le meurtre de leur fils jugé.
Article écrit avec Elénonore Duplay
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