Comment aider les personnes porteuses de handicap psychique à s’insérer dans un milieu professionnel ? C’est la mission des ITEP, instituts thérapeutiques éducatifs et pédagogiques
Pierre commence sa journée sur un chantier, un environnement qui le rassure. Enfant, il a été placé dans un foyer puis dans des familles d'accueil. Son adolescence fut chaotique.
À 19 ans, il décide de prendre sa vie en main, et commence un stage dans une entreprise du secteur du bâtiment Buciol, dans laquelle il travaille encore un an plus tard, en parallèle de la préparation de son CAP. "J'aime ce métier, car je peux me dépenser et découvrir (...). Quand je me lève le matin, je me dis que je vais encore apprendre quelque chose. ", confie-t-il le sourire aux lèvres.
Le dirigeant de l'entreprise, Pascal Enard n'a pas hésité une seule seconde avant de prendre Pierre en stage. Il connaît son parcours et sait qu'il y a quelques mois, Pierre ne savait ni lire, ni écrire : "La difficulté, on peut la surmonter. Chez nous, il y a de la place pour tout le monde. Il peut travailler à son niveau, il ne sera peut-être jamais chef d'équipe, mais peut évoluer, il va trouver sa place. C'est lui qui va faire sa carrière. le but final, c'est de l'embaucher".
Qu'est-ce qu'un ITEP ?
Pierre a eu le déclic dans un établissement spécialisé dans l'insertion professionnelle des personnes handicapées : un ITEP, institut thérapeutique, éducatif et pédagogique, qui a pour mission ont pour mission d’accueillir des personnes qui présentent des difficultés psychologiques perturbant gravement leur socialisation et leur accès à la scolarité et à l’apprentissage.
Il y a découvert la mécanique il y a 4 ans, puis la maçonnerie. Il a surtout appris à surmonter sa dyslexie et à la reconnaître comme un handicap.
"Au début, c'était compliqué d'en parler parce que les gens na comprenaient pas forcément que la dyslexie était un handicap. Ici, j'ai appris à progresser (...)"
Pierre
Jeannick Casse, éducatrice dans l'établissement, mat l'accent sur le suivi personnalisé de ces jeunes. "Ce n'est pas simple de leur faire accepter tout ça. Certains ont mal vécu leur scolarité (...). Quand on les prend chez nous, on essaye de leur redonner confiance", affirme-t-elle.
Jean-Baptiste Selle, directeur de l’ITEP de la Papotière, ajoute : "Les jeunes ont des difficultés de tout ordre : ils sont pleinement intelligents et ont majoritairement des difficultés à gérer leurs émotions".
Depuis un an et demi, un service de prévention de rupture des parcours scolaire a ouvert au sein de l'établissement : "L’idée, c’est d’intervenir très tôt dans les écoles. Dès qu’il y a un petit doute ou un petit souci, on propose aux familles, aux enfants et aux enseignants un diagnostic, on les accompagne pendant 3 à 6 mois, soit pour repartir dans de bonnes conditions, soit pour continuer au long cours à les épauler".
Aujourd'hui, Pierre est fier du chemin parcouru : "C'était compliqué, mais maintenant, c'est bon, je m'en sors plutôt bien", sourit le jeune homme, qui commencera un apprentissage l'année prochaine.