L'opération avait été baptisée Transhu' Nantes. 11 moutons et brebis de la ferme de la Chantrerie sont passés de parc en parc pendant quatre mois. Fin de cette transhumance. Une première qui pourrait être renouvelée l'an prochain.
Sur la prairie du parc de Grand Blottereau à Nantes, l'enclos a attiré la curiosité de bien des promeneurs.
D'ordinaire, on vient ici pour faire son footing, pour pique-niquer, lancer un boomerang ou simplement méditer tant le lieu s'y prête.
Mais, pendant quelques jours, la prairie a été aussi foulée par les sabots de moutons de Belle-Ile. Cinq mâles et six femelles parqués dans un grand espace délimité par deux clôtures.
C'était leur dernière étape avant le retour à la ferme de la Chantrerie, dans le parc du même nom. La ferme pédagogique, qui appartient à la ville, a pour but de "sensibiliser les enfants au bien-être animal et aux enjeux du réchauffement climatique" peut-on lire sur la présentation qui est faite sur le site de la Métropole.
Transhu'Nantes, une première dans la ville
Pour la première fois cette année, quelques résidents de la ferme ont pu s'échapper et goûter à d'autres prairies. Opération baptisée Transhu'Nantes.
De mi-mars à mi-juillet, une dizaine d'ovins ont transhumé de parc en parc, 9 en tout, répartis sur la ville de Nantes.
Des moutons et des brebis sélectionnées par Déborah Biret, intervenante en médiation animale, qui a repéré dans les brebis gestantes celles qui avaient le caractère le plus adapté, dociles, aventureuses, en espérant qu'elles transmettraient ces qualités à leur descendance. C'est cette descendance qui a participé à Transhu'Nantes.
La ville de Nantes pratiquait déjà l'écopâturage et la rencontre de Déborah Biret et de Romaric Perrocheau, le patron du service des espaces Verts de Nantes a permis de mettre au point cette première transhumance dans la ville avec la participation de Jonathan Mainguy, coordinateur des animaux de la ville et Bruno Berthelot, régisseur technique.
Il a fallu dans un premier temps "désensibiliser" le troupeau. Une tâche qui a nécessité un an et demi de travail pour Déborah.
La jeune femme a rendu visite très régulièrement aux bêtes, les a habituées à la présence humaine, à celle de voitures, de chiens en laisse, leur a fait entendre différents bruits. Car la transhumance nécessitait de passer par certaines rues pour aller d'un pâturage à l'autre.
"C'est un animal très observateur, explique Déborah Biret. Il va accepter pas mal de situations une fois qu'elles se sont bien passées."
Cette préparation est racontée dans une bande dessinée consultable sur le site Calameo.
"On est passé par des endroits incroyables"
Ce 12 juillet, Transhu'Nantes a donc pris fin et le petit troupeau est parti passer l'été vers un autre pâturage de la ville. Plus loin du public.
"Le bilan est extrêmement positif, s'enthousiasme Déborah. Tout s'est bien passé. On est passé par des endroits incroyables, le miroir d'eau, devant le Palais de Justice, le long de la Chézine. Les agents de la ville ont reçu les animaux dans chaque parc et se sont attachés au troupeau."
Même accueil positif de la part du public, notamment lors des animations qu'assurait Déborah sur chaque pâturage.
"Il y a eu plus d'affluence sur certains parcs grâce à ce projet" a pu constater la médiatrice spécialisée en agriculture urbaine.
"Ils sont gras comme des loches !"
Quant aux animaux, ils ont visiblement apprécié l'expérience.
"Ils sont en super bonne santé, se réjouit Déborah, gras comme des loches ! Très calmes. Ils ont parcouru 9 étapes de 6 kilomètres. Ça leur a fait beaucoup de bien. On a tendance à oublier dans les élevages que le déplacement des animaux est primordiale."
D'un pâturage à l'autre, les moutons ont bénéficié de prairies diverses, herbes courtes ou hautes. Jamais pâturées. Des zones qui ont été, en retour, enrichies par les déjections des animaux.
Ce sera maintenant à la ville de décider de la suite de cette première. Un bilan doit être fait à la rentrée de septembre.