Takeshi Honda, était au Festival Art to Play à Nantes les 18 et 19 novembre dernier. Le directeur de l'animation du Garçon et du Héron et bras droit de Hayao Miyazaki nous a expliqué sa conception du film et sa collaboration avec le célèbre réalisateur.
Est-ce que vous pouvez présenter le Garçon et le Héron ?
Ce n'est pas un film qui est facile à résumer. C'est l'histoire de Mahito, un petit garçon, dont la mère décède. Il va devoir vivre avec une nouvelle belle-mère, mais il va commencer à fermer son cœur, à ne plus s'ouvrir aux autres. Un jour, il fait la rencontre d'un héron, à partir de ce moment, il va lui arriver plein d'histoires extraordinaires.
Le film a fait un meilleur démarrage que le film Barbie, vous vous attendiez à ce succès ?
On s'attendait à un minimum de succès. Mais dans mon cas personnel, comme je suis le directeur de l'animation, s’il n'y avait pas eu au moins le succès attendu, c'est moi qui aurait payé pour ça. Je dois avouer que j'avais quelques sueurs froides avant la sortie du film.
En tant que directeur de l'animation, quel est votre rôle dans la construction du film ?
Mon rôle est de superviser plusieurs animateurs. Ces animateurs doivent réaliser ce qu'on appelle des Genga, des animations clé. Entre ces Genga, on réalise d'autres animations, mais on commence par les animations clé. Mon rôle est de récupérer ces animations clé, dessinées par tous les animateurs, de les vérifier, puis de les montrer à Hayao Miyazaki, qui va aussi venir les valider ou non. S’il y a un problème et que quelque chose est mal fait, c'est à moi de rectifier.
Vous travaillez directement avec Hayao Miyasaki, comment ça se passe ?
On travaille ensemble toute la journée, sans interruption. Hayao Miyazaki adore parler, il parle tout le temps. Il parle de tout et de n'importe quoi, des informations, du quotidien, de tout. Moi, comme je suis concentré sur mon travail, je me contente de dire lui répondre : "oui, oui, oui". On est tout le temps ensemble au studio, mais finalement on ne parle pas tellement du travail.
Vous avez des projets futurs prévus avec Hayao Miyazaki ?
On a de bonnes relations, si on m'appelle demain pour un nouveau projet, je serai au garde-à-vous. Je serai là pour travailler et pour aider. Mais pour l'instant, je n'ai pas entendu parler de quoi que ce soit.
Par rapport à d'autres projets, la préparation de ce film a été compliquée ?
Après, Le vent se lève (2013), ce n'était pas prévu de réaliser un nouveau film tout de suite. On avait dit aux personnes en free-lance qui travaillent pour nous qu'elles pouvaient se lancer dans d'autres projets. Quand je suis arrivé au Studio pour commencer à travailler sur le film, j'étais seul. Il a fallu commencer à retrouver des gens motivés et surtout doués. Une fois qu'on a eu le staff, le film en lui-même a pris plus de temps que les autres films sur lesquels j'ai pu travailler au sein du Studio Ghibli.
La première fois que vous avez vu le film, ça vous a fait quoi ?
Lors de la préparation, on n’a pas d'idée globale du film. Déjà, on ne travaille pas forcément les scènes dans l'ordre. Quand on découvre le film à la fin, on comprend plein de choses. Hayao Miyazaki ne donne pas de détail, il laisse les gens dans le flou exprès. C'est en découvrant le film qu'on réalise ce qu'il voulait dire. C'est impressionnant parce qu'on se rend compte de son génie, il a une idée bien précise en tête, et elle apparaît à la fin sur l'écran. On découvre vraiment différemment le film quand on le voit fini plutôt que quand on le fait.
Le film en lui-même vous a plu ?
J'étais très heureux de pouvoir travailler sur ce film. Mais quand je l'ai vu, j'ai été vraiment satisfait de mon travail et j'ai tout simplement adoré !
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