Fabriqués à Nantes par l’agence Faltazi, ces urinoirs écologiques à l'apparence d'un pot de fleur ont été installés dans les rues nantaises depuis mai 2017. Mais leur apparition dans certains quartiers de Paris, cet été, fait polémique sur les réseaux sociaux.
Depuis fin juillet, la prestigieuse île Saint-Louis, à Paris, est pourvue d'une installation inhabituelle : un "uritrottoir". Contraction entre "urinoir" et "trottoir", ce bac à fleur couplé d'une pissotière permet aux hommes de se soulager de manière écologique, en alimentant un compost qui fait pousser des fleurs, plutôt que dans la rue. Une invention de deux créateurs nantais, Laurent Lebot et Victor Massip, de l'agence Faltazi, qui fait polémique depuis son apparition sur les réseaux sociaux, début août.
À l'origine, plusieurs tweets moqueurs, dont celui de l'ancienne présidente du Medef, Laurence Parisot, à qui l'apparence de cette création nantaise n'a pas l'air de plaire.L'urinoir écolo arrive à Paris
— Paris (@Paris) 4 août 2018
Réelle pissotière intelligente, elle permet de faire du compost et de faire pousser des fleurs
https://t.co/me6Hydmmos pic.twitter.com/JCa6bTHiDx
Mais qu’est-ce que cette très ‘élégante’ nouvelle connerie parisienne ? pic.twitter.com/CgE9UHxjYn
— Laurence Parisot (@LaurenceParisot) 5 août 2018
Manque de pudeur, sexisme, dépense inutile (l'urinoir coûte 4000 euros)... les critiques fusent sur Twitter via le hashtag #uritrottoir. L'idée est pourtant intéressante : les odeurs d’urine sont neutralisées grâce à la paille placée à l’intérieur de ces boîtes métalliques de couleur rouge. "Connectées", elles permettent au gestionnaire de surveiller le niveau de remplissage en temps réel. L'objectif : lutter contre les pipis sauvage proprement et sans gâchis d'eau.
Ce sont des toilettes-sèches. Et comme toutes toilettes-sèches, elles ne sont pas connectées au réseau d'assainissement. Les uritrottoirs sont effectivement connectés pour permettre au gestionnaire de visualiser les niveaux de remplissage et d'optimiser ses tournées de collecte.
— Laurent Lebot (@laurentlebot) 9 août 2018
Huit de ces mobiliers urbains ont déjà été installés à Nantes, notamment dans des "ruelles à pipis", comme la rue du Moulin, à Decré, la rue de la Blèterie, ou encore la rue Duvoisin, qui longe la basilique Saint-Nicolas.
À Paris, cinq uritrottoirs ont été installés aux abords de la gare de Lyon, sur le boulevard de Clichy, le square Tino-Rossi, ainsi que plus récemment, sur l'Île Saint-Louis. En tout, douze de ces mobiliers urbains sont en phase de test dans les rues de la capitale.
Des pissotières pas toujours bien accueillies des riverains ou des touristes de l'Île Saint-Louis, dont le témoignage a été recueilli par l'AFP. Alertée par des amies du quartier, Françoise se dit "scandalisée" par un objet "vraiment pas très esthétique". "Je trouve ça très bien, mais l'emplacement n'est pas le bon du tout", regrette Grégory, photographe de 43 ans qui habite le quartier depuis 3 ans.
La mairie de Paris et celle du IVe arrondissement rappellent que ces urinoirs sont installés à titre expérimental, et pour répondre à une "demande des riverains"."On est tout à fait prêts à discuter du lieu", assure Evelyne Zarka, première adjointe au maire du 4ème arrondissement. Le concepteur nantais acquiesce : "le concept n'est pas qu'il trône au milieu du trottoir".
► Reportage de France 3 Ile de France