Entre ignorance, soutiens et réelles implications, les jeunes Nantais réagissent sur la journée internationale des droits des femmes. Certains se mobilisent, d'autres se sentent moins concernés, mais tous reconnaissent l'importance de sensibiliser pour plus d'égalité.
Devant la bibliothèque universitaire de Santé, beaucoup de jeunes étudiants ne savent pas à quoi correspond la journée du 8 mars. Certains sont justes totalement absorbés dans leur révision, d'autres ne savent juste pas exactement de quoi il s'agit.
"Honnêtement, vous venez de me l'apprendre" reconnaît Maxene Tanguy, un jeune étudiant en première année de médecine, "Je savais qu'il y avait une journée, mais je ne savais pas que c'était vendredi" avoue Chaïma Zarioh, étudiante en architecture d'intérieur.
Une journée pas si dépassée
Même si plusieurs étudiants interrogés devant le bâtiment ne savent pas à quoi correspond la date du 8 mars, tous sont d'accord pour dire qu'elle est toujours nécessaire. Maxene ne savait pas à quoi correspond la date, mais il comprend l'importance de la mobilisation, " c'est un combat qui a toujours lieu. Il y a des inégalités qui persistent ".
Voir cette publication sur Instagram
C'est important d'avoir cette journée pour rappeler aux gens qu'il y a encore plein d'inégalités et qu'il faut continuer de se battre
Chloé MonnierEtudiante en médecine
Chaïma a 20 ans, " je suis contente de voir qu'il y a autant de jeunes hommes que de jeunes femmes qui sont là en train d'étudier pour avoir un bon métier" remarque-t-elle. Pour la jeune femme, l'important est moins dans la symbolique d'une journée que dans le fait de faire des efforts au quotidien.
C'est comme la fête des Mères, il n'y a pas un jour pour remercier sa mère d'être là. Il faut que tous les jours, on la rende heureuse
Chaïma ZariohEtudiante en architecture d'intérieure
Pour Lucas Feuvrie aussi, cette journée n'est pas dépassée. "C'est un sujet qu'on a tendance à oublier assez facilement. Ça permet de se dire : ok, maintenant, on en parle, c'est important" estime le jeune homme de 23 ans.
" On a toujours besoin de cette journée, parce que l'égalité homme-femme n'est pas effective. Les féminicides sont beaucoup trop élevés. Il y a encore trop d'inégalité" souligne-t-il.
"L'objectif, c'est qu'à long terme, on n'ai plus besoin de ces journées-là"
Inès Herault fait partie de l'association des étudiants et étudiantes en STAPS de Nantes (AE STAPS Nantes). Elle est secrétaire générale en charge de la lutte contre les discriminations avec une de ses camarades, Anna Doyen. Pour elle, le 8 mars, c'est aussi l'occasion de sensibiliser des personnes éloignées de la cause féministe.
"Avant, les hommes et le genre masculin, ne s'intéressaient pas vraiment à cette journée. Aujourd'hui, parce qu'on en parle et qu'on effectue des actions sur cette journée, ça leur fait connaître cette lutte" estime Inès Herault.
C'est bien qu'il y ait des journées internationales pour faire connaitre les choses, mais c'est palliatif
Inès HeraultSecrétaire générale en charge de la lutte contre les discriminations à l'AE STAPS Nantes
"L'objectif, c'est qu'à long terme, on est plus besoin de ces journées-là et que la lutte, elle se fasse tous les jours, que ce soit connu de tout le monde et que les droits soient acquis" soutien l'étudiante.
Une initiative en dessin
Au sein de l'association, Inès Herault et ses camarades ont prévu pour la journée internationale des droits de la femme, une initiative plutôt originale. Pour sensibiliser, notamment sur les discriminations liées au champ du sport et de l'animation, l'association publie une petite bande dessinée.
On utilise le dessin pour faire passer un message et sensibiliser aux discriminations
Inès HeraultSecrétaire générale en charge de la lutte contre les discriminations à l'AE STAPS Nantes
Les étudiants au sein de l'association ont ciblé plusieurs journées internationales sur l'année, dont le 8 mars, date importante pour eux.
"Avec une dessinatrice, on a réfléchi à un petit scénario de BD. C'est de la sensibilisation pour faire connaître cette journée, donc on a voulu qu'il y ait des chiffres, des définitions, sous une forme assez ludique" détaille la secrétaire générale de l'association.
Voir cette publication sur Instagram
L'objectif des étudiantes de l'AE STAPS Nantes est, à terme, de regrouper dans un livre toutes les planches du projet, et de le rendre disponible dans les bibliothèques universitaires et librairies.
À l'agenda : la journée de lutte contre les violences faites aux femmes (25 novembre), la journée de lutte contre la discrimination raciale (21 mars), la journée de sensibilisation à l'autisme (2 avril) et enfin, la journée de lutte contre les LGBT+phobies (17 mai).
Une journée qui touche tout le monde
"J'ai été victime de discrimination jeune, c'était important pour moi de m'impliquer pour défendre les autres, comme j'aurais aimé être défendu, mais aussi parce que c'est nécessaire de se battre pour nos droits" raconte Inès Herault.
Énormément d'autres personnes, en tant que femme, subissent tous les jours des inégalités
Inès HeraultSecrétaire générale en charge de la lutte contre les discriminations à l'AE STAPS Nantes
Comme beaucoup d'autres jeunes femmes, elle explique avoir vécu des inégalités. Mais ce qui l'a poussé dans la lutte contre les discriminations, c'est qu'elle a rapidement compris qu'elle n'était pas seule. "J'ai envie de m'engager pour moi, mais aussi pour les autres " estime l'étudiante.
Selon le ministère chargé de l'égalité entre les hommes et les femmes et de la lutte contre les discriminations, les hommes gagnent encore en moyenne 14,1 % de plus que les femmes.
En France, durant l'année 2022, 118 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint. Dans le monde, 190 millions de femmes n'ont pas accès à la contraception alors qu'elles le souhaitent.
Une journée aussi, pour les droits des minorités
Alix et Basile font partie du collectif nantais F.U.R.I. "à la base, c'est la journée internationale des droits des femmes, mais pour nous, plus largement, c’est la journée internationale du droit de toutes les minorités de genre" explique Alix, 23 ans.
Cette journée, c'est vraiment un symbole fort qu'on essaye de porter pour visibiliser tous les droits de toutes les minorités de genre
AlixMilitante dans le colllectif F.U.R.I
Si la lutte pour les droits des minorités est si importante, c'est qu'elle vient soutenir les droits de chacun. "Il faut revendiquer les mêmes droits sur les corps pour tout le monde, parce que le recul des droits pour une partie de la population, c'est toujours le début d'un glissement" rappelle Basile.
Dans la jeunesse, il y a la crainte que la moindre marche arrière, peut avoir un effet papillon et faire reculer les droits de tout le monde
Basile RogerCo-président de Nosig Centre LGBTQIA+ de Nantes et militant au sein du collectif F.U.R.I
Pour le 8 mars, le collectif F.U.R.I a prévu plusieurs actions. Au programme, discours et marche, mais aussi une petite nouveauté, une zone d'occupation féministe (ZOF). La ZOF est prévue de 13 h 30 à 16 h 30 au niveau des nefs sur l'île de Nantes. C'est une manière de militer et de se retrouver dans une ambiance positive en dehors des classiques manifestations.
Car, depuis la pandémie de COVID-19, les jeunes des milieux militants ont signalé un véritable besoin de recréer du lien et de se retrouver dans des ambiances positives et festives, pour militer ensemble joyeusement.
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv