Des averses qui succèdent aux averses. La miellée de printemps est décevante pour les apiculteurs des Pays de la Loire. Une situation qui ajoute aux difficultés d'une profession malmenée par les importations étrangères et la décision du gouvernement de faire "une pause" sur le plan Ecophyto.
"J'ai 40 ans de métier et je n'ai jamais vu un printemps aussi pluvieux."
Loïc Leray est apiculteur en Loire-Atlantique. Il a fait le bilan de la miellée de printemps il y a une dizaine de jours. Trois fois moins de production que l'an dernier. En cause : une météo exécrable. Trop de pluie. Et quand il pleut, les abeilles ne volent pas, restent dans la ruche et il faut les nourrir.
Avec la floraison de l'aubépine, des saules, des pissenlits et du colza, il aurait dû s'attendre à mieux pour ses 500 ruches implantées du côté de Puceul, au nord de Nantes. Mais les pluies abondantes de ce printemps 2024 ont tout chamboulé.
"Au printemps, c'est le moment fort pour les abeilles, la nature se réveille, explique l'apiculteur. Mais nos abeilles ne peuvent pas sortir chercher la nourriture nécessaire".
"Il y a des ruches qui sont mortes de faim"
La miellée de printemps est fichue et l'apiculteur espère se rattraper avec celle d'été, à la mi-juillet. L'humidité aura au moins l'avantage de faciliter la montée de sève et la floraison. Mais encore faudrait-il de la chaleur. Tout n'est pas perdu.
En contact avec ses collègues de toute la France, Loïc Leray constate que le phénomène est national. Le nord est la région la plus touchée.
Il faut néanmoins réagir et sauver les essaims en leur apportant ce qui leur fait défaut. "Il y a des ruches qui sont mortes de faim en Loire-Atlantique, rapporte l'apiculteur. On a plusieurs solutions, on peut leur donner du miel, un candi (mélange de sucre et de miel), des sirops protéinés."
Des mauvais signaux qui s'accumulent
L'inquiétude est grande dans la profession, déjà très concurrencée par les importations et la décision du gouvernement, suite au mouvement agricole de ce début d'année, de faire une "pause" dans le plan Ecophyto destiné à réduire l'usage des pesticides en France. Une bien mauvaise nouvelle pour tous les apiculteurs qui se battent contre l'usage des pesticides destructeurs d'abeilles. Sans compter les ravages effectués par le frelon asiatique.
Lire aussi : Que contient le nouveau plan Ecophyto 2030 présenté par le gouvernement ?
"L'horizon est bouché, déplore Loïc Leray. (Les abeilles) c'est pas l'urgence du moment. C'est la journée mondiale des abeilles, mais on ne voit pas de signaux qui vont dans ce sens."
Sensibiliser les jeunes agriculteurs
Lui qui préside le Centre d'Etude Technique Apicole de Loire-Atlantique (CETA) veut garder espoir. Le CETA est situé juste à côté du lycée agricole Jules Rieffel de Saint-Herblain et contribue à informer les futurs exploitants sur les dangers des pesticides.
"Les jeunes sont sensibles à la question, constate Loïc Leray, c'est encourageant."
Reste à espérer une amélioration de la météo pour cette fin de printemps et l'été à venir.
"Il suffit qu'il fasse beau trois jours de suite et elles (les abeilles) renversent la tendance."
Ce 20 mai est la journée mondiale des abeilles qui, avec d'autres pollinisateurs, sont menacées.
Des pollinisateurs "dépendent la reproduction de près de 90 % des plantes sauvages à fleurs du monde, ainsi que 75 % des cultures vivrières et 35 % des terres agricoles à l’échelle de la planète" rappellent les Nations unies.
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