Marre de faire des cadeaux symboliques d'une société de consommation tant décriée ? L'Autre Marché à Nantes, fournit à la fois idées et plaisir de soutenir des artisans locaux et engagés pour une économie durable.
Installé à la pointe est de l'île Feydeau, l'Autre marché n'a peut-être pas le clinquant du Marché de Noël plus tradi des places du Commerce et Royale. Mais il s'inscrit dans une autre démarche.
Le Marché de Noël, avec ses 180 chalets, baigné d'effluves de vins chaud et de tartiflette, vous proposera de jolis jeux, fabriqués en Pologne, de douces et chaudes écharpes confectionnées au Népal. "Certaines pierres viennent de l'espace" n'hésite pas à nous certifier la vendeuse croisée sur un stand de pierres plus colorées les unes que les autres. Ici, on n'est visiblement pas dans la démarche du circuit court.
Une trentaine de chalets
Pour cela, il vaut mieux se diriger vers le square Elisa Mercoeur, face à la place du Bouffay. Le lieu est un peu moins central, moins visible, mais il vaut le détour si vous cherchez un cadeau plus original que la boule à neige.
C'est la 15ème année que l'Autre Marché s'installe à Nantes et c'est le plus important du genre en France si l'on en croit Pauline Legrand, chargée de communication des Ecossolies, l'association qui porte cet événement.
La trentaine de chalets a ouvert ce vendredi 1er décembre pour trois semaines de présence (fermeture le 23 décembre). Un marché de Noël 100% local, nous assure-t-on, animé par 70 exposants dont 95 % sont de Loire-Atlantique, le reste venant de départements limitrophes.
"On fait un appel à candidature, nous explique Pauline Legrand. On voit si le produit proposé est en adéquation avec les valeurs de l'économie sociale et solidaire. L'insertion professionnelle, l'emploi de personnes en grande précarité, des produits bio et locaux, des produits de seconde main, un mode d'organisation qui joue le collectif, une lucrativité limitée..."
Il est également porté attention à la variété des stands.
Parrainer une ruche
Jérôme Courtin terminait ce vendredi matin d'installer son chalet dédié à ses produits issus de l'apiculture.
Installé à Héric, dans le nord de la Loire-Atlantique, Jérôme invite particuliers et entreprises à parrainer des ruches. Il en a ainsi 450 réparties sur divers sites. Chaque ruche, fabriquée par les salariés d'un ESAT (établissement ou service d'aide par le travail) et ornée par des enfants en situation de handicap, peut être parrainée par huit familles qui viennent récolter le miel, lequel est mis en pot à la prison de Nantes.
"Je ne fais pas de remerage (remplacer régulièrement la reine par une plus jeune), précise Jérôme, je laisse faire la nature, la reine vit sa vie et les abeilles la tueront quand elles jugeront qu'elle est trop vieille."
"J'ai un taux de mortalité très faible mais ça devient de plus en plus difficile avec les frelons asiatiques."
Jérôme Courtinapiculteur à Héric.
Jérôme dit aussi ne pas faire de transhumance de ruches qui restent toujours au même endroit. Mais il avoue qu'il n'en a plus sur la ville de Nantes, trop de frelons asiatiques. Pour s'en préserver sur ses ruchers, il fait "un très gros piégeage" au printemps.
Reconverti il y a une douzaine d'années dans l'apiculture, Jérôme vend sur l'Autre Marché son miel en pot, mais aussi des produits associés, des sucettes et des bonbons au miel, des bougies à la cire d'abeille.
Couches lavables et vêtement évolutifs
Si l'on va butiner un peu plus loin sur l'Autre Marché, on croisera Margaux et Julia. Les deux jeunes femmes y ont ouvert un stand dédié au textile. Mais là encore, la démarche est écoresponsable.
"Ça vient des placards et des tiroirs de Loire-Atlantique" annonce Margaux Chevalier-Vasseur qui vend des produits de seconde main pour la puériculture. Des couches lavables, des porte-bébés, des vêtements de grossesse. Autant d'articles ayant déjà servi, mais nettoyés, si besoin désinfectés et réparés.
"Je fais aussi de l'accompagnement pour aider à passer aux couches lavables" précise Margaux qui est basée à Nantes.
Dans le même chalet, sa copine Julia Ripoton propose, elle, des vêtements de première main mais "évolutifs". Grâce à un tissu élastique, certifié œko-tex, sans produits chimiques de teinture. "Ça évite tout ce qui est allergies" nous dit-elle.
L'astuce consiste aussi à faire des manches retroussables. Un vêtement peut ainsi évoluer en trois tailles du commerce.
"J'utilise des tissus élastiques qui sont proches du corps, c'est super pour la motricité"
Julia Ripotoncréatrice de vêtements évolutifs à La Montagne
Sur l'Autre Marché, on pourra trouver également d'autres boutiques spécialisées dans le réemploi de matières.
Cette édition 2023 est la première à faire une grande place à un marché paysan.
"Deux ou trois fromages de notre gamme"
Jérémy Vail, agriculteur à la ferme de la Rousselière et Adrien Souti de la ferme du Claray (Châteaubriant et Sion-les-Mines) seront présents tous les week-ends, Pourquoi uniquement les week-ends ? "On a des vaches à traire" répond simplement Adrien.
"On a fait stand commun pour proposer deux ou trois fromages de notre gamme" explique Jérémy.
Entre autres, on peut trouver le "Granit Rose" un fromage bicolore, rouge et crème, coloré au paprika et fumé. Et le "Breizhistant" un fromage type morbier, mais avec de la farine de Sarrasin torréfiée, à la place de la cendre végétale.
100 000 visiteurs sont attendus sur l'Autre Marché qui ouvre en semaine de 11h à 20h, jusqu'à 21h le vendredi et le samedi soir.
Des concerts sont prévus le vendredi soir et des ateliers créatifs le mercredi et le week-end.