La Nantaise Julie Dachez a été diagnostiquée autiste Asperger à l'âge de 27 ans. Depuis, elle use de tous les moyens pour expliquer ce qu'est l'autisme et en combattre les préjugés. Avec Mademoiselle Caroline, elle vient de publier une bande dessinée sur son expérience...
Cheveux longs bruns, pantalon noir, doudoune, plutôt mignonne, plutôt classique... Rien ne distingue des autres personnages la jeune femme figurant sur le premier plan du dessin de couverture. Rien si ce n'est peut-être ses baskets rouges. Un détail. Ce qui la distingue vraiment n'est en fait ni vestimentaire, ni physique. C'est une différence invisible. Mais une différence concrète qui fait que sa vie n'a rien à voir avec celle de la plupart des gens. Marguerite - c'est le nom de la jeune femme - est autiste Asperger.
Le récit nous permet de suivre la jeune femme dans son quotidien sur plusieurs mois, voire plusieurs années, avant, pendant et après le diagnostic. Elle partage avec nous son quotidien, ses émotions, ses doutes, ses errances, ses difficultés ou ses maladresses. Et on comprend dès lors comment ce diagnostic justement a pu être pour elle un soulagement, une libération. On la voit sauter de bonheur, hurler de joie.
"Après 10 ans d’errance, ce diagnostic m’a libérée car il est venu poser un mot sur ma différence. Il était absolument essentiel pour me permettre d’apprendre à respecter mes limites tout en me focalisant sur mes points forts". La vie de Marguerite/Julie change en même temps que l'atmosphère graphique du récit.
Avec le diagnostic reviennent les couleurs de la vie, reléguant aux oubliettes l'atmosphère sombre des premières pages, des questionnements.
Pas de leçon de morale dans les pages de cet album paru chez Delcourt mais une sacré leçon d'humanité comme le soulignent en préface la professeure de psychologie Carole Tardif et le pédopsychiatre Bruno Gepner. "Cette bande dessinée est aussi une rafraîchissante bouffée de tolérance et de respect de l'autre, de tous les autres, ainsi qu'un formidable exemple de la place que chacun devrait pouvoir trouver dans la société".
"On comprend bien au fil des pages...", explique Julie, "que ce qui libère Marguerite c’est le fait qu’elle finisse enfin par s’aimer et s’accepter telle qu’elle est. Or, être en paix avec soi est une quête universelle! Je crois que cette BD peut vraiment parler à tout le monde".
Un témoignage essentiel pour comprendre l'autisme et aborder la vie autrement !
La Différence invisible de Mademoiselle Caroline et Julie Dachez chez Delcourt.
Propos recuellis par Eric Guillaud le 3 septembre 2016. Retrouvez l'interview complète de Julie Dachez sur notre blog dédié BD ici !