Les chiffres de surveillance sanitaire montrent une forte progression du nombre de décès en Pays de la Loire. Les avis d'obsèques se multiplient en ce moment tout comme les cérémonies. La faute notamment au Covid et aux maladies hivernales, selon les autorités. Mais des soignants y voient aussi le résultat d'un système de santé aux abois.
Des services funéraires débordés et dans ce crématorium de l'agglomération nantaise des délais à rallonge, des cérémonies qui s'enchainent.
"En général, sur les établissements nantais, nous sommes à peu près à 4, 5, 6 jours maximum pour avoir une réservation au niveau des crémations, explique Jean-Pierre Blivet, directeur des crématoriums de Nantes et Saint-Jean-de-Boiseau, début janvier on était à plus de 8 jours, on a même eu un pic à 10 jours".
Traditionnellement en cette période de l'année, le nombre de décès est élevé. Mais cette année pourrait atteindre des records.
A l'hôpital de Nantes, selon les syndicats, la chambre mortuaire serait saturée.
Des retards de diagnostic qui peuvent être fatals
"On a une population aujourd'hui qui renonce aux soins parce (que les gens) n'arrivent pas accéder à un médecin généraliste, ou alors quand ils veulent appeler le15, c'est des heures avant d'avoir un médecin généraliste au bout du fil", explique Olivier Terrien, délégué syndical CGT CHU de Nantes
"D'autres pour qui on suspecte une pathologie assez grave, pour lesquels on a un délai de prise en charge au niveau de l'imagerie, pour passer un scanner ou une IRM, qui est beaucoup trop tardif, beaucoup trop long, donc si on attend trop longtemps on sait les conséquences d'une tumeur, comment elle peut évoluer".
C'est une certitude que le fait qu'on ait des délais de prise en charge qui sont beaucoup plus longs, c'est une perte de chance avec un risque potentiel de mourir
Olivier TerrienDélégué syndical CGT CHU de Nantes
Covid, grippe saisonnière, organisme fragilisés par la canicule, pour Santé publique France, les causes de cette surmortalité, plus 10% sur la région, serait essentiellement épidémiologique.
Pour certains médecins elle serait aussi le résultat d'un système de santé fortement dégradé.
"Ce que l'on peut craindre, et c'est ce qui dessine, c'est effectivement ces retards de prise en charge liés à des délais d'attente aux urgences de plus en plus longs, déplore Fabienne Yvon, médecin généraliste et présidente syndicat MG 44 , et ce qu'on appelle ce phénomène, assez inquiétant, de mort inattendue, à savoir des décès qui n'auraient pas du se produire, du fait de ce retard de prise en charge en particulier, pour des sujets âgés, fragiles".
Sollicitée à ce sujet, l'Agence régionale de santé des Pays de Loire nous a répondu que "l'observation de la mortalité en Pays de la Loire n'est de pas de la compétence de l'ARS mais celles d'organismes comme Santé Publique France".
(Reportage de Céline Dupeyrat, Vincent Raynal, Stéphane Hérel)