Les cigales s'installent à Nantes, le signe d'un réchauffement climatique ?

Discrète mais bien présente. La cigale, pourtant symbole de contrées plus ensoleillées et de l'apéritif anisé plutôt que du cépage Melon de Bourgogne, se fait entendre jusqu'à Nantes... Est-ce le signe d'un réchauffement climatique ?

Voilà une vingtaine d'années que le chant des cigales peut être entendu à Nantes. L'abeille Andrena Vaga nous arrive aussi du sud de la France. Mais le réchauffement climatique a parfois bon dos.

Ainsi, il n'est pas impossible de trouver des cigales en centre-ville. Mais la rareté de cet insecte fait la cherté de son chant. Il faut tendre l'oreille pour mériter cet appel nuptial uniquement produit par les mâles grâce à une membrane située à la base des ailes.

Les insectes migrent avec les hommes

Serait-ce un signe du réchauffement climatique ? C'est loin d'être évident. Comme souvent, l'espèce n'a sans doute pas migré par volonté de coloniser de nouveaux espaces mais a été victime (ou opportunément bénéficiaire) de migrations humaines. Sous la carrosserie d'une voiture rentrant d'un séjour estival, ou sous la forme de larves dans un terreau ou une plante expédiée depuis le sud vers notre région.

Comme le souligne François Meurgey, entomologiste au Muséum d'Histoire Naturelle de Nantes : montre-moi tes insectes et je te dirai avec qui tu commerces. Pour autant, il ne suffit pas qu'un individu se trompe de station pour qu'il s'installe là où le train le mène. Faut-il encore que les conditions s'y prêtent. 

Ce fut le cas pour le frelon asiatique qui depuis 2005 se plait à nous envahir, ce ne sera pas vrai pour toutes les espèces.

Une étonnante découverte au port à bois

François Meurgey cite cet anecdote : il y a quelques années, des employés du terminal à bois de Cheviré, en aval de Nantes, l'ont contacté pour lui apporter ce qu'ils avaient trouvé dans une cargaison. En plein centre ville, l'entomologiste s'est retrouvé à prendre en charge une boîte à chaussures avec, à l'intérieur... une magnifique mygale. La bestiole "de la taille d'une grosse main" a été confiée aux spécialistes du Muséum, au sous-sol. Mais on n'a pas constaté par la suite d'invasion de mygales. 

Les serres tropicales du jardin des plantes sont de belles portes d'entrées d'espèces exotiques. Mais on ne sert pas encore de cuisse de crapauds buffles au buffet de la gare de Nantes !

Le réchauffement climatique ne peut donc tout expliquer à lui seul. Le fait de trouver des insectes méditerranéens sous nos latitudes n'est pas forcément le signe d'un dérèglement climatique. François Meurgey cite le cas de l'abeille Andrena Vaga, espèce méditerranéenne que l'on a trouvée récemment du côté de la Prairie de Mauves, à l'est de Nantes. "Est-ce à cause du réchauffement climatique, s'interroge l'entomologistes, où parce qu'avant, on ne l'avait pas cherchée ? Peut-être un peu des deux." 

Les recherches se sont développées les techniques se sont améliorées,  "Nécessairement, on trouve des espèces nouvelles".

Le bourdon en déclin

Une phrase que l'on attribue (peut-être à tort) à Albert Einstein : "Si l'abeille disparaissait, l'humanité n'aurait plus que quatre ans à vivre." Quelque soit l'auteur, une précision manque selon François Meurgey. Il faudrait dire "si l'abeille sauvage disparaissait..." Car c'est bien plus elle et toutes les variétés qui la composent qui participent à la pollinisation de nos cultures. Or, une des composantes de cette espèce est en danger : le bourdon. 

"Les bourdons ont la particularité d'être des insectes de froid, explique notre entomologiste. La plus grande concentration en France se trouve dans les Alpes et les Pyrénées." Mais on en trouve aussi par chez nous. Or, l'insecte est en déclin. "Il y a 20 ans, des bourdons, on en voyait partout, déplore François Meurgey. Aujourd'hui, il n'y a plus de densité."

Ce qui nous attend avec le déclin des abeilles sauvages c'est une banalisation des cultures, une perte de la diversité. Et le jardinier amateur s'en rendra compte qui ne verra plus pousser d'aubergines, de tomates ou de poivrons dans son potager. Car pour polliniser ces légumes, il faut une technique que seuls les bourdons maîtrisent.

Une idée à semer...

Tous les possesseurs de jardins peuvent contribuer à la sauvegarde de l'abeille sauvage. Pas en mettant une ruche, c'est pour l'abeille domestique, self service des frelons asiatiques, mais en laissant trainer ici où là une souche, un tronc. Et en laissant aussi la flore naturellement se développer, pâquerettes, pissenlits...

C'est bien plus efficace qu'un hôtel à insectes et ça ne requiert aucune compétence de bricoleur.

Le végétal plus que l'animal

Pour François Meurgey, les effets du dérèglement climatique seraient aussi à chercher dans le domaine végétal. Ainsi, le chêne pédonculé, courant dans notre région, est en train de se faire damer le pion par son cousin du sud, le chêne vert, de plus en plus présent, notamment du côté du port du Collet, près de Pornic.

"Pour l'instant, on en est à constater et à s'interroger, conclut François Meurgey. Il est plus facile de constater ce qui s'est passé que de savoir ce qui va arriver."

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