Loire-Atlantique : avec les contraintes liées au coronavirus, c'est la double peine pour les familles en deuil

Quand survient un décès c'est souvent l'occasion pour les familles, les proches, les amis, les collègues de se retrouver, pour se soutenir, parler du défunt, lui dire adieu. Avec les contraintes sanitaires décidées pour limiter la pandémie de coronavirus, tout cela vole en éclat. 

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"Pendant l'entretien, à l'agence, quand on annonce à la famille qu'on ne pourra pas faire comme ils veulent, le coup est dur."

Fanny est conseillère funéraire dans une agence des Pompes Funèbres de France à Nantes. Comme tous ses collègues ou concurrents, elle doit appliquer les règles liées aux précautions sanitaires du fait de la pandémie de covid-19. 

"A l'agence, dit-elle, les gens viennent d'habitude entourés de leurs proches mais là, ils ne peuvent pas. On a tendance à s'excuser de ce qui se passe."

Fanny prend son métier à cœur. Pas question pour elle de rajouter de la tristesse, de la lourdeur à ce qui est déjà difficile à vivre pour une famille. Alors, elle donnera encore plus d'énergie s'il le faut pour accompagner les proches du défunt. Même si les multiples interdictions n'aident pas les familles.
 

Maximum de deux personnes à la fois pour les visites

"Quand on a un défunt qui n'est pas atteint par le covid-19 explique Fanny, on peut mettre la personne en salon funéraire et garder le cercueil ouvert mais deux personnes à la fois seulement peuvent lui rendre visite. Si c'est un cas de covid-19, la mise en bière se fait sans la famille et avec fermeture immédiate."

"L'exposition" en salon funéraire se fera alors cercueil fermé et toujours avec un maximum de deux personnes à la fois pour les visites.

"S'il y a crémation ajoute Fanny, le hall du crématorium de Nantes est fermé et la famille entre directement dans la salle, avec vingt personnes maximum. Un banc sur deux seulement est occupé avec 1m50 minimum entre les personnes. Ils ne peuvent pas passer chacun leur tour devant le cercueil, seul le maître de cérémonie peut parler au micro." Difficile de se soutenir les uns les autres dans de telles conditions.

Ce lundi matin, Fanny a lu cinq textes écrits par des membres de la famille.
 

Peu de célébrants pour les offices, ils sont confinés

"On suit les directives que l'on reçoit de la préfecture et de chaque mairie, explique Brigitte, de la Coopérative Funéraire de Nantes. Ça peut changer plusieurs fois dans la semaine." 

Ainsi, au début du confinement, les rassemblements ne pouvaient dépasser cinq personnes. "Ça s'est assoupli depuis, précise Brigitte avec un maximum de vingt personnes."

"La difficulté ajoute également Brigitte, c'est aussi de trouver un célébrant (un prêtre ou un laïc). Ce sont souvent des personnes âgées qui sont elles-mêmes confinées. Et les églises sont parfois fermées."

Pas facile d'expliquer toutes ces contraintes d'organisation aux familles. "Elles ont beaucoup de mal à accepter ça" reconnaît Brigitte.

Parfois, les familles ne font pas du tout d'hommage et remettent la cérémonie civile ou religieuse à plus tard, quand le confinement sera terminé. Car au delà de l'interdiction de se rassembler à plus de vingt, il y a aussi la distance.
 

Des cérémonies filmées pour la famille

Alors, certains utilisent les moyens modernes de communication, les réseaux sociaux pour que tous puissent assister au dernier hommage.

"On a des personnes qui filment la cérémonie en direct sur un réseau social pour le reste de la famille, explique Olivier, assistant funéraire aux Pompes Funèbres de la Miséricorde. On aide à tenir le téléphone."

Olivier a pu constater que les familles comprennent tout de même toutes ces contraintes. "Ce sont même elles dit-il, qui sont les premières à prévoir de ne pas se déplacer en trop grand nombre."
  

Des cérémonies communes pour l'après confinement

Au diocèse, on cherche à savoir comment aider les familles catholiques qui ne peuvent pas honorer leurs morts comme elles voudraient. Pas de communion lors des cérémonies, pas de bénédiction du cercueil, on ne touche pas le cercueil...

"Comment va-t-on aider les gens à faire leur deuil ? se demande Béatrice de Marignan, responsable diocésaine de la pastorale des funérailles en Loire-Atlantique. Comment accompagner ces gens dans leur douleur ?" 

Les règles de confinement et de distanciation sociale empêchent les officiants, religieux ou laïcs, d'accomplir pleinement leur mission. Alors ils réfléchissent à la suite, à l'après confinement.

"Est-ce qu'on va faire de grandes célébrations communes ou beaucoup de célébrations à suivre ? s'interroge Béatrice. Quelle sera la demande des familles ?"

Accepter les règles imposées par la lutte contre la pandémie ne veut pas dire qu'on les vit bien. Le confiné dans son appartement a beau savoir pourquoi il doit rester enfermé, il ne vit par pour autant sereinement cette situation. Il en va de même pour celui qui a perdu un être cher et qui n'a pas eu les rituels dont il avait besoin pour passer à demain. Même s'il respecte les mesures qui sont prises.




 
Covid-19 : adaptation de la réglementation funéraire
En raison de la pandémie de Covid-19, le décret n°2020-293 du 23 mars 2020 et le décret n°2020-352 du 27 mars 2020 adaptent les règles funéraires :
Tout rassemblement ou réunion au sein des établissements de culte est interdit, sauf pour les cérémonies funéraires dans la limite de 20 personnes
Il peut être dérogé au délai d'inhumation ou de crémation sans accord préalable du préfet, selon les circonstances. Ce délai ne peut pas dépasser 21 jours ou un délai supérieur fixé par le préfet.

Sur le site du gouvernement, une page permet aussi d'obtenir quelques réponses.
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