Situées à proximité de la rivière du Cens, plusieurs habitations ont été inondées à Orvault, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Nantes, en Loire-Atlantique. Un collectif d'habitants dénonce des dispositifs hydrauliques devenus insuffisants face à des crues de plus en plus fréquentes.
Difficile de reconnaître son propre quartier ce jeudi à Orvault, en Loire-Atlantique. Une trentaine d'habitants ont eu la mauvaise surprise de découvrir tôt ce matin qu'une partie de leur maison a été inondée après le débordement de la rivière du Cens. C'est la suite des précipitations d'une exceptionnelle intensité qui touchent le département depuis mercredi 19 juin.
"Cela fait 17 ans que j'habite ici, je n'ai jamais vu une année comme celle-là", témoigne Christelle Degeorges, qui habite sur l'avenue Felix Vincent, dans le creux du pont du Cens. "C'est la 2e fois que mon sous-sol est inondé, il faut vraiment que la métropole de Nantes fasse quelque chose !".
Le constat est partagé par Armel Pédron, dont la maison a également subi les intempéries. En février dernier, avec une trentaine de personnes, ils ont monté un collectif de riverains pour alerter sur la situation et s'entraider entre voisins. "Mon jardin est un lac, mais au moins, ces pluies ont eu le mérite de nous rapprocher et de créer de la solidarité", tente de relativiser ce chef d'entreprise dans un cabinet de conseil finance à Nantes, qui vit à Orvault avec sa femme et ses deux enfants.
"On peut même dire que certains d’entre nous sont des réfugiés climatiques. En janvier dernier, des voisins avaient dû loger chez des amis pendant six mois, le temps de rénover leur maison touchée par les inondations. Il y a une semaine, il venait à peine de réinvestir leur maison, et aujourd'hui elle est de nouveau fichue..."
Troisième inondation depuis janvier
"Ces inondations sont un vrai sujet d'inquiétude pour l'ensemble du quartier", explique, démuni, le riverain. Si lui n'a que l'état de son jardin et de son sous-sol à déplorer, d'autres se sont retrouvés avec des parties habitables de leur maison submergées.
Le risque d'inondation est le premier risque naturel en France. "La dernière fois qu'on a eu des inondations de cette ampleur, c'était en janvier 2021. Mais là, cette année, c'est déjà la troisième fois qu'on a des dégâts matériels causés par les inondations, voire la quatrième fois pour certains..."
J'avais 60 cm d'eau dans mon sous-sol en e réveillant. On a pu sauver de justesse la voiture, mais pas sûr que les vélos électriques ou encore la tondeuse remarcheront.
Armel Pédron, habitant d'Orvault
Le barrage construit en 2010 aux abords du périphérique nord de Nantes était censé prévenir ce genre de phénomène. Mais celui-ci n'a pas pu retenir les masses d'eau colossale qui se sont déversées ce matin sur Orvault, photos et vidéos des habitants à l'appui.
"Une fois de plus, on a eu aucune alerte, et comme c'était en pleine nuit, on n'a pu que constater les dégâts le matin." Avec le collectif, l'Orvaultais déplore des dispositifs hydrauliques devenus "insuffisants" face à la multiplication des épisodes météorologiques extrême engendrée par le dérèglement climatique. "Ce soir, on a peur que ça recommence au vu de la météo".
Le collectif a sollicité l'aide de la collectivité dès mars dernier, déplorant des défaillances du système d'alerte et l'absence de mesure d'étude ou de protection supplémentaire.
Contactée, Nantes métropole, en contact avec la Mairie d'Orvault, a indiqué que, ce jeudi, une solution de relogement a été proposé à un habitant impacté, que des sacs de sables ont été distribués aux habitants ainsi que des prospectus dans les boîtes aux lettres pour informer du placement du département en vigilance orange, et que l'avenue Felix Vincent a été fermée. Pas de précision en revanche sur d'éventuelles solutions de long terme.
Des inondations amenées à se multiplier
À Nantes, en 24h, il est tombé 71,7 mm d'eau (par m²), contre des normales de saison à 48,5 mm. La Loire-Atlantique reste en vigilance orange pluie-inondation et orages ce jeudi après-midi, tandis que le Maine-et-Loire a été placé en vigilance rouge crue, tout comme la Mayenne. Mardi, celle-ci a également connu un très fort épisode orageux. En quatre heures, il y est tombé près de deux mois de pluies, soit 135 mm.
La multiplication des épisodes des fortes précipitations est une des conséquences du dérèglement climatique. Les fortes chaleurs ont en effet tendance à accentuer l'évaporation des océans, dont l'eau s'accumule en grande quantité dans le ciel avant d'être déversée sous forme de pluies sur les terres. Un phénomène d'autant plus problématique dans les zones touchées par la sécheresse, où les sols secs peinent à absorber l'eau rapidement, favorisant les risques d'inondation. Un phénomène également accru par l'artificialisation des sols et les perturbations du cycle de l'eau engendrées par l'activité humaine.