Dans la nuit du 21 au 22 juin 2019, Steve Maïa Caniço meurt noyé dans la Loire à Nantes suite à une charge policière controversée lors de la fête de la musique. Aux commandes la nuit des faits, le commissaire Chassaing, dont le procès démarre ce lundi 10 juin.
Il est le seul appelé sur le banc des prévenus, Grégoire Chassaing, 54 ans.
Commissaire expérimenté, il dirigeait l'opération de police lors de la disparition de Steve Maia Caniço. Après instruction, selon le parquet, c'est sa décision qui a conduit à la chute du jeune homme de 24 ans dans la Loire, à hauteur du quai Wilson à Nantes.
Un bouc émissaire ?
Jugé pour homicide involontaire, le fonctionnaire nie toute responsabilité et considère qu'il est un bouc émissaire.
"Le 22 juin 2019, avant 4 h 33 minutes et 14 secondes, le commissaire Chassaing a tout simplement fait du mieux qu'il a pu. Il n'a commis aucune faute caractérisée et il n'a en tout cas pas causé, même indirectement, la mort de M. Steve Maia Caniço", estimait son avocat, Me Louis Cailliez, lors d'une conférence de presse donnée le 4 juin dernier.
Grégoire Chassaing a confié sa défense à sept avocats habitués au procès des forces de l'ordre.
Le juriste a déjà obtenu la relaxe de policiers accusés de violence. Il espère le même dénouement dans cette affaire.
"Malgré l'immense pression qui pèse sur ses épaules, comme vous vous en doutez, il garde tout de même avec humilité un état d'esprit combatif et confiant dans l'institution judiciaire".
Jamais sanctionné par l'IGPN, Grégoire Chassaing a récemment été promu chef de circonscription à Lyon.
D'après son avocat, il bénéficie du soutien de sa hiérarchie. Il comparaît libre au tribunal judiciaire de Rennes à compter de ce lundi.
Grégoire Chassaing est toujours en fonction. Après une mutation comme adjoint du directeur départemental de la sécurité publique du Puy-de-Dôme, à Clermont-Ferrand, il a été nommé chef de la circonscription de police nationale de Lyon le 1er juin dernier.
Le rappel des faits
Grégoire Chassaing était l'officier en charge de cette opération policière dans la nuit du 21 au 22 juin 2019, sur le quai Wilson à Nantes.
Peu après 4h du matin, une vingtaine de policiers étaient intervenus pour faire cesser la musique sur ce lieu où plusieurs scènes électro s'étaient installées à l'occasion de la fête de la musique. L'une d'elles continuait de diffuser sa musique au-delà de l'horaire légal alors que les autres remballaient leur matériel.
Sous les ordres du commissaire Chassaing, les policiers avaient fait usage de grenades lacrymogènes sur ce quai de l'île de Nantes qui surplombe la Loire.
Dans cette fin de nuit, et aveuglés par le nuage de gaz, 14 teufeurs étaient tombés dans le fleuve. Steve Maia Caniço était parmi eux. Il ne savait pas nager. Son corps sera retrouvé quelques semaines plus tard, non loin de là.
Une longue enquête a permis d'établir, via le téléphone de la victime, que sa chute dans la Loire était bien concomitante à l'intervention des policiers.
Dans cette affaire, plusieurs personnes ont été entendues et, dans un premier temps, mises en cause, dont le préfet de l'époque, Claude d'Harcourt et son sous-préfet de Nantes. Finalement, seul le commissaire Chassaing sera jugé pour la mort de Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans.
Son procès se tiendra à Rennes, du 10 au 14 juin 2024. Rennes où cette affaire avait été "dépaysée" afin d'éviter aux magistrats nantais d'instruire un dossier qui met en cause des policiers avec qui ils travaillent au quotidien.
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