A Nantes et Angers, les sourds font du bruit pour se faire entendre

Ils demandent juste à être des citoyens comme les autres, de pouvoir avoir accès comme les autres aux débats publics. Mais, pour cela, il faudrait que la langue des signes soient mieux reconnue et utilisée. Des manifestations ont eu lieu ce lundi à Nantes et Angers.

Les sourds et malentendants iront voter le 26 mai pour les élections européennes. Enfin, ils aimeraient bien aller voter en connaissance de cause. Pas facile, lorsque le débat politique n'est pas ou peu traduit en langue des signes.

"Il ne faut pas voter à l'aveugle", explique Karine Barbarit, animatrice en langue des signes,"une opinion doit être soutenue par des arguments, et pour ça il faut que, lors les débats, il y ait quelqu'un qui signe pour pouvoir nous permettre de faire nos propres choix".

 

L'accès aux services publics très difficile


L'accès au travail, mais aussi à la culture, à la santé, à la justice sont des parcours parfois terriblement compliqués quant on ne peut comprendre son interlocuteur et se faire comprendre soi-même.

La mise à disposition d'un traducteur en langue des signes faciliterait grandement les choses. 

A titre d'exemple, la France compte 400 traducteurs, là où à New York, ils sont 5 000.
 

La France en retard par rapport à d'autres pays européens


Et que dire des débats politiques notamment en période électorale ou des débats sur les Gilets jaunes qui ne sont pas accessibles ! Comment faire son devoir de citoyen quand l'information n'est pas accessible ?

La situation actuelle, explique l'association CSCS44 (Centre Socioculturel des sourds de Loire-Atlantique) "induit une discrimination directe à l'égard des personnes sourdes"

Et elle argumente :

"Les 577 députés français ont reçu, en début d’année, un mail argumenté, de la part de Sourds En Colère, afin qu’ils intègrent au vote, lors de la prochaine révision constitutionnelle, l’inscription de la Langue des Signes française dans la Constitution de la Ve République pour rendre notre chère démocratie plus représentative, plus responsable et plus efficace. Car, à notre grand regret, dans la présentation du projet de loi de révision constitutionnelle, constat était fait que la Langue des Signes française n'y figurait pas. Or, la France a signé le 30 mars 2007 la Convention relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par décret le 1er avril 2010."

"Il y aura des évolutions si la langue des signes est reconnue par la constitution française", explique Pascal Goua, "on aura plus d'accessibilité, notamment à la télévision mais aussi dans les hôpitaux, pour l'éducation bilingue des enfants sourds. On se sentira à égalité avec les autres citoyens".

D'autres pays européens comme la Finlande, le Portugal ou l'Autriche sont plus avancés sur cette question et ont reconnu leur langue des signes dans leur constitution nationale.

C'est pourquoi les sourds et malentendants ont prévu de descendre dans la rue ce lundi devant la mairie de Nantes, devant laquelle une centaine de personnes se sont réunies.
Ils ont été reçus par Benoit Blineau, adjoint délégué aux personnes handicapées. Il leur a promis une réunion afin d'améliorer la situation des handicapés dans la ville, mais les sourds veulent que leur handicap soit spécifiquement étudié. 

Un rassemblement a également eu lieu en milieu d'après-midi devant la mairie d'Angers.

Le 20 mars dernier, une première manifestation avait rassemblé plus de 1000 personnes à Paris à l'initiative des Sourds en Colère, une association née il y a plus de 25 ans pour défendre les droits des personnes atteintes de ce handicap. Un rassemblement pour demander que la langue des signes soit inscrite dans la constitution française qui leur permettrait d'obtenir une accessibilité dans différents domaines comme la santé ou l'éducation.

Un second rassemblement national est annoncé pour le 20 juin.

 

 
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