Construire ou ralentir ? C'est le dilemme nantais. Avec d'un côté, un manque de logements évident, et de l'autre, des habitants qui voient leur ville grossir à vue d'oeil. Un peu trop. Un peu trop vite. Et cette tendance à la densification urbaine semble inéluctable. Impossible à freiner.
Elles font partie du paysage. Les grues, disséminées un peu partout dans la métropole nantaise, signe d'une urbanisation galopante. D'une agglomération en chantier perpétuel. Des travaux pas toujours bienvenus.
Au nord de Nantes, à la Chapelle-sur-Erdre, des riverains excédés ont monté une association mais ils n'ont rien pu n'ont rien pu faire. Ici, 5000 m2 de bois ont été rasés pour céder la place à un nouvel immeuble, qui abritera bientôt 88 logements. Et la mairie a d'autres projets sur le feu, à quelques centaines de mètres de là. Une fois encore, les occupants vont devoir plier bagage.
"L'environnement n'est pas pris en compte dans ces projets. Il n'y a pas eu d'inventaire de la faune et de la flore puisque la DREAL ne l'impose pas. Il n'en demeure pas moins que cela a un impact", regrette Fréderic Denormandie, président de l'association La Chapelle ville nature.
Ce que l'on souhaiterait, c'est que la densification, notamment à la Chapelle-sur-Erdre, se fasse sur des parcelles déjà urbanisées sans végétation et que cela ne détruise pas la biodiversité en ville
Frédéric Denormandie, président de l'association la Chapelle ville nature
"Avec la loi climat et résilience qui a été adoptée très récemment, on a cet objectif du zéro artificialisation nette. Pour autant on constate que les projets continuent à sortir de terre. Ce qui provoque aussi l'incompréhension des riverains", ajoute Anaïs Daumont, avocate en Droit de l'Urbanisme.
Avec le temps, la vue de Jean-Pierre Bournat a changé : le paisible lotissement du Grand Clos, à Nantes, tient un peu de l'irréductible village gaulois. Les 150 maisons construites après-guerre sont aujourd'hui cernées de toute part. Et même réunis au sein du CRI, le Collectif des citoyens Résolus et Irrités, les riverains ont bien du mal à se faire entendre.
"Le premier constat de toutes ces associations, c'est la très grande difficulté à communiquer avec la ville. Nous sommes des corps intermédiaires et apparemment c'est quelque chose qui ne plaît pas à la municipalité qui complique ses plans et sa façon de faire", commente le président de l'Association du Grand Clos, membre du CRI (Collectif de Citoyens Résolus et Irrités)
9 000 nouveaux habitants chaque année
Les chiffres sont têtus : La métropole nantaise compte chaque année en moyenne 9 000 nouveaux habitants. Les professionnels de l'immobilier évaluent le besoin à 7 500 nouveaux logements par an.
"Nous sommes déjà dans une logique de tension. On le voit sur le domaine du locatif privé. Il y a moins de 2% de taux de vacance. On le voit aussi sur les prix de l'ancien qui augmentent, c'est mécanique", rappelle Bertrand Mours, président d' OLOMA (Observatoire du Logement Neuf des Pays de la Loire).
Il faut prendre des décisions rapides pour ouvrir des capacités à construire sur le territoire et répondre aux besoins des habitants. Il faut de la pédagogie, et expliquer. Cela demande du temps mais le temps presse
Bernard Mours, président de l'OLOMA
"Hâtons-nous lentement", répondent les élus de la nouvelle majorité de Rezé Citoyenne, qui a lancé un moratoire sur plusieurs projets, dont celui de la ZAC de Pirmil Les Isles, l'une des dernières grosses réserves foncières de la métropole.
"On ne pense pas habitat et puis voilà...On pense habitat, travail, déplacement et surtout santé. Si les logements sont de qualité et s'ils sont suffisamment grands, s'ils sont accessibles financièrement pour ceux qui travaillent sur place, déjà on aura fait un pas important", explique Martine Métayer, adjointe chargée de l'urbanisme à la ville de Rezé
"Des gens bien chez eux qui sortent dans des espaces pour se retrouver, pour vivre ensemble et bénéficier d'équipements, c'est ça la ville de demain pour nous", précise l'élue.
La Loire Atlantique compte aujourd'hui plus d' un million 400 000 habitants et devrait atteindre, selon l'INSEE plus d'un million 600 000 habitants d'ici 2030.