Nantes : le Cinématographe s'installera à la place du restaurant Hippopotamus allée des Tanneurs

Le projet immobilier a soulevé quelques oppositions comme c'est souvent le cas quand on touche à un immeuble original. Mais la ville a signé le permis de construire. Le Cinématographe, trop à l'étroit, pourra s'installer en 2022 allée des Tanneurs, à la place du restaurant Hippopotamus.

Le permis de construire a été signé courant avril. Dès lors, les travaux de démolition pouvaient commencer. 

Dans ce qui était la salle du bas du restaurant Hippopotamus, en haut du Cours des 50 Otages à Nantes, il n'y a plus de tables mais une pelleteuse ne laissant aucun doute sur le devenir du bâtiment. 

La façade a d'ailleurs déjà été entamée, on ne commandera plus de grillades au 7 allée des Tanneurs.

A la place, un projet immobilier conduit par la société Six Ares à Nantes. Le panneau de chantier indique la prochaine réalisation de 16 logements et d'un cinéma.

Non, ce ne sera pas une salle ou un complexe de plus à Nantes mais un déménagement. Le Cinématographe, à l'étroit dans son immeuble loué à la ville au 12 bis rue des Carmélites espère bien trouver là de quoi accueillir dans de meilleures conditions ses 50 000 spectateurs annuels.
 


L'équipe du Cinématographe a été contactée début 2019 par les services de la Ville qui lui proposaient de prendre place allée des Tanneurs. Le cinéma associatif qui allie projection, débats et éducation à l'image était victime de son succès et souhaitait voir plus grand. 

"Il y a sept ans, explique Emmanuel Gibouleau, son directeur, on a eu les premières alertes de saturation. On est à deux fois le taux d'occupation moyen national des fauteuils." 

Joli bilan, mais comment faire pour accompagner cette courbe ascendante de fréquentation ? Pas d'autre solution que de déménager.

Le projet prévoit trois salles, 150, 80 et 45 places. "Ça permettra aussi d'avoir nos bureaux au même endroit que la salle, se réjouit Emmanuel Gibouleau. Il y aura des conditions de travail dignes de ce nom pour les projectionnistes qui sont actuellement dans un placard à balai."

Le hall sera également plus grand, ce qui offrira un accueil de meilleure qualité au public. Le lieu sera accessible à tous les handicaps. Le Cinématographe qui présentait trop d'escaliers bénéficiait d'une dérogation en attendant de déménager vers un lieu respectant les normes.

L'association restera locataire de la Ville dans ce nouvel immeuble.
 
Quant à la destruction du bâtiment témoin du passé nantais, elle ne s'est pas faite sans déclencher des oppositions. Début 2019, une pétition en ligne avait recueilli quelques 700 signatures pour tenter de sauvegarder la façade de l'immeuble faite de bois. Pétition lancée par l'association Forum Nantes Patrimoine. Laquelle a engagé aussi un recours gracieux mais sans résultat. Aucun recours devant le tribunal administratif n'a cependant été déposé.

Le Collectif des Associations du Patrimoine Industriel et Portuaire a également tenté de s'opposer à la destruction de ce qu'il qualifie de "patrimoine typique de la fin du XIXème siècle des bords de l'Erdre". Car à cette époque, la rivière passait encore par là, avant d'être comblée et détournée.
 

"C'était le dernier témoin de ce passé"

Le bâtiment abritait à ses début les établissements Aubert et Thouvenin, spécialisés dans la quincaillerie et l'outillage.

"C'était le dernier témoin de ce passé, explique Arnaud Biette, le Président du collectif. Une structure bois avec remplissage en briques. On a demandé une protection de la façade à la Préfecture."

Mais, reconnaît Arnaud Biette, la démarche est arrivée trop tard. "Je trouve ça un peu vache de s'empresser de démolir alors que les élections municipales ne sont pas terminées. On a l'impression d'avoir été pris pour des gogos."

Pour manifester son désaccord avec les services de l'urbanisme de Nantes, le collectif et l'association Forum Nantes Patrimoine se rassembleront ce jeudi 28 mai devant l'immeuble en cours de destruction. 

De son côté, l'adjoint à l'urbanisme de Nantes, Alain Robert, se dit "très content de voir aboutir ce projet" et n'a aucun regret.
 

"J'ai fait des recherches, assure-t-il, ça fait 31 ans et deux mois que je suis élu, à aucun moment, le maire de Nantes n'a reçu le moindre courrier d'une association, d'une personne ou d'un groupe demandant que cette façade soit protégée."

Quant à l'intérêt historique de l'immeuble, il balaye l'argument en rappelant qu'il a été totalement dénaturé en 1975, lorsque le site a été racheté pour en faire un premier restaurant, le Louisane, devenu ensuite le Carnivore puis l'Hippopotamus.
 

"La ville loue depuis des années un local inaccessible aux handicapés"

Alain Robert préfère pointer les avantages du projet immobilier et notamment le fait qu'il offre une opportunité pour relocaliser et agrandir le Cinématographe.

"Le cinématographhe est actuellement dans un monument historique (la chapelle rue des Carmélites), qu'il est interdit de transformer. La ville loue depuis des années un local qui se révèle inaccessible aux handicapés."

Le projet revu et corrigé par le promoteur suite à une demande des Bâtiments de France, devrait mieux s'intégrer selon Alain Robert "dans la logique urbaine de revitalisation du Cours des 50 Otages". Il sera, nous dit-on, plus en harmonie avec des bâtiments proches comme l'hôtel La Pérouse ou l'immeuble qui abrite l'enseigne Habitat.

Le Collectif des Associations du Patrimoine Industriel et Portuaire se serait au moins réjoui que la façade soit démontée pour être mise en valeur sur un autre site. Mais, selon Alain Robert qui se base sur un diagnostic technique, elle était en trop mauvais état.
 

Un budget de plus de 7 millions d'euros pour la Métropole

C'est Nantes Métropole Habitat qui sera propriétaire des murs du nouveau cinéma pour 7 millions 450 000 euros. Le lieu sera loué à la Ville de Nantes qui les mettra à disposition du Cinématographe, à charge pour l'association de l'équiper avec l'aide de financements publiques.

La Ville s'est aussi engagée à faire une référence au passé industriel des lieux dans le hall. 

Quant à la chapelle de la rue des Carmélites qui est une propriété privée, on ne sait pas pour le moment ce qu'elle deviendra. 



 
 
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