Cambriolage au musée Dobrée à Nantes : le cœur d'Anne de Bretagne dérobé

Des cambrioleurs se sont infiltrés dans le Musée Dobrée dans la nuit de vendredi à samedi. Ils ont dérobé plusieurs objets, dont le coeur d'Anne de Bretagne. On craint qu'ils ne fondent ce trésor nantais.

Le Musée Dobrée aurait subi une intrusion fort désagréable dans la nuit de vendredi à samedi. Plusieurs objets auraient été dérobés, et parmi eux, l'un des trésors nantais : ce que l'on surnomme le cœur d'Anne de Bretagne, deux fois reine de France entre 1491 et 1514.

Il s'agit en vérité du reliquaire, l'écrin qui l'a contenu un jour, une pièce d'orfèvrerie en or réalisée en 1514. 


Née en 1477 dans le château des Ducs de Bretagne, à Nantes, la duchesse de Bretagne est très rapidement devenue un jeu dans l'échiquier politique franco-breton. Elle est décédé en 1514. L'auteur de ce reliquaire est inconnu ; certainement un orfèvre de la cour de Blois. Le dessin aurait peut-être été réalisé par Jean Perréal, peintre officiel des rois Charles VIII, Louis XII et François Ier

La forme reprend celle d'un cœur, au dessus duquel une couronne est délicatement suspendue. Des inscriptions honorent la gloire de la "duchesse des Bretons - Royale et souveraine. Cet écrin était une volonté de la reine, exprimée de son vivant. La légende dit qu'il a été enfermé dans une boîte de plomb, puis de fer, et déposé dans le tombeau qu'elle avait fait réalisé pour ses parents, à la chapelle des Carmes, mais qui se trouve actuellement à la cathédrale Saint-Pierre de Nantes. Le reliquaire a, à plusieurs reprises, failli être fondu au profit de l'Eglise. Pour cette raison, il a rejoint un temps Paris, avant de revenir à Nantes en 1819.

Cette pièce, les Nantais la connaissent bien, puisqu'elle est passée dans son histoire récente dans plusieurs vitrines. En 2007 et en 2014, le château des Ducs de Bretagne l'avait gardée pour une exposition. Voici notre reportage de l'époque : 


Le département est en charge de son exposition. C'est le conseil départemental qui définit les lieux où il est présenté. Le reliquaire circule donc souvent entre le château, la cathédrale Saint-Pierre et le Musée Dobrée, mais c'est dans ce dernier établissement qu'il est conservé la majorité du temps. L'exposition "Voyage dans les collections" à laquelle il était intégré en ce moment avait déjà été présentée au public en 2015 et en 2016.

Une enquête en cours


Suite à cet incident, le musée Dobrée a gardé ses portes closes. Des enquêteurs analysent actuellement l'intérieur du bâtiment. Parmi le reste du butin, deux autres éléments de l'exposition "Voyage dans les collections" ont été dérobés, une statue hindoue dorée et un ensemble de monnaies d'or.

Propriétaire des lieux, et donc de l'écrin, le conseil départemental a porté plainte. Philippe Grosvalet, président du département, a exprimé sa désolation : 

Les cambrioleurs s’en sont pris à notre patrimoine commun et notamment à une pièce d’une valeur inestimable. Bien plus qu’un symbole, l’écrin du cœur d’Anne de Bretagne appartient à notre histoire. La reine Anne, duchesse de Bretagne, avait souhaité que son cœur soit inhumé auprès de ses parents. Sauvé de la fonte après la Révolution, il est conservé au musée Dobrée depuis 1886.


La maire de Nantes a elle aussi fait part de sa réaction par communiqué : 

Ce magnifique objet (...) possède naturellement une très grande valeur patrimoniale. Il revêt également, pour l'ensemble des Nantaises et des Nantais, une importance sentimentale particulière, liée à la personnalité d'Anne de Bretagne et à l'empreinte qu'elle a laissée dans l'histoire de Nantes. Je souhaite que cet objet, précieux et fragile, soit retrouvé dans les plus brefs délais.



Les enquêteurs ciblent des professionnels. Avec le conseil départemental, ils craignent que l'or de l'écrin ne soit fondu. Le témoignage de Julie Pellegrin, directrice Grand Patrimoine du conseil départemental de Loire Atlantique : 
 

 

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