Nantes : avant le Festival de l'info Locale (27- 28 juin), entretien avec David Dieudonné, directeur du Google News Lab

Le premier festival de l'info locale se tiendra au Médiacampus de Nantes les jeudi 27 et vendredi 28 juin. Un événement dédié à l'information de proximité. A deux semaines de ce rendez-vous, nous avons interviewé David Dieudonné, directeur du Google News Lab en France.

70 intervenants sont annoncés à Nantes pour cette première édition du FIL. Beaucoup de journalistes issus de médias innovants, un focus sur la Grande-Bretagne, des représentants de startups ou de grands groupes de presse.   

David Dieudonné fait partie des intervenants annoncés. La mission du Google News Lab qu'il dirige est de collaborer avec les rédactions et les entreprises pour "stimuler l’innovation dans le secteur de l’information."

Quel bilan dressez-vous du Google News Lab France que vous dirigez depuis trois ans ?

David Dieudonné : “Ce qui me frappe, c’est l’extrême pertinence du travail de collaboration entre les plateformes de technologie telles que Google et les rédactions, collaborations qui incluent bien souvent des instituts de recherche et les universités. J’ai découvert le travail de lutte contre la désinformation à l’occasion de l’élection présidentielle française de 2017. On a créé le projet Crosscheck avec notamment la participation de titres de presse nationale et régionale. Ce modèle a fait ses preuves, il a été dupliqué au Brésil et en Indonésie récemment, et repris pour les élections européennes. Ce type de partenariat se poursuit aujourd’hui sur l’intelligence artificielle avec la London School of Economics and Political Science et différentes rédactions. Ma conclusion, c’est qu’il y a de l’espoir quand on travaille ensemble.”

Quelle attention portez-vous aux rédactions régionales ?

“A titre personnel,  je connais bien le travail en régions pour avoir dirigé la rédaction de l’AFP à Marseille. A la suite de l’élection présidentielle de 2016 américaine, des études universitaires ont montré que la presse régionale était à la fois stratégique et en danger. Google porte donc une attention particulière aux titres régionaux.  Quelques exemples : sur les 30 rédactions associées à Crosscheck, 10 étaient des rédactions régionales françaises. Il y a aussi le dispositif News Lab fellowship qui consiste à placer, aux frais de Google, des étudiants en stage dans des rédactions. En 2019, 3 stagiaires sur 8 rejoindront des titres régionaux. Nous assurons aussi beaucoup de formation sur les outils et données Google. Cela a été le cas à Rennes dans notre atelier numérique sur le fact checking, en amont de l’élection européenne.”         

Vous êtes également associés au journocamp sur le datajournalisme ?

“J’ai souvent l’occasion d’échanger sur le datajournalisme, notamment avec le groupe Centre France (La Montagne) et plus particulièrement le journaliste Cédric Motte. C’est ainsi qu’est née l’idée du journocamp : deux jours d’échanges entre des journalistes de région. La première édition s’est tenue en Auvergne à l’automne 2017, deux autres ont suivi au Parisien - Aujourd’hui en France, puis au Télégramme à Brest. Les datajournalistes travaillent avec des jeux de données communs mais il n’existe pas de notion de concurrence qui freine les projets puisque leurs zones de diffusion sont différentes. A ma connaissance, c’est une initiative unique au monde. Google News Lab n’a pas de rôle éditorial mais apporte un soutien financier et en formation. Les participants stagiaires ont en effet également l’occasion de béta-tester de nouveaux outils Google. Pour moi, le journocamp est la preuve que les rédactions régionales françaises sont des lieux de grande innovation, un dynamisme parfois méconnu à Paris.”

Quels sont les points de crispation qui peuvent exister entre les journalistes et Google ?  

“Je suis toujours très intéressé d’entendre le point de vue des journalistes sur ce qu’on devrait faire. Les points de crispation sont souvent les données et la question du partage de la valeur (est-elle équitable entre les médias et la plateforme ?). Les journalistes souhaiteraient plus de transparence vis-à-vis de l’algorithme. Pour le fact checking par exemple, ça les aiderait peut-être de savoir comment les contenus sont partagés. La difficulté est que si Google devient plus transparent sur son algorithme, on « arme » dans le même temps les gens qui diffusent des fausses informations. Notre rôle est aussi d’expliquer aux journalistes les contraintes qui sont les nôtres en tant que plateforme et de tendre vers une compréhension mutuelle.”
 

Biographie express
David Dieudonné, 46 ans, est responsable du News Lab de Google en France depuis mars 2016.
Auparavant, il a été journaliste à l'Agence France-Presse (AFP) pendant 15 ans — son dernier poste était chef de la rédaction du bureau régional de l’AFP à Marseille (août 2015-décembre 2016) —  et enseignant à l'Ecole de Journalisme de Sciences-Po Paris.
En 2012, il a reçu une bourse de Columbia University Graduate School of Journalism (New York) pour confronter, dans le cadre d’un master, son expérience de la banlieue parisienne – dont il a coordonné la couverture à l’AFP de 2010 à 2012 – au modèle américain de lutte contre les discriminations.

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