Nantes : Guillaume, victime d'inceste, témoigne, "j'ai réussi à en faire une force"

Depuis un mois, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) a reçu 4 200 témoignages. Ce 20 octobre, à Nantes, elle organisait son premier déplacement régional. Guillaume, victime de viols pendant 15 ans, a témoigné de ses souffrances.

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Créée pour deux ans, cette commission a pour mandat de rendre un rapport afin de renforcer la protection des enfants. Le but est de libérer la parole pour réformer les politiques publiques en matière de protection de l’enfance. Parler est justement ce qu'a réussi à faire Guillaume.

Ce Vendéen, violé par son père pendant toute son enfance, s’est tu pendant des années. Aujourd'hui, pour lui et pour les autres, il brise le silence.

J’ai grandi avec le poids de cette histoire et le poids du silence

Guillaume

"J’ai été victime de viols dès l’âge de 4 ans et demi, 5 ans, pendant presque 15 ans. Généralement, cela se passait dans ma chambre, la nuit, quand maman dormait, parfois en journée lorsque je me retrouvais seul avec lui".  

Son agresseur, c’est son père. Ce crime a détruit son enfance. Lorsqu’il regarde des photos de lui, bambin, il a parfois du mal à se reconnaître.
"La légèreté, l’insouciance, la naïveté, cela ne correspond pas à l’image que j’ai de moi, en fait", confie Guillaume.

Pendant des années, il a été incapable de dénoncer les viols, commis par son père : "Lui, me disait que si j’en parlais, j’aurais des problèmes. Forcément, lorsqu’on inculque cela à un enfant de 5 ans, c’est intégré. La peur d’avoir des problèmes m’a empêché de parler. Il y avait aussi la peur de détruire le couple de ma mère et de mon père, la famille".

"Le vrai cauchemar, ça a été après"

A 27 ans, Guillaume trouve le courage de mettre des mots sur ce qu’il a subi. Il porte plainte. Son père reconnaît les faits, mais décède avant le procès. Il entame alors un long processus de reconstruction, qui le conduit au bord de l’abîme.

"Il y a ces faits de viols qui sont horribles, mais le vrai cauchemar, ça été après, ça a ouvert la porte à des TOCs (Trouble Obsessionnel Compulsif NDLR), de rangement, de propreté. Je lavais ma salle de bain 4 fois par jour à l’eau de javel, je me lavais le corps à l’eau de javel également. J’ai fait une dépression. J’avais envie de mourir. J’ai fait 5 ou 6 tentatives de suicide."

Plus de 25 ans après les faits, il subit toujours les conséquences de cet inceste notamment sur le plan professionnel. Depuis 2 ans, il ne travaille plus. Il estime que "reprendre le travail, c’est à nouveau me soumettre à quelqu’un. Et pourtant, j’aime travailler, Dieu sait que j’aime voir du monde. J'aime apporter quelque chose aux autres aussi. Et là, je ne peux pas me soumettre à quelqu’un qui potentiellement pourrait devenir virulent. Cela réveille en moi beaucoup de souffrance." Guillaume se bat pour tourner la page de cette enfance dévastée et enfin accepter le traumatisme et le dépasser.

J'ai réussi à en faire une force, à renverser la vapeur

Guillaume

"Cela m’a construit, ça fait partie de mon histoire. Tout le monde, malheureusement, ne se relève pas de cela", glisse-t-il dans un sanglot "mais on se relève et ça, c’est super !".

Aujourd’hui, Guillaume a une vie de couple. Il a témoigné pour ceux qui, comme lui, pendant des années n’ont pas eu la force de parler.

160 000 enfants sont victimes, chaque année, de violences sexuelles en France. Ils étaient une vingtaine, ce mercredi 20 octobre, à Nantes lors de cette première réunion publique, organisée par la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). Le travail de la Ciivise durera jusqu’en 2023. 

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