L’école d’architecture de Nantes, la Palais de Tokyo à Paris, le FRAC de Dunkerque, trois constructions qui ont concouru à la consécration de Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal. Le prix Pritzker d’architecture, c’est le Nobel des architectes.
À une époque où il faut faire beaucoup avec peu, ces deux architectes là méritaient cette reconnaissance internationale.
Dans ce 21ème siècle déjà bien commencé, il apparait de plus évident que l’espace disponible pour vivre et travailler est un luxe. C’est avec un bel entêtement que depuis 50 ans, Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal mettent en œuvre des solutions simples, souvent peu onéreuses, pour arriver à donner de l’espace à vivre.
L'école d'architecture de Nantes
À Nantes, ils ont su construire un volume pour que les étudiants en architecture s’épanouissent. Si on dit parfois que l’architecture est la mère de tous les arts, cette école a été conçue comme une matrice pour y faire éclore les projets et les talents.
Pas de "beau" au sens classique pour cette école en bord de Loire, juste des rampes (on peut monter sur le toit à pied, à cheval ou en voiture !), des transparences, des plateaux, des volumes généreux pour étudier, travailler, appréhender l’espace.
Et des matériaux simples, tout en légèreté, du béton du métal, du polycarbonate, des panneaux vitrés. L’école tient plus de l’usine. Ou de la serre horticole ! Tiens, encore un lieux destiné à l’éclosion, la croissance et la vie.
Des étudiant "fiers pour eux"
Les étudiants rencontrés à la sortie d’un rendu de projet sont ravis d’étudier ici. Liam est très enthousiaste, et volubile, "on a travaillé sur la place centrale qui fait 7 mètres sous plafond, les murs bougent, on a pu concevoir de très grands projets, on pouvait ouvrir, faire entrer l’air, la lumière, à l’étage où c’est très bas de plafond on peut faire des plus petits projets. Je pense que l’école a été conçue pour nous, c’est très motivant, très inspirant, ça m’a donné des idées".
"On est fier pour eux" ajoute Kévin étudiant en première année.
Karine Marie est professeur à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes, "je trouve que c’est très mérité, ce sont deux architectes qui ont une démarche honorable, très humaine, et ce bâtiment dans lequel on vit depuis 10 ans répond bien aux attentes pédagogiques et aux objectifs qu’ils s’étaient fixés au départ".
"Ils valorisent les usages avant de penser à la forme. Je suis doublement contente, car Jean-Philippe Vassal était dans mon jury, c’est lui qui m’a diplômée". Les yeux de Karine brillent à cette évocation.
Le Pritzker honore aussi celles et ceux qui œuvrent pour enseigner et apprendre l'architecture à Nantes.
Faire plus avec moins
Dépenser moins, d’argent, de matériaux, et donc de CO2, pour donner plus, d’espace, de possibilités, plus de vie.
Si le luxe c’est l’espace, c’est aussi l’air, la lumière, et les œuvres de Lacaton et Vassal sont destinées à tous. Les étudiants nantais l’ont bien compris.
En 1993 à Floirac, face à Bordeaux la classique du 18ème, ils ont construit un "modeste" pavillon pour une famille ordinaire qui rêvait de pavillon sur catalogue. Le pavillon est devenu une sorte de serre, déjà, d’apparence bricolée, mais fonctionnelle, accessible, et qui répond parfaitement aux usages et à l’épanouissement de ces habitants.
L’école d’architecture de Nantes en reprend le même principe, faire, grand, habitable et agréable, avec moins.
Trois "Pritzker" français pour trois construction à Nantes
C’est la troisième fois que le prix Pritzker est attribué à un architecte français. Il y avait eu Christian de Portzamparc en 1994, puis Jean Nouvel en 2008, et maintenant le couple Lacaton Vassal.
Et ces trois Pritzker ont œuvré à des moments différents sur l’île de Nantes. Le premier avec la construction d’un groupe d’immeubles tertiaires et de logements en lieu et place du "Tripode" (2006-2012), le deuxième avec le magistral Palais de Justice (2000), et maintenant "l’école d’archi", comme la surnomment affectueusement les étudiants qui la fréquentent.