Neuf personnes, soupçonnées d'avoir participé à un trafic international de civelles, l'alevin de l'anguille, sont jugées depuis ce mercredi et pour trois jours devant le tribunal correctionnel de Nantes.
Les neuf prévenus comparaissent aujourd'hui pour des faits survenus entre 2013 et 2016. Ils sont poursuivis pour trafic d'espèces protégées en bande organisée, travail dissimulé ou blanchiment.Les jeunes anguilles étaient pêchées dans l'estuaire de la Loire puis vendues à l'étranger dans le cadre d'un trafic très lucratif.
Plus de 645 000 euros d'avoirs criminels avaient ainsi été saisis lors du démantèlement du réseau en juin 2016 à l'issue d'une enquête ouverte six mois plus tôt.
"Le kilo de civelle se vend entre 250 et 400 euros au marché noir", a précisé ce mercredi Me Rémi Lavigne qui défend l'association de protection de l'environnement Robin des bois, l'une des parties civiles dans ce procès.
"Je transportais juste", s'est défendu le plus jeune des prévenus, âgé de 24 ans, au sujet de trajets effectués vers le pays basque espagnol pour acheminer les civelles, très appréciées sur le marché asiatique. Les alevins d'anguilles étaient livrés par cargaisons de 100 kg en moyenne, selon le président du tribunal.
Une pêche légale en respectant règles et quotas
Il n'y a rien d'illégal à pêcher la civelle. Même si elle est protégée par la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), il est possible de vendre l'alevin d'anguille, à condition de respecter des règles et quotas. Pour la France, ce quota de pêche est fixé à 65 tonnes.
Selon Me Victor Domingues, l'avocat d'un des prévenus, les quantités concernées dans ce dossier sont dérisoires par rapport au marché légal. "On reproche à mon client d'avoir livré environ 200 kg de civelles illégales, il en a vendu huit tonnes de façon légale au cours de la même année", a-t-il fait valoir.
Patrick Lapoirie de l'Agence française pour la biodiversité (AFB), estime à une tonne la quantité totale de civelles concernées par ce trafic qu'il a contribué à démanteler.
Le trafic d'espèces protégées en bande organisée est passible de sept ans d'emprisonnement. Le procès des trafiquants présumés de civelles se poursuit jusqu'à vendredi.