"Pour qu'une femme aime les hommes, rien ne vaut un viol collectif" cette phrase sexiste et homophobe est inscrite en toute lettre sur une cinquantaine d'affiches placardées à Nantes. Choquante, cette campagne de lutte contre les discriminations vise à faire réagir, mais pose question.

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Ils font les gros yeux en découvrant l'affiche. "Qu'est-ce que c'est que ça?", réagissent les piétons interloqués. À l'angle de la rue Paul Bellamy et la rue de Bouillé, non loin du marché Talensac, à Nantes, un panneau publicitaire laisse apparaître, blanc sur noir, en lettre capitale, une phrase des plus choquantes: "Pour qu'une femme aime les hommes, rien ne vaut un viol collectif".

Les passants s'arrêtent alors pour déchiffrer les petites lettres : "En Jamaïque on viole les femmes pour les guérir d'être lesbienne". Une phrase de contexte accompagnée d'un lien vers une pétition et du hashtag #EndHomophobia. Le but derrière tout ça : obtenir des Nations unies l’inscription des droits des personnes LGBTQI (lesbiennes, gays, bisexue(le)s, transgenres, queer et intersexes) à l’article 2 de la Déclaration universelle des droits de l’homme
 


La campagne choc à l'initiative du magazine autrichien Vangardist, et conçue par l'agence de communication Serviceplan, veut choquer pour faire réagir. Un millier d'affiches de ce type ont été installées en France depuis vendredi 17 août. Il y en aurait une cinquantaine à Nantes. D'autres mentionnent: "L'époque où l'on torturait les homosexuels n'est pas si lointaine. Elle est à 3 heures d'avion".
 

Le message ne passe pas

Des slogans coup-de-poing qui ne passent pas auprès de tous, notamment sur Twitter. Certains internautes et défenseurs des droits LGBT dénoncent une campagne "agressive" pour les femmes lesbiennes, pointant notamment le fond du message "peu visible" pour ceux qui passeraient trop rapidement, dans les transports notamment. La European Lesbian Conference a demandé la suppression de la campagne.
 
Noé Parpet, président du Nosig, le centre LGBT de Nantes, comprend les critiques émises à l'égard de ces affiches : "La communication choc n’est pas quelque chose qui nous dérange, mais la forme ici laisse à désirer, parce qu'elle peut être vue par une femme lesbienne comme une véritable attaque d'un groupe réactionnaire, comme on a déjà eu le cas avec la Manif pour Tous." 

Le militant émet par ailleurs une grosse interrogation sur la manière de faire de l'agence de communication : "Nous n'en n'avons pas entendu parler avant qu'elles soient affichées, et c'est vrai que ça aurait pu être utile pour l'agence de communication d'avoir une discussion avec les associations militantes afin qu'ils se rendent compte qu'ils s'adressent aussi à des publics avant des cibles de marché."

Néanmoins, Noé Parpet estime que le but de la campagne, dont "l'intention est louable", est atteint : "C'est sûr qu'un tel phénomène de buzz va faire réagir et atteindre le grand public, et dans ce sens, la campagne fonctionne. Mais nous espérons que cela ne se fera pas aux dépends des personnes LGBT." 

Choquer ? Nécessaire, pour la jeune génération

"On ne devrait pas en arriver là, mais moi je trouve ça très bien, c'est trash, et c'est dans l'air du temps, réagit un jeune homme devant l'affiche. Aujourd'hui, il faut que ça cogne pour faire bouger les choses. C'est violent, mais je pense que les femmes qui se font violer c'est tout aussi violent.

Un autre est plutôt d'accord ; choquer est la seule solution : "Quelque part, je pense que c'est important de choquer les gens pour qu'ils réagissent, et pour qu'ils sachent que d'autres vivent ça, et y réfléchissent." Anne-Gaëlle, éducatrice au centre social rue Bellamy, estime qu'il est "important d'en parler" mais que les gens doivent "apprendre à lire jusqu'au bout"



 
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