Nantes : les salariés de Hop devant le siège social de la compagnie aérienne

Les salariés de Hop se sont réunis ce jeudi matin devant le siège de la compagnie aérienne à Bouguenais près de Nantes, contre le projet de restructuration souhaité par leur direction.

Ce jeudi matin, ils étaient 300, selon la CGT, 200, selon les gendarmes, à avoir fait le déplacement devant le siège social de leur compagnie, "contre le projet de restructuration ! Contre la fermeture des sites et des bases ! Contre les licenciements massifs à venir ! Pour la reconnaissance et la prise en compte de l’ancienneté dans le groupe".

Les salariés de Hop, filiale régionale d'Air France, s'inquiètent du plan de restructuration prévu par leur direction.

Ce premier "rassemblement national" a réuni des salariés venus de toute la France, et notamment de Morlaix et Lille, où les sites sont menacés.
           
Refusant la suppression de la moitié des emplois dans l'entreprise, ils ont installé des pancartes, un cercueil avec une croix pour symboliser "la mort de la compagnie" et ont démonté, à l'aide d'une masse, le grand panneau métallique portant le logo Hop!, qui signale le siège de la compagnie. Ils ont ensuite brûlé le panneau sous les applaudissements des manifestants.

"No hope for Hop!", "Hold-up organisé sur les vols de province", "L'État français fossoyeur de l'aérien", pouvait-on lire sur les pancartes.
           
"On voudrait avoir recours au chômage de longue durée pour voir comment le trafic aérien va évoluer d'ici deux ans, et voir avec les partenaires sociaux la reconstruction de Hop!", a déclaré Étienne Guenat, délégué syndical CFDT.
           
Avant un CSE extraordinaire prévu vendredi, lors duquel la direction doit détailler les chiffres des suppressions envisagées, le syndicaliste s'attend à "un bras de fer sur le nombre de postes supprimés qu'on conteste".
           

Nombreuses suppressions de postes           

Selon des documents diffusés en amont du CSE, 1 019 suppressions en équivalents temps plein seraient envisagées. La suppression des effectifs dans cette filiale, née en 2013 de la fusion des compagnies Brit Air, Régional et Airlinair, toucherait 40% des quelques 2 421 postes. A l'horizon, 2022, il ne resterait ainsi que 1 402 emplois, d'après le syndicaliste Etienne Guenat.
           
"On nous promet des postes chez Air France, mais Air France va très mal. On a très très peur", a confié Pauline Polonceau-Duchene, hôtesse de l'air, qui craint, en cas de reclassement, de "repartir à zéro" malgré 13 ans d'ancienneté.
Le 3 juillet dernier, les salariés de la filiale régionale d'Air France Hop! s'étaient déjà rassemblés à Morlaix, site que la compagnie compte fermer, et devant le siège à Nantes où se déroulait une réunion lors de laquelle la direction a confirmé la suppression d'un millier d'emplois.

Plusieurs dizaines de représentants du personnel venus de toute la France étaient présents depuis l'aube devant le siège social nantais dont le portail avait été cadenassé dans la nuit pour bloquer l'accès au bâtiment.
             
Deux sites de maintenance de Hop devraient fermer, à Morlaix et Lille.

           
Le secteur aéronautique dans la tourmente   

Le secteur aéronautique subit de plein fouet la crise du coronavirus.

A Nantes-Atlantique, la reprise progressive des vols a eu lieu le 8 juin dernier. Un premier vol commercial depuis la fin du confinement a décollé depuis l'aéroport. Une reprise qui s'est faite en douceur, avec une seule liaison, vers Lyon.

Le 15 juin, un premier vol à l'international était effectué vers le Portugal.

En cette fin juillet, le trafic n'a pu reprendre qu'à 50% environ par rapport à la période estivale habituelle.

Mercredi 29 juillet, un fonds de soutien à la filière aéronautique a été annoncé. Il va permettre de débloquer 630 millions d'euros pour aider les entreprises du secteur.

Ce fonds, abondé par l'Etat, les grandes entreprises du secteur aéronautique et une société de gestion, doit renforcer les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises de taille intermédiaire (ETI) fragilisées par la crise du coronavirus. 


Les avionneurs dans le rouge

Airbus a annoncé ce jeudi avoir subi une perte nette de 1,9 milliards d'euros au premier semestre, reflétant la baisse par deux de ses livraisons d'avions sur la période marquée par l'impact de la crise du coronavirus.
           
"L'impact de la pandémie de Covid-19 sur nos finances est maintenant très visible sur le deuxième trimestre, avec les livraisons d'avions commerciaux divisées par deux par rapport à l'année dernière", observe le président exécutif d'Airbus Guillaume Faury, cité dans un communiqué.
            
Airbus a livré 196 avions sur les six premiers mois de l'année, soit moitié moins qu'au premier semestre 2019, les compagnies aériennes, mises à genoux par l'effondrement du trafic, cherchant à repousser leurs livraisons ou étant dans l'incapacité de les réceptionner en raison des fermetures de frontières.
           
Or les livraisons sont un indicateur fiable de la rentabilité dans l'aéronautique, principalement parce que les clients paient la majeure partie de la facture au moment où ils prennent possession des avions.
            
Airbus a enregistré un chiffre d'affaires en chute de 39% sur le semestre (-55% au deuxième trimestre), à 18,9 milliards d'euros et une perte opérationnelle de 1,6 milliard d'euros, pâtissant notamment d'une charge de 332 millions d'euros liée à la fin du programme du gros-porteur A380 en 2021. Le groupe a, en outre, enregistré 900 millions d'euros de charge sur son résultat opérationnel à cause du Covid-19.
           
Pour s'adapter à une reprise du trafic aérien qui ne devrait retrouver son niveau de 2019 qu'entre 2023 et 2025, l'avionneur a baissé ses cadences de production de 40% par rapport à ce qu'il prévoyait avant-crise, avec 40 Airbus A320 produits par mois (contre 60 en 2019), 4 A220 et 2 A330. "La situation actuelle du marché a conduit à un petit ajustement de la cadence de production de l'A350 de 6 à 5 appareils par mois".

Du côté de Boeing, la chute du transport aérien depuis le début de la pandémie est venue s'ajouter aux déboires de l'avionneur américain. Il prévoit de réduire encore ses cadences de production et de licencier encore plus de personnel.
           
Le groupe était déjà englué dans la crise du 737 MAX, son avion-vedette interdit de vol depuis mars 2019 après deux accidents mortels, quand le Covid-19 a fait plonger les ventes de billets d'avion et temporairement cesser la production dans les usines.
Résultat: Boeing n'a livré que 20 appareils au deuxième trimestre.
           
Son chiffre d'affaires a chuté de 25% sur la période à 11,81 milliards de dollars, ce qui est moins qu'attendu par les analystes. Et le groupe a perdu au total 2,4 milliards de dollars.

L'avionneur avait prévenu au printemps que, pour s'adapter au nouveau paysage aérien, ses cadences allaient ralentir. Mercredi, Boeing a également annoncé qu'il cesserait la production de son mythique "Jumbo Jet" 747 en 2022.

Le reportage de la rédaction     

 

    

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