Dimanche 8 décembre, l'édifice a fait salle comble : près de 400 personnes s'y sont pressées pour la première célébration de messe. "C'est une très belle illustration de cette continuité de l'enseignement traditionaliste (...) les églises ferment, nous c'est l'inverse", se félicite l'Abbé Jorna, à la tête de la Fraternité en France.
Ce mouvement catholique traditionaliste, fondé en 1970, est attachés aux rites anciens. A l'époque, le Concile Vatican II - qui témoigne de la volonté de l'Eglise de s'ouvrir au monde moderne - divise. Mgr Lefebvre créé la fraternité de Saint-Pie X. Cinquante ans plus tard, le débat est de nouveau ouvert entre le Vatican et la Fraternité, mais leurs oppositions perdurent.
Une messe selon les rites romains
Parmi les caractéristiques de cette communauté traditionaliste, la messe est dite ici en latin, les communions faites à genoux, certaines femmes portent la mantille,... Des rites romains anciens, en opposition au modernisme prôné par le Vatican. "Il y a des temps de prière, de calme, on peut se vraiment recueillir. C'est ce qui manque dans la messe moderne", confie cette fidèle, élevée dans la tradition Saint-Pie-X. "Les paroles de la messe sont beaucoup plus sacrées, beaucoup plus profondes (...) c'est beaucoup plus précis, c'est plus d'adoration par rapport au Saint-Sacrifice de la messe", complète une autre.Dans l'assemblée du jour, beaucoup de jeunes fidèles. La vingtaine ou la trentaine, souvent baignés dans le milieu depuis tout petits. "Cette profondeur me fait vraiment comprendre toutes les vérités catholiques et m'y font adhérer", explique François, 21 ans. Ces fidèles, attachés aux rites anciens, partagent aussi des idées très conservatrices, voire réactionnaires. Des positions assumées par François. "L'homme est fait pour vivre en société, l'homme a besoin de s'épanouir en société. Malheureusement, les moeurs de la société et l'évolution fait qu'on se retrouve de moins en moins dans la société." Pour autant, le jeune homme tempère une vision trop "caricaturale des médias". "Mon père est médecin, je suis vacciné, je ne suis pas exclu de la Fraternité vous voyez", s'amuse-t-il.

Une nouvelle église "saint Émilien" pour La Fraternité Saint-Pie X, dans le quartier Saint-Félix à Nantes.
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© Jean-Marc Lalier / France Télévisions
La Fraternité sacerdotale Saint Pie X s’oppose sur des points de doctrine comme, entre autre: l’œcuménisme, la liberté religieuse et la séparation de l’église et de l’état.
Mr Olivier Landron, enseignant chercheur en histoire contemporaine spécialiste des religions à l’Université Catholique de l’Ouest d’Angers, était l'invité du 19/20 de France 3 Pays de la Loire lundi 9 décembre.
"Si l’on parle des Lefévriste, c'est-à-dire de la Fraternité de Saint Pie X, non, elle ne fait pas partie de l’église catholique, dans le sens où ils ont refusé certain éléments clés du Concile Vatican II, je pense à la liberté religieuse, je pense à l’œcuménisme au dialogue aussi inter-religieux. Alors la liturgie aujourd’hui, n’est plus un facteur de clivage entre les traditionalistes et je dirais les catholiques entre guillemets."

Première messe de la nouvelle église pour la Fraternité de Saint-Pie X, Nantes, le 8 décembre 2019,
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© Auberie Perreaut / France Télévisions
Ici l’on refuse le mot d’intégriste, les fidèles préfèrent le terme de traditionaliste. Trop connoté selon l’Abbé Benoit de Jorna, Supérieur du District de France de la Fraternité Saint-Pie X. "Je crois que le mot juste c’est traditionaliste qui dit beaucoup mieux ce que nous sommes, plutôt que d’autres. Parce que là, on montre ce que nous sommes et ce que nous continuons : nous continuons un chemin de traditions. Une tradition, c’est quelque chose qui vient d’avant et qui se prolonge et bien, c’est un peu cela, indépendamment justement de tout ce que l’on pourra penser comme idéologique ou je ne sais quel mouvement, le mot conviendrait beaucoup mieux."
L'Abbé Benoir de Jorna affirme que sa communauté est en pleine croissance. D'après lui, ce succès est le fruit d'une constance au fil du temps et de positions assumées. Aujourd’hui, ils seraient plus de 100 000 fidèles en France, dont 1200 environ à en Loire-Atlantique. Au niveau régional, ce chiffre s'élève à 3 000 fidèles, selon l'Abbé Jorna.
Le reportage de la rédaction, un reportage d'Auberie Perreaut, Jean-Marc Lalier et Nathalie Saliou :