Trois nantaises participent à l’édition 2021 de l’Europ’raid, un tour d’Europe en Peugeot 205, pour distribuer des fournitures scolaires. Féministes fières, Yléanna, Alizée et Anne, ont voulu faire plus en s’attaquant à la précarité menstruelle.
Ce raid, elles en rêvaient depuis le lycée. À 23 ans, Yléanna, Alizée et Anne, trois nantaises, se sont enfin inscrites à l’Europ'raid, un raid solidaire à travers l'Europe. L'une revient d'un service civique humanitaire en Equateur, une autre est éducatrice spécialisée, et la troisième étudie le droit. Alors un projet humanitaire en Peugeot 205, pour elles, c'était presque évident.
Cette année, malgré le Covid, c'est le moment : "On finit toute plus ou moins nos études" explique Alizée, qui a eu l’idée du Raid en premier, au lycée.. Yléanna, ajoute "Et pour une fois que nous sommes toutes les trois à Nantes cet été !". Si la situation sanitaire le permet, ces trois femmes qui vivent pour l’aventure et le partage, vont parcourir donc 20 pays, soit 10 000 km, en 22 jours, afin de distribuer des fournitures scolaires dans les écoles.
Mais les trois "raideuses" ne veulent pas s'en arrêter là. En plus des 70 kilos de dons imposés par l'Europ'raid, elles ont décidé de s'attaquer à la précarité menstruelle et de distribuer des protections hygiéniques aux populations précaires qu'elles rencontreront sur leur parcours.
Tampon et stylo bille
"Le féminisme nous a construit depuis le lycée, explique alors Yléanna, qui n'hésite pas à montrer fièrement son tatouage "woman in power". On s'est simplement dit qu'est-ce qu'on pouvait faire de plus, en accord avec nos valeurs, pour vraiment marquer le coup".Elle ajoute : "sachant qu'on va dans des écoles avec des élèves âgé.es de 7 à 15 ans, la plupart auront déjà eu affaire aux menstruations."
La précarité menstruelle, c’est quand les personnes menstruées ne disposent pas des moyens nécessaires pour une bonne hygiène intime pendant les règles. Elle peut être due au manque d'information et d'infrastructures adaptées ainsi qu’au coût élevé des protections hygiéniques, qui sont souvent soumises à une taxe, or comme le souligne Yléanna, "cela se saurait si c’était un luxe, ou encore un choix d’avoir ses règles". Une femme sur dix ne pourrait pas avoir accès à ces produits dans le monde.
En Voiture Bichette
Le nom de leur équipe est celui de leur association, créée pour l’occasion : En Voiture Bichette. "Bichette c’est notre surnom", explique Alizée. Mais la vieille bécane pour parcourir l’Europe, elles ne l'ont pas encore. Pour cela, elles doivent encore chercher des sponsors. Pas évident alors que la crise sanitaire du Covid-19 a pour conséquence une importante perte économique en France. "Les entreprises nous disent que ce n’est pas évident en ce moment, mais on reste motivées coûte que coûte".D'autant plus que les trois amies cherchent en priorité des sponsors qui partagent les mêmes valeurs qu'elles. "On ne pourrait jamais travailler avec McDonald’s, accusé d’harceler ses employé.es, par exemple", glisse Yléanna.
Les Nantaises peuvent déjà se féliciter de leur partenariat avec Périodes, une marque de produit pour les règles bio et française. Pour chaque tote bag "bousculons les règles" acheté, l'entreprise leur reverse pour 5 € de produits de protections hygiéniques. "On aide donc une entreprise française, bio et éthique, pour nous c'est tout bénef" se rejouit Yléanna, bien décidée, avec ses deux amies Anne et Alizée, à aller jusqu'au bout de ce projet, "malgré ce Covid qui nous colle aux roues".
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