"On peut s'attendre à des incidents plus graves", surpopulation et chaleur créent des tensions dans certaines prisons

C'est un nouveau record pour la maison d'arrêt de Nantes. Alors que l'établissement ne compte que 508 places, ce sont 978 détenus qui doivent vivre ensemble. Des conditions d'autant plus difficiles que la chaleur risque d'échauffer les esprits et de créer des tensions.

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Dans les prisons françaises, plus de 78 000 personnes sont détenues pour moins de 62 000 places.

En Pays de la Loire, la situation semble encore plus catastrophique. Les maisons d'arrêt de la région sont débordées et flirt avec des taux d'occupation proche des 200 % pour 126,9 % au niveau national.

Une surpopulation record

Au centre pénitentiaire de Nantes, le quartier maison d'arrêt est occupé à 192,5 %. Le chiffre monte même à 207,6 % si l'on prend uniquement la population masculine.

Ce taux d'occupation atteint jusqu'à 230,7 % à la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon et à 217,9 % à Fontenay-le-Comte. Ces données, communiquées par la Direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) du Grand Ouest (Bretagne, Normandie, Pays de la Loire), font état de la situation au 1ᵉʳ août 2024.

Selon la DISP du Grand Ouest, il faut bien distinguer la surpopulation des maisons d'arrêt de la situation des centres pénitentiaires. "Les centres pénitentiaires ne peuvent pas être en surpopulation, c'est une place par détenu" explique l'institution contactée à ce sujet. En revanche, dans les maisons d'arrêt, on retrouve plusieurs situations.

On peut observer dans une maison d'arrêt des personnes en attente de jugement, des personnes condamnées pour des petites peines et des peines courtes, ainsi que des individus en attente de placement en centre pénitentiaire.

On va de record en record

Direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP) Grand Ouest

Pour la DISP du Grand Ouest, "c'est un phénomène national. Les établissements ne pourront pas s'en sortir tout seul, localement". Selon l'institution, la situation en Vendée avec les établissements de la Roche-sur-Yon et de Fontenay-le-Comte est à prendre dans un contexte particulier, "la Vendée est historiquement un département dans lequel les établissements sont surpeuplés".

La DISP invite également à considérer les équipements présents ou non dans les établissements qui pourraient aggraver les conditions de vie des détenus, notamment au regard des épisodes récents de canicule.

Malgré la présence de douches dans les cellules du centre pénitentiaire de Nantes, le quotidien des personnes détenues reste extrêmement éprouvant. 

Le Grand Ouest se retrouve en deuxième position à l'échelle nationale, en termes de répartition de détenus, derrière l'Île-de-France et devant la Provence-Alpes-Côte-d'Azure et la Corse réunie.

Plus de violence

Ce lundi 5 août, il y a eu deux agressions entre détenus à la maison d'arrêt de Nantes. "On est dans une spirale", analyse William Cozic, responsable Force ouvrière (FO) Justice de Nantes. Il ajoute, "on n'a jamais eu autant de placements sous bracelet, pourtant on a eu une vingtaine d'arrivées la semaine dernière, pour deux personnes libérables. Forcément, ça génère des tensions".

On est totalement submergé

William Cozic

Représentant Force ouvrière (FO) Justice de Nantes

"On ne voit pas trop de solutions, explique le délégué syndical, on ne sait pas où on va. On gère au jour le jour, mais c'est sur le fil du rasoir". Pour lui, il y a de plus en plus de trafic entre les détenus et davantage de dérapages violents. Pour cause, alors que les cellules ne sont prévues que pour deux personnes, elles en accueillent quatre.

On peut s'attendre à des incidents plus graves

William Cozic

Représentant FO Justice Nantes

Avec les épisodes récents de forte chaleur, William Cozic s'inquiète que les tensions explosent entre détenus, "avec la chaleur, ça commence à se tendre".

La structure a rajouté, ces dernières années, 170 lits et 230 matelas au sol. C'est un véritable casse-tête pour le personnel de l'établissement qui doit trouver des places pour les nouveaux arrivants ou transférer les détenus en cas de problème.

Mais ce sont surtout des conditions de vie terribles pour les personnes qui habitent ces espaces complètement saturés.

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