Les salariés de la prison la plus surpeuplée de France sont rassemblés ce mercredi pour exprimer leur mécontentement face au manque de personnel et à la surpopulation carcérale. Ils dénoncent l’inertie de la direction interrégionale des services pénitentiaires.
"On est là pour un manque d’effectifs au niveau des surveillants par rapport à la surpopulation pénale." Devant la maison d’arrêt de la Roche-sur-Yon, David Rauturau, surveillant, ne s’embarrasse pas de détails. Les raisons de la mobilisation de ce mercredi, devant la maison d’arrêt de La Roche-sur-Yon, sont simples. Limpides. "Actuellement, on est à 240%, c'est-à-dire qu'on tourne à 93-94 détenus pour 39 places. C'est énorme."
Selon lui, la surpopulation se ressent d’autant plus lors des mouvements quotidiens au sein-même de l’établissement : "Quand vous avez l’infirmerie, le dentiste, le psychologue, le psychiatre, on peut facilement arriver à 40-50 détenus qui bougent chaque matinée. Ca fait beaucoup, et ça peut créer encore plus d’incidents."
Pour gérer au mieux ce flux quotidien, les surveillants devraient être 28 en poste. C’est sans compter les arrêts maladie, congés et départs en retraite non remplacés. "Actuellement, nous sommes 18, regrette David Rauturau. Nous avons alerté la direction interrégionale, mais ils ne font pas du tout les mêmes calculs. Pour eux, on est à 100 %."
Le personnel administratif, l'autre maillon de la chaîne
Loin de reposer uniquement sur les surveillants, le fonctionnement de la maison d’arrêt dépend aussi en grande partie du personnel administratif qui tient « à bout de bras » la prison de La Roche-sur-Yon. Pascaline Vallée n’a pas hésité une seconde à se joindre au mouvement. « Aujourd'hui, les administratifs sont là aussi pour signaler que l'état des effectifs RH et la surpopulation de la maison d'arrêt impactent tous les maillons », dénonce cette responsable de greffe pénitentiaire.
En plus des congés et des arrêts maladie non remplacés, à l’image de leurs collègues surveillants, les services administratifs souffrent aussi d’instabilité au sein de leurs effectifs. "Nous avons également des précarités, des contractuels qui ne savent pas d'un mois sur l'autre s'ils vont être prolongés", illustre Pascaline Vallée.
Si la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon tient aujourd'hui, c'est uniquement parce qu'on a tous une conscience professionnelle.
Pascaline Vallée, responsable de greffe pénitentiaire à la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon
Cette situation se traduit mécaniquement par "une surcharge mentale et une surcharge de travail incroyable." Par exemple, "on nous demande d'ouvrir rapidement des dossiers d'orientation ou de transfert pour désencombrer notre établissement, mais la direction interrégionale met un temps incroyable à répondre, peste la responsable de greffe. On a l'impression de faire des tâches complètement inutiles (…) et de subir la pauvreté de notre administration."
De l’aveu de l’immense majorité des salariés, "si la maison d'arrêt de La Roche-sur-Yon tient aujourd'hui, c'est uniquement parce qu'on a tous une conscience professionnelle, conclut Pascaline Vallée. Clairement, on nous demande de faire toujours plus, avec moins de moyens. Mais on est fatigué, et vraiment fatigué."