Le centre pénitentiaire de la Roche-sur-Yon, en Vendée, affiche une surpopulation record. Il y a plus de détenus que de places disponibles. Une tendance nationale, et inquiétante, selon un syndicat.
Nos prisons des Pays de la Loire sont-elles aussi surpeuplées que dans le reste de la France ? Oui, à en croire le dernier bilan de la direction interrégionale des services pénitentiaires de Rennes (Ille-et-Villaine), dont dépend notre région. C'est le cas par exemple de la maison d'arrêt de la Roche-sur-Yon (Vendée).
Les maisons d'arrêt et quartiers maisons d'arrêt accueillent les personnes en détention provisoire ou les condamnés à moins de 2 ans de prison. Au contraire des établissements pour peine, presqu'au plus haut de leurs capacités, destinés aux personnes définitivement condamnées.
Sur l'ensemble de la région, il y a 1 143 places en quartier maison d'arrêt. Au 18 avril, ils étaient occupés par 2 063 personnes.
Des prisons surpeuplées au national comme au local
"Sur l’interrégion Grand Ouest (Bretagne/Normandie et Pays de la Loire), le taux de surpopulation des maisons d’arrêt du ressort oscille entre 130% et 248%", nous indique la direction interrégionale des services pénitentiaires de Rennes. Ce triste record de 248% d'occupation revient à la maison d'arrêt de la Roche-sur-Yon (Vendée), apprend-t-on également.
À ce problème, les responsables régionaux des prisons se justifient en rappelant que la surpopulation pénale est "nationale". Ils mettent en avant les dispositifs pour tenter de remédier à cette suroccupation. "Quand cela est possible, l’administration pénitentiaire désencombre entre maisons d’arrêt quand il existe des marges de manœuvre, effectue aussi des transferts de personnes détenues condamnées vers des établissements pour peines", complète ce service local du ministère de la Justice.
Il reconnaît enfin que ce fonctionnement porte atteinte aux détenus eux-mêmes, mais aussi au personnel : "La surpopulation n’est évidemment pas sans conséquence sur les conditions de détention des personnes détenues et leur accès aux différentes activités/prises en charge, et sur les conditions de travail des personnels."
Colère parmi le personnel des prisons
Le personnel, pour sa part, réagit vivement à ces statistiques. "Aujourd’hui, ce sont des cellules à 3, alors que l’Europe oblige à l'incarcération individuelle. Chaque année, la France se fait condamner pour ça. À Nantes, établissement de 2012 avec 420 lits, il a fallu en ajouter 180. Malgré cela, il y a 200 matelas au sol. Il faut aussi faire cohabiter les détenus : séparer prévenus et condamnés, les moins de 21 ans et les plus âgés, certains profils psychologiques", tance William Cozic, délégué permanent FO Justice au centre pénitentiaire de Nantes.
Il y a urgence à agir, selon lui : "La situation de surpopulation est quand même généralisée. Pendant très longtemps, seules les petites maisons d’arrêt étaient impactées. La Roche-sur-Yon et Fontenay-le-Compte étaient régulièrement à 200% d’occupation. Maintenant, Angers les a atteint. Nantes, qui est un très gros établissement, approche de ce taux."
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Les exceptions deviennent la norme, ce qui est très grave, de son avis. "La capacité opérationnelle tourne autour de 40 détenus à la Roche-sur-Yon, et 33 à Fontenay-le-Comte. En juillet 2023, il y en a eu 67 à la Roche-sur-Yon, soit 216% d’occupation. Les 248% sont surement dus à l’arrivée de 8 à 10 détenus en plus. Il y avait 70 détenus à Fontenay, donc 210%. Sur la même période, Nantes était à 165% : ils ont pris une centaine de détenus additionnels, d’où les presque 200%. Angers est déjà à 200%."
Invité à réagir aux solutions de sa direction de tutelle, il se montre sceptique : "Il n’y a aucune marge pour absorber des transferts. Les établissements pour peines, dont les centres de détention, sont à 98% d’occupation sur le ressort. Sans compter qu’il y a les élections Européennes, avec l’enjeu d’incarcérer à tout va. La seule solution, comme durant le Covid, c'est beaucoup de libérations. Le plan ’15 000 places’ est une idée à moyen terme, mais il faut avoir les personnels. L’urgence se joue là, il ne faut pas attendre l’ouverture d’Angers en 2026 : les incidents se multiplient."
Sa colère risque encore de durer. Le plan "15 000 places de prison", porté par le président de la République et le gouvernement, ne devrait être mené à son terme qu'en 2027.
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