Le conseil communautaire de l'Agglomération d'Angers a voté un avis favorable à la déclaration d'utilité publique du futur établissement. Un "oui mais" qui ouvre la voie à un projet de prison située à quelques kilomètres au nord-est d'Angers. Cet établissement pénitentiaire de 850 places doit voir le jour en 2027.
Illustration par l'exemple de l’âpreté des débats sur le dossier : il aura fallu attendre la 13ème version du projet de délibération pour arracher un vote favorable lors du conseil d'Angers Loire Métrople ce jeudi 14 mars 2024.
De plus, la décision a été arrachée dans un compte à rebours serré : l'Etat avait donné le samedi 16 mars 2024 comme date butoir aux élus de la métropole angevine pour rendre un avis sur cette Déclaration d'Utilité Publique. Un préalable obligatoire à une possible Enquête Publique, en cas de résultat positif.
Deux votre contre et 12 abstentions
Un vote final à l'unanimité moins deux contre, et 12 abstentions, avec des réserves sur la construction du futur centre pénitentiaire sur une zone de 36 hectare. Une zone située à la jonction des communes Loire-Authion, Trélazé et Saint-Barthélémy d'Anjou.
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Parmi les deux élus opposés à cette délibération : l'écologiste Stéphane Lefloch qui dénonce une "escalade carcérale" qui génère selon lui des "fractures sociales".
"L'Etat impose ses conditions et son agenda" regrette l'élu angevin qui fait un parallèle avec le projet avorté de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes près de Nantes.
Cela me rappelle un fameux autre projet présenté comme indispensable, celui d'un aéroport dans la campagne nantaise
Stéphane Leflochconseiller communautaire groupe "Aimer Angers"
De son côté, Jean-Marc Verchère, le président d'Angers Loire Métropole et actuel maire d'Angers a rappelé en préambule du vote le caractére "trés vétuste" de l'actuelle prison d'Angers.
Une prison vétuste et surpeuplée
L'établissement actuel a ouvert en 1856, sa surpopulation actuelle frôle les 200 % ( 449 détenus au 1er avril 2023 pour une capacité de 266 places).
Personne ne conteste la nécessité de doter le territoire d'un prison moderne, humainement confortable, et qui donne des conditions de détention normales ce qui n'est pas le cas aujourd'hui
Jean-Marc VerchèrePrésident Angers Loire Métropole
En 2014, le projet initial décidé après des années d'attente prévoyait une maison d'arrêt de 450 places.
La visite du garde des sceaux Eric Dupont-Moretti en 2021 avait acté un centre pénitentiaire à la capacité doublée : 850 places (dont 90 places pour les femmes).
Un projet sous haute tension
Depuis le projet n'a cessé d'être amendé, retoqué et critiqué par de nombreux élus, notamment les maires des trois communes sur lesquelles il doit être implanté ( Loire-Authion, Trélazé et Saint-Barthélémy d'Anjou).
ll faut dire que le terrain choisi est situé à 200 métres d'habitations et d'une ampleur manifeste de par sa capacité d'accueil et l'étendue du site choisi : 50 000 métres carrés.
Une fois construit, il deviendra le sixiéme centre pénitentiaire de France par sa taille.
L'Etat a notamment organisé de nombreuses réunions pour déminer le terrain.
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Christophe Béchu, ex maire d'Angers mais toujours conseiller métropolitain était également présent lors des débats.
Le Ministre de la Transition Ecologique mais aussi de la Cohésion des Territoires a salué "un vote courageux" et souligné "aucun projet n'était jamais parfait", mais il a présenté celui retenu comme 'le meilleur possible dans le contexte".
L'intégralité des débats sur la future prison lors du conseil communautaire du jeudi 14 mars 2023 est à retouver sur ce lien.
Un vote avec réserves
Dans leur vote les élus d'Angers Loire Métropole ont exprimé trois réserves, notamment sur l'accès à la prison : "L’accès nord devra être le seul accès au centre pénitentiaire" évoque l'attendu final.
L'espace boisé du Bois de Verrières tout proche du chantier doit être protégé "de tout impact" en raison de son classement.
Enfin les compensations environnementales "devront être définies en concertation avec les communes concernées"
Un calendrier encore chargé
Place maintenant à la mise en compatibilité avec le Plan Local d'Urbanisme, puis au démarrage de l'enquête d'utilité publique, problablement l'été 2024.
Ensuite les travaux pourront démarrer pour une sortie de chantier prévue à la fin de l'année 2027.
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