Mettre la musique en images ou l'inverse ! L'exercice n'est pas nouveau et les Nantais de Fragments aiment s'y confronter avec hier Songs for Marge, un album inspiré par les scènes du film Fargo des frères Coen, et aujourd'hui avec Amasia, un voyage musical illustré par l'artiste Flobath et influencé par la science-fiction...
Il est des musiques qui font indéniablement naître en nous des images, qu'elles soient animées ou figées. Les onze titres d'Amasia, le nouvel album du trio nantais ex-rennais Fragments, sont de ceux-là, onze titres instrumentaux à vous envoyer dans la stratosphère pour quelques décennies.
Et ça tombe bien puisque le voyage dans l'espace et le temps est le fil rouge de cette nouvelle création mettant en son et en images un futur proche où les cartes de la biodiversité auraient été redistribuées suite à une rupture écologique. Avec pour conséquence immédiate la migration des populations vers l’hémisphère sud et la désertification des mégalopoles du XXIème siècle.
"En amont de notre création du ciné-concert Fargo en 2018...", expliquent Tom et Benjamin du groupe Fragments, "nous avions quelques morceaux épars, mais le film des frères Coen nous a bien occupé les années suivantes, et ce n'est qu’au moment du premier confinement, alors qu’on était tous les trois cloîtrés respectivement dans nos appartements qu’on s’est replongé sur le concept d’un nouveau disque".
"On a discuté et échangé beaucoup de fichiers à distance, c’était une méthode moins collégiale pour faire de la musique, moins organique que les répétitions “classiques”, mais ça nous a permis d’avancer".
"C’est peut-être aussi ce qui nous a motivé à tracer à ce moment des grandes lignes et trouver assez rapidement un concept, un récit, pour donner de la cohérence à l’ensemble. On a eu envie d’illustrer l’univers qu’on cherchait à décrire, l’exploration de l’hémisphère nord où la nature aurait repris ses droits...".
Onze titres, autant d'illustrations signées Florian Mallet aka Flobath, des illustrations fortes pour un univers singulier aux atmosphères luxuriantes et inquiétantes.
"Florian se lançait à plein temps dans l’illustration et nous nous sommes mutuellement rendu compte de l’évidence de travailler ensemble".
"La première phase a consisté à définir l’ambiance de ce monde inexploré. On s’est d’abord questionné ensemble sur ce qu’on voulait montrer : des espaces où l’activité humaine passée a laissé des traces ; des bâtiments abandonnés et grignotés par la végétation ; des paysages parfois apaisants, parfois angoissants, représentant les différents biomes terrestre de l’hémisphère nord. Tout ça a été défriché morceau par morceau, à l’aide de croquis rapides que Flobath consignait dans un petit carnet et qu’il nous partageait régulièrement".
"Le groupe optait par la suite pour un croquis ou pour une ambiance générale qui ressortait de cette phase de travail. La deuxième phase était la réalisation de l’illustration originale, en noir et blanc, au format A3. C’est la phase où le caractère graphique de Flobath s’exprime réellement, en utilisant un seul type de feutre (brush) qui permet d’obtenir ce côté gravure/BD".
"La mise en couleur a été faite numériquement avec un parti pris fort, celui de se limiter à 3/4 couleurs par illustration pour un rendu proche de la sérigraphie. On s’est autorisé des couleurs flashy et pas forcément réalistes pour contrebalancer la mélancolie qu’on peut trouver dans la musique ou dans le scénario, l’idée n’étant pas de faire un album post-apocalyptique “cliché” sur l’effondrement. Flobath proposait plusieurs versions à partir desquelles on bossait tous les 4 jusqu’à obtenir l’ambiance qui nous évoquait le plus Amasia".
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Une exposition des illustrations est à découvrir au festival Les Embuscades à Mayenne jusqu'au 8 octobre
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