Jean-François Pasques partage son quotidien entre sa passion de l’écriture et son métier de capitaine de police, où la réalité dépasse parfois la fiction. Son dernier roman, “Le fils de personne”, a reçu le prix du Quai des Orfèvres.
Il se décrit comme un cheval de trait. Quand certains sont taillés pour la compétition, tels des chevaux de courses, lui trace ses sillons, méticuleusement, laborieusement, mais avec une énergie constante et une passion limite dévorante.
"Le fils de personne" est déjà le 8e roman de Jean-François Pasques et le premier à recevoir le prestigieux prix du Quai des Orfèvres. "C’est une véritable reconnaissance. D’une part parce qu’il m’a été décerné par mes pairs, et d’autre part parce qu’il a une publicité énorme et un effet médiatique très important" reconnaît l’auteur.
Une double enquête captivante
L’histoire est celle d’une double enquête autour de la naissance "sous X" menée par le commandant Julien Delestran. Avec d’un côté, un cadavre retrouvé dans un bassin du jardin des Tuileries, à Paris. De l’autre, la disparition de trois jeunes femmes. Et pour l’aider dans ses recherches, sa hiérarchie lui adjoint l’aide d’une psychologue, Claire Ribot. Sceptique dans un premier temps, le commandant Delestran va bien être obligé de reconnaître son utilité quand il s’agit d’aller sonder les tréfonds de l’âme humaine.
L'ancien policier apporte une authenticité unique
Jean-François Pasques, ancien flic parisien qui officiait au sein de la police judiciaire, a fait un choix de vie il y a dix ans et opté pour la côte ouest. Il a ainsi troqué les grosses enquêtes d’enlèvements, de meurtres, de séquestrations et autres braquages pour le quotidien de la voie publique à Nantes. "Je suis un peu l’équivalent du médecin du Samu et des urgences", glisse-t-il.
"J’ai un métier où mon ordinaire, c’est l’extraordinaire du citoyen. Je rencontre tous types de personnes, de lieux, d’atmosphères. Je vois de belles façades, mais j’y entre par les coulisses. Donc, je n’ai pas besoin d’imagination pour écrire. Au contraire, je dois restreindre la réalité pour rester crédible".
L'auteur s'inspire de son quotidien
C’est au petit matin, quand tous les chats sont encore gris, que l’auteur affûte son séquencier, rafistole son enquête, affirme ses personnages et affine son écriture. Puis le capitaine reprend la main et s’en va rejoindre ses gars de police secours pour mener les affaires courantes. "On est de plain-pied avec la société. On voit apparaître des phénomènes bien avant les autres. La violence, devenue polymorphe, s’est incrustée dans des milieux dans lesquels on n’intervenait pas. Elle est maintenant très présente dans les écoles, ce qui n’était pas le cas quand j’ai commencé. On a vu apparaître le phénomène des violences conjugales puis d’autres comme le harcèlement sur les réseaux sociaux".
Le goût pour les auteurs classiques
Autant de sujets pour ses prochains romans policiers, lui qui ne lit que très peu de polars, "pour garder ma fraîcheur". Les romans qu’il dévore sont plutôt classiques : Camus, Balzac, Céline. "
Avec Voyage au bout de la nuit, j'ai pris une grosse claque. J’ai ensuite découvert les auteurs russes, puis Joseph Kessel que j’ai adoré et Georges Simenon sur le tard, mais pas les Maigret. Avec Simenon, j’ai l’impression d’être en famille dans sa façon d’écrire, dans cette atmosphère".
Le bandeau rouge du prix du Quai des Orfèvres a mis une pression supplémentaire sur les larges épaules de l’auteur qui le compare à l’“effet miss France”. Il faut assumer et surtout préparer la suite. Et pour ça, comptez sur lui. Un cheval de trait.
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