Nantes Métropole veut réduire l'affichage publicitaire sur son territoire d'ici deux ans. Pour atteindre son objectif, plusieurs opérations de retrait de panneaux de publicité sont nécessaires. La première a eu dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 janvier 2023.
On adore la détester : la publicité, omniprésente, va bientôt se faire un peu plus rare dans les communes de Nantes Métropole.
C'est déjà le cas puisque JCDecaux, titulaire du contrat de publicité urbaine, a déposé au total 110 panneaux de 8 m² et 10 autres de 2 m² dans six communes tout au long de la nuit.
Cette opération devrait diminuer de 2000m2 la surface d'information de publicité et permet d'économiser 625 000 kwh par an. Elle est la conséquence du nouveau Règlement local de publicité métropolitain (RLPm) voté le 30 juin 2022 par le Conseil métropolitain.
Une RLPm qui vise à réduire de 45% l'affichage publicitaire sur l'espace public d'ici fin 2024 pour préserver le cadre de vie des habitants et limiter la consommation d'énergie liée à la publicité extérieure.
1 000 panneaux à supprimer
Ambitieux, l'objectif du RLPm oblige Nantes Métropole à se séparer de 1 000 panneaux de publicité, soit un tiers des supports existants sur le territoire.
"Une bonne avancée" selon Lucas Lechat, bénévole à l'association Résistance à l'agression publicitaire (RAP) Nantes.
Par rapport aux règlements négociés dans d'autres métropoles, on est plutôt satisfaits, même si on peut toujours faire plus.
Lucas LechatBénévole à Résistance à l'agression publicitaire Nantes
Outre la quantité de panneaux disponibles sur le territoire, le document prévoit aussi des restrictions sur la publicité lumineuse et les panneaux numériques dans un souci de transition énergétique.
RAP estime que sur ces points, Nantes Métropole aurait pu aller plus loin. "Les panneaux lumineux seront éteints de minuit à 6h du matin. Dans les discussions, on évoquait 22h-23h", relève Lucas Lechat.
Qu'adviendra-t-il des panneaux ?
De son côté, le publicitaire JCDecaux semble penser qu'à l'inverse, la collectivité aurait pu aller moins loin.
Valentin Gourdon, directeur régional Bretagne-Pays de la Loire, regrette l'impact de cette réduction de la publicité extérieure sur l'activité des annonceurs locaux et régionaux. Ils représentent un quart de la clientèle de l'entreprise.
"Le média par excellence des annonceurs locaux, c'est la publicité extérieure. Plusieurs d'entre eux se sont plaint de cette mesure auprès des directeurs commerciaux. En supprimant leurs emplacements d'affichage habituels, on les pousse dans les bras de Google et Facebook", affirme-t-il.
Le directeur régional évoque des "discussions fournies lors des concertations avec Nantes Métropole".
La sélection des panneaux restants s'est fait main dans la main avec Nantes Métropole pour que nous maintenions un maillage de qualité.
Valentin GourdonDirecteur régional Bretagne-Pays de la Loire chez JCDecaux
La société JCDecaux est titulaire du contrat de publicité de la métropole jusqu'en 2036. C'est elle qui réalise le retrait des panneaux sélectionnés.
Insistant sur l'engagement de JC l'entreprise dans l'économie circulaire, Valentin Gourdon assure que les panneaux seront reconditionnés pour être réemployés dans d'autres villes.
Moins 3,5 millions de revenus par an
La collectivité limite toutefois les retraits de panneaux car ils entraînent dans leur sillage la diminution de ses recettes financières.
Elle perçoit en effet une redevance versée par JCDecaux. Le montant est prélevé sur les recettes générées par les contrats de publicité passés avec les annonceurs.
Moins de panneaux signifie moins de recettes publicitaires. La redevance va diminuer de 3,5 millions d'euros par an selon Thomas Quéro, adjoint à la mairie de Nantes chargé des projets d'urbanisme.
C'est un choix politique et un choix de société.
Thomas QuéroAdjoint à la mairie de Nantes en charge des projets d'urbanisme
Le conseiller métropolitain explique qu'au vu du budget annuel d'un milliard d'euros dont dispose Nantes Métropole, "le montant est absorbable".
La collectivité garde le cap et prévoit d'interdire la publicité sur 70% de son territoire. Après 2024, l'application du Règlement local de publicité métropolitain sera renforcée avec la mise en conformité des enseignes commerciales jusqu'en 2028.