VIDEO. Grève contre la réforme des retraites : témoignages dans la foule des manifestants ce mardi 7 mars, à Challans, Saint-Nazaire, Nantes, Angers, Le Mans...

Sixième journée de mobilisation ce mardi 7 mars, à l'appel des syndicats, contre la réforme des retraites. En Pays de la Loire, des dizaines de milliers de manifestants ont battu le pavé.

Après deux manifestations en janvier (les 19 et 31), trois en février (les 7, 11 et 16), ce 7 mars mobilise à nouveau contre la réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron, dont le premier article seulement a pu être voté et adopté par l'Assemblée Nationale, après 10 jours de débats houleux. La fin progressive des régimes spéciaux.

Le temps imposé de 20 jours pour la présentation en commission, les échanges, les votes dans l'hémicycle, ne pouvant être dépassé, le travail des députés s'est achevé le 17 février, 

Le texte est maintenant en discussion devant le Sénat, d'abord en commission, puis, depuis le 2 mars, dans l'hémicycle. Les sénateurs devront conclure leurs travaux pour le 12 mars. 

Une commission mixte de députés et de sénateurs se penchera ensuite sur la réforme pour tenter de trouver un projet commun et le présenter à nouveau aux deux assemblées pour un vote majoritaire.

Si ce n'est pas le cas, au terme de toute cette procédure, le gouvernement pourra tout de même imposer sa réforme par le biais du 49.3 ou d'ordonnances.

En attendant la suite de ce feuilleton parlementaire, les syndicats continuent de mobiliser et ce 7 mars est présenté comme une journée phare du mouvement d'opposition à la réforme.

Challans, en Vendée, était une des villes où le rendez-vous était le plus tôt ce mardi. Dès 10h, le rassemblement avait lieu sur la Place du Champ de Foire.

2 000 personnes, selon les syndicats, s'y étaient retrouvées le 11 février, un record pour cette ville. Ces mêmes syndicats se disent agréablement surpris par cette nouvelle mobilisation, ce mardi, où l'on pouvait voir notamment des salariés de l'hôpital, des retraités mais aussi des employés d'entreprises privées comme Bodin, une entreprise de travaux publics.

Johann Landrieau est secrétaire du CSE dans cette entreprise qui emploie 80 personnes à Challans. Aucun n'avait fait grève lors des précédentes journées de mobilisation en janvier et février. 

"Si on ne fait pas grève maintenant, on ne le fera jamais !" 

"J'en parlais quand on se croisait à la machine à café, raconte Johann, ils ne se sentaient pas impliqués alors j'ai envoyé un mail général. Ils m'ont répondu : si on ne fait pas grève maintenant, on ne le fera jamais !" 

Et ce mardi matin, ils sont une douzaine de l'entreprise à rejoindre la manifestation.

"C'est un peu comme pour tout le monde, témoigne Johann, à 64 ans, avec nos métiers difficiles, ce sera compliqué sur le terrain. La plupart des ouvriers du BTP ont des problèmes de dos, notamment (chez Bodin) les maçons qui posent les bordures."

Johann évoque aussi les journées dans le froid l'hiver ou sous la chaleur l'été avec les enrobés chauffés à 160°.

"On subit aussi les délais de livraison de chantier, dit-il, faut faire tout très vite."

Pour la Vendée, selon un décompte syndical, il y aurait eu 18 000 manifestants à La Roche-sur-Yon, 1700 à Challans et 700 aux Sables d'Olonne.

A Saint-Nazaire, ils étaient 14 000 manifestants selon la préfecture, 17 000, selon les syndicats, à 10h devant la base sous-marine. Une des plus fortes mobilisations de ce mouvement, estiment certains. Dans les rues, certains rideaux de commerces étaient baissés avec une affiche "en grève" sur la vitrine.

le défilé des manifestants dans le centre-ville de Saint-Nazaire

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Manifestation contre la réforme des retraites à Saint-Nazaire le 7 mars 2023 ©France Télévisions Christophe François

On parle d'un mouvement qui pourrait durer plusieurs jours dans le secteur portuaire.

Le cortège, parti de la base sous-marine, a pris la direction du centre-ville et de la mairie.

Cathy est parmi les très nombreux manifestants, elle aura 60 ans bientôt et est ce qu'on appelle "une carrière longue". Mais elle ne peut pas prendre sa retraite alors qu'elle a plus de 170 trimestres.

"Je ne comprend pas pourquoi, dit-elle, sans doute les périodes de chômage, d'arrêt de travail. Je suis en invalidité." 

Cathy a été peseuse pour un parfumeur, manutentionnaire, secrétaire, assistante commerciale, caissière, vendeuse, fleuriste et est aujourd'hui en télétravail comme assistante qualité.

"Je trouve cette réforme extrêmement injuste, dit-elle, c'est la double peine."

Sur la pancarte qu'elle a fait rapidement hier, elle a écrit "Femme et mamy en colère, stop à la réforme injuste". 

A Nantes, la foule était dense et on a dépassé sans doute les chiffres de la manifestation du 19 janvier. Ce mardi, selon les chiffres de la préfecture de Loire-Atlantique, 30 000 personnes ont défilé, ce serait 75 000 selon les syndicats.

"On est très satisfait, déclare Michel Le Roc'h, secrétaire départemental FO en Loire-Atlantique qui constate également un fort taux de grève dans les industries. C'est la preuve que le gouvernement serait bien inspiré de réfléchir et de retirer sa réforme. On appelle partout où c'est possible à ce que les salariés discutent et poursuivent la grève."

Même bilan positif pour Eric Malo, secrétaire régional adjoint de la CFDT.

"On passe le cap des 100 000 manifestants en Loire-Atlantique, se félicite Eric Malo. La nouveauté, ça a été les entreprises qui sont sorties massivement et un point supplémentaire de manifestation avec Clisson où on a compté 1200 manifestants."

"Je vais me taper deux ans de plus avec cette réforme !"

Ronan Gilbert est délégué CGT à la SEMITAN, la société des transports en commun de l'agglomération. Il a participé à toutes les journées d'action. Son syndicat annonce 30 % de grévistes chez les conducteurs ce mardi. 

"Je vais me taper deux ans de plus avec cette réforme, dit-il. Les arrêts de travail sont de plus en plus nombreux. Quand j'étais à la RATP, un rapport de la mutuelle disait que les conducteurs vivaient 7 ans de moins que les administratifs."

Ronan évoque les problèmes de dos, d'épaules que connaissent les conducteurs.

Le rendez-vous à Nantes était à 11h devant le miroir d'eau, près du château, le cortège s'est lentement mis en marche, les derniers ont dû attendre longtemps avant de pouvoir se mettre en mouvement, preuve du succès de cette journée.

A Châteaubriant, les syndicats ont compté 4000 manifestants (1400 selon la préfecture) et 8000 à Ancenis (5500 selon la préfecture).

En Mayenne, les syndicats s'étaient mis d'accord pour une seule manifestation à Laval, ville centrale dans ce département.

C'est à 11h que le rendez-vous était donné au "rond-point Lactalis". Plusieurs milliers de personnes s'y sont rejointes, garant leurs véhicules parfois assez loin du lieu de rassemblement. Une mobilisation dont l'ampleur est peu courante à Laval. Salariés du privé et du secteur public côte à côte, avec, notamment les municipaux de l'agglomération ou les agents de l'hôpital.

Le cortège est parti vers midi pour un aller-retour sur la rocade. 

Au Mans, c'était en tout début d'après-midi que le cortège s'élançait de l'arrêt de tram Saint-Martin en direction de la place des Jacobins. Dans la foule, 13 000 personnes selon la Préfecture, Guillaume, enseignant dans le second degré et bien décidé à ne pas lâcher.

"Il faut continuer la mobilisation, expliquait Guillaume, le gouvernement est complètement sourd à ce que peuvent exprimer les manifestants. La première des choses aurait été de travailler autour des conditions de travail avant de s'atteler à ce projet de réforme des retraites qui, à mon avis, peut attendre au vu des résultats des caisses de retraite."

Guillaume ne se voit pas au delà de 60 ans toujours devant des élèves, trop de différence d'âge avec les jeunes. "C'est un métier qui est passionnant mais qui est très exigeant, dit-il. On ne peut pas s'engager jusqu'à 64 ou 65 ans. Et ce n'est que le début, les professeurs rentrent dans le métier de plus en plus tard. On ne peut pas envisager une carrière d'enseignant aussi longue."

La retraite, plus j'avance dans ma carrière et plus elle recule.

Christophe, enseignant à Angers

Même point de vue à Angers pour cet autre enseignant : "C'est fatiguant d'avoir 25 élèves à longueur de journées, confirme Christophe. A 64 ans, je n'aurai plus la force de faire comme je faisais à mes débuts."

"J'ai commencé ma carrière, j'aurais dû être en retraite à 55 ans, constate amèrement François, enseignant en primaire. Je suis passé à 57 ans avec la réforme Touraine (2014), et là peut-être 1, 2 ou 3 (de plus), on ne sait pas. Je rentre à la maison le soir après le travail, je suis bien fatigué et pourtant je n'ai que 56 ans. J'ai fait les simulations, je vais travailler plus longtemps pour gagner moins.

Pour Stéphanie qui travaille dans l'événementiel, cette réforme est contreproductive.

"Il faut du travail pour tout le monde, explique-t-elle, plus on travaillera tard, moins il y aura du travail pour les plus jeunes. Ça ne fera que déplacer le problème."

A Angers, le cortège de manifestants est parti en début d'après-midi de la place Leclerc pour rejoindre la voie rapide et revenir ensuite vers le centre-ville.

Les estimations de la préfecture du Maine-et-Loire donnait les chiffres de 17 000 manifestants pour Angers, 4000 à Cholet, 3700 à Saumur et 800 à Sebré.

Olivier Quentin avec Maxime Jaglin, Elodie Soulard, Pierre-Erik Cally, Laura Audemar et Jérémy Armand.

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