La réforme scolaire qui prévoit notamment d'instaurer des groupes de niveau dans les collèges ne passe pas chez les enseignants ni chez les parents. Ces derniers se mobilisaient ce jeudi devant les établissements scolaires.
Qu'on l'appelle opération "collège mort" ou "école déserte", cette mobilisation est une opération menée par les parents d'élèves et soutenue par les syndicats et les enseignants qui s'opposent à la réforme scolaire voulue par Gabriel Attal dans le cadre du plan "Choc des savoirs".
Un classement par groupes de niveaux
Ce qui inquiète les parents, ce sont principalement deux mesures. D'abord la mise en place de groupes de niveau au collège qu'intégreront les élèves en fonction de leur niveau scolaire. Les parents craignent un effet pervers qui "classerait'" dès la 6ème, après une évaluation en primaire, les élèves dans des programmes d'enseignement différents en Français et en mathématiques suivant leur niveau. Le danger étant que l'élève, s'il n'a pas le niveau requis au départ, ne puisse plus quitter le niveau qui lui a été imposé.
L'autre mesure refusée, c'est l'obligation d'avoir le brevet des collèges pour pouvoir entrer au lycée.
Là encore, les parents d'élèves soupçonnent une "fabrique de perdants" qui seront écartés dès la fin de la 3ème d'une possibilité de poursuivre dans l'enseignement général.
Manifestations devant les collèges
Ce jeudi matin dès 7h30, des parents d'élèves se sont retrouvés devant les établissements scolaires, notamment les collèges, pour manifester leur opposition à la réforme. L'opération était organisée depuis plusieurs jours via les réseaux sociaux et les parents étaient invités à ne pas envoyer leurs enfants à l'école, au collège ou au lycée ce 28 mars.
Par exemple, ils étaient une cinquantaine devant l'entrée du collège Victor Hugo à Nantes, soutenus par la FCPE et des enseignants venus également devant les grilles dire leur mécontentement.
"On veut des moyens, des vrais moyens pour fonctionner" chantaient les manifestants.
"Nous sommes résolument contre le choc des savoirs proposés par Gabriel Attal, déclare un parent d'élève FCPE du collège, nous sommes contre le tri des élèves, contre une orientation qui commencerait dès la 6ème., sachant que cette mesure de trier des élèves par groupe est rejetée par tous les spécialistes de l'éducation."
"C'est quelque chose qui sort de nulle part, estime une enseignante présente sur ce rassemblement. Nous, on sait déjà que ça ne fonctionnera pas, c'est dit dans toutes les études de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Ça plombe l'estime de soi des élèves qui ont bien besoin qu'on leur redonne confiance en eux. On ne comprend pas du tout ce projet."
"Ridicule", "Logique de compétition", "contre les principes de l'école républicaine" autant de mauvaises notes données à ce projet par les parents d'élève lors de cette mobilisation qui s'est auto-organisée.
Poursuite du mouvement
La mobilisation se poursuivra à 18h avec une assemblée générale salle de l'Egalité à Nantes "pour faire le bilan de la journée et préparer les suites" disent les organisateurs.
Le syndicat FO appelle par ailleurs les chefs d'établissements à se mobiliser, place Graslin à Nantes, ce jeudi midi.
Une nouvelle manifestation rassemblant parents et enseignants est prévue à 10h30 samedi 30 avril au miroir d'eau à Nantes.
Dans ce même département, Sud Education signale enfin trois jours de grève les 2, le 3 et 4 avril.
Olivier Quentin avec Cathy Colin.
►Voir le reportage de Cathy Colin, Olivier Cailler et Guillaume Ripert.