Alors que le début de l'année avait été plus "calme", le mois de mai a vu une recrudescence des fusillades, dans le quartier de Bellevue à Nantes notamment. Les autorités ont annoncé des mesures dont un nouveau renfort de CRS et des drones.
22 fusillades comptabilisées depuis le début de l'année 2023, principalement sur le quartier de Bellevue à Nantes, la commune voisine de Saint-Herblain mais aussi, dans une moindre mesure, sur le quartier nantais de Malakoff.
Si le début de l'année avait été qualifié de "plutôt calme", le mois de mai montre une augmentation inquiétante de ces règlements de compte sur fond de trafic de drogue. Ce bilan fait état également de deux morts.
Réunion hebdomadaire d'une cellule de crise
Ce mardi 30 mai, en préfecture, une réunion de crise a réuni autour de la table le Préfet de Loire-Atlantique, Fabrice Rigoulet-Roze, le directeur départemental de la sécurité publique, Nicolas Jolibois, un représentant de l'Etat Majors ouest des CRS (basé à Rennes), le procureur de la République, Renaud Gaudeul, ainsi que deux élus, Pascal Bolo, adjoint à la sécurité de Nantes et Jocelyn Gendek, adjoint au maire de Saint-Herblain, chargé de la tranquillité publique.
Il a été annoncé que, chaque semaine, une cellule de crise réunissant ces autorités fera le point sur la situation et les mesures prises ou à prendre.
Des CRS en renfort temporaire
Deux sections venant de la CRS8 (soit une quarantaine de policiers), récemment créée par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, arrivent en renfort des forces de l'ordre locales. Rappelons qu'à l'automne 2022, une compagnie et demi de CRS avait été détachée à Nantes, contribuant à ramener le calme dans le quartier de Bellevue. Mais quelques semaines plus tard, il ne restait plus qu'un tiers de cet effectif sur place.
À l'issue de la réunion de ce jour, le préfet, Fabrice Rigoulet-Roze, en a présenté les conclusions qui s'articulent, a-t-il dit, autour de trois points :
- Faire le suivi de toutes les affaires judiciaires en cours.
- Réunir régulièrement la cellule de crise composée de représentants des autorités citées plus haut.
- Donner une réponse opérationnelle à la situation.
"Il y a la problématique des points de deal de stupéfiants, explique le préfet. Consigne a été donnée aux services de police de mettre en œuvre des actions renforcées sur le démantèlement des points de deal existants, mettre en œuvre des opérations de sécurisation avec la présence de renforts spécifiques sur un certain nombre de rues, de quartiers où ont pu avoir lieu des échanges de coups de feu".
"Le troisième élément est de renforcer les moyens sur la voie publique à titre dissuasif dans le cadre de renforts que j'ai sollicités et obtenus. La CRS 8 arrivera dès ce soir (mardi 30 mai, NDLR) sur la métropole nantaise pour pouvoir se déployer sur le terrain." a ajouté Fabrice Rigoulet-Roze.
Des policiers qui seront déployés à la fois sur les quartiers "chauds" mais aussi sur le centre-ville de Nantes.
Mais combien de temps ces renforts resteront sur la métropole ? La réponse a été très évasive : "pour plusieurs jours", s'est contenté de répondre Fabrice Rigoulet-Roze.
... et des drones
"On va utiliser des drones dans la lutte contre les rodéos, a précisé le directeur départemental de la sécurité publique, Nicolas Jolibois. Des phénomènes qui perturbent les quartiers. La CRS 8 viendra pour appuyer les opérations, un coup de poing, de harcèlement, de points de deal que nous allons accélérer et renforcer sur le secteur du grand Bellevue. On ira les harceler là où ils sont, on ne lâchera pas le terrain parce que des coups de feu détonnent !"
Les enquêtes passées et en cours ont montré que les règlements de compte avaient pour cible ceux qui vendent la drogue et ceux qui organisent ces réseaux de vente.
"Tant qu'il y aura des clients, tant qu'il y aura une consommation de masse, vous aurez des vendeurs."
Nicolas JoliboisDirecteur départemental de la sécurité publique 44
Pascal Bolo, pour la ville de Nantes a voulu rappeler que les actions entreprises jusqu'à ce jour et en coordination avec les différentes autorités, avaient eu des résultats.
"Il y a eu des résolutions d'affaires importantes, a-t-il déclaré. Cette présence visible de la police nationale et aussi, pas sur les points de deal parce que ce n'est pas leur métier, mais sur d'autres secteurs, de la police municipale, fait qu'il y a de la part de la population une reconnaissance de la présence et de l'action des pouvoirs publiques. Mais je réitère mon appel à la responsabilisation des consommateurs qui ne peuvent pas ignorer que leur consommation qui peut être récréative, a des conséquences sur la délinquance, sur la vie, notamment dans les quartiers populaires et qu'ils ne peuvent pas s'en laver les mains !"
►Voir le reportage de Maxime Jaglin, David Jouillat, Eric Rosello et Maité Gimenez.
Pascal Bolo a voulu aussi mettre l'accent sur les opérations de rénovation urbaine qui sont pensées avec la donnée de ces phénomènes de délinquance.
"Il n'y a pas un seul aménagement qui soit réalisé, dit-il, sans qu'il y ait, au préalable, une étude sur ses conséquences positives ou négatives en matière de tranquillité publique."
"Des individus ont été interpellés et placés en détention provisoire"
"Sur les deux homicides volontaires sur fond de règlement de compte que nous avons eus en 2022, nous avons d'ores et déjà des individus qui ont été interpellés et placés en détention provisoire" a confirmé Renaud Gaudeul, procureur de la République, qui a aussi précisé que tous les coups de feu qui se sont succédés en 2023 ne sont pas forcément à relier entre eux.
Concernant les épisodes de ces derniers jours, le procureur n'a pas souhaité communiquer sur les enquêtes en cours, mais a déclaré que "des éléments d'ores et déjà intéressants ont été réunis par les services d'enquête."
Olivier Quentin avec Maxime Jaglin.
