Quel parent ne s’est pas retrouvé face à son enfant refusant d’avaler un légume ? Faut-il insister, voire le forcer à goûter ? Ou au contraire laisser tomber et lui donner des pâtes ? À l’école de la parentalité, nous avons fait appel à la diététicienne et nutritionniste Nathalie Priou pour éclairer nos lanternes.
"Goûte au moins ! Si tu ne termines pas ton assiette, tu n’auras pas de dessert ! Tu ne sors pas de table tant que tu n’as pas fini tes légumes !"
Qui n’a jamais entendu ou même prononcé ces phrases ? Tous les parents se sont trouvés confrontés à la relation particulière qu'entretient son enfant avec l’alimentation. "La néophobie — la crainte ou le refus de nouveaux aliments — concerne trois enfants sur quatre, souligne la diététicienne et nutritionniste nantaise Nathalie Priou, alias Nathdiet sur Instagram. Donc si vous galérez chez vous, c’est normal."
Une fois que l’on sait ça, faut-il se résigner à leur faire manger du riz et des pâtes ? Surtout pas ! Nathalie Priou vous glisse cinq conseils à appliquer pour apaiser le climat des repas, et faire en sorte que votre enfant apprenne à apprécier les légumes.
Conseil n°1 : ne pas forcer
"En règle générale, forcer l’enfant à manger ses légumes ne fonctionne pas. Il va se mettre dans l’échec face au mécontentement de ses parents. L’enfant va rester une heure à table parce qu’il ne parvient pas à manger l’aliment, ce qui peut être traumatisant. Il peut aimer un légume cuisiné d’une telle façon et ne pas l’aimer d’une autre. Nous sommes pareils à l’âge adulte.
Forcer l’enfant risque de le braquer et de rendre la relation à l’alimentation extrêmement compliquée ensuite.
Nathalie PriouNutritionniste et diététicienne
Conseil n°2 : rendre les légumes gourmands
"Il faut que vous soyez convaincu que le repas que vous lui proposez est vraiment bon et gourmand. L’enfant joue beaucoup dans le mimétisme. Qui dit gourmand, dit cuisiner le légume d’une manière qui donne envie de le manger. Les enfants ont besoin de consommer des lipides, du gras. Donc n’hésitez pas à ajouter du gras ! Du fromage, de la crème, un peu de beurre. Il faut que le repas donne envie."
Conseil n°3 : travailler sur les sens
"L’enfant découvre tout avec ses sens. Avant de lui demander de mettre l’aliment à la bouche, ce qui peut être source d’inquiétude, lui proposer de le toucher, comme le brocoli avec ses petits granules. C’est aussi de proposer des petits défis. Il y a une vraie démarche pour apprivoiser ce nouveau légume qu’ils ne connaissent pas. Il y a plein d’étapes avant de réellement l’intégrer à son alimentation."
Conseil n°4 : prévoir un aliment ami
"Si vous lui proposez une poêlée de chou-fleur et qu’en plus, il s’agit d’un nouvel aliment, et qu’il n’y a rien d’autre, ça peut être un peu violent. Si par exemple, il apprécie les patates douces, vous pouvez en mettre un peu dans l’assiette. Souvent, les enfants sont attirés par le beige (riz, pâte, semoule),
Ne pas hésiter à mettre un aliment un peu neutre à côté pour le rassurer
Nathalie PriouNutritionniste et diététicienne
Conseil n°5 : jouer avec l’imaginaire
"Les enfants apprennent par le jeu. Il faut donc entrer dans cet univers, comme celui de la carotte qui croque, qui fait du bruit, donc faire un concours de celui qui fait le plus de bruit avec la carotte, ou les radis, ou les cornichons. On fait tremper le haricot vert dans la sauce comme s’il allait dans la piscine, ou encore faire la moustache. Multiplier les jeux pour que ça devienne familier et créer des bons souvenirs autour des légumes. Aller cuisiner avec eux aussi pour montrer comment on peut transformer le légume, et que ce soit drôle, pour rendre le légume sympa !"
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