Un Européen sur 4 sera touché au cours de sa vie par un trouble psychique ! La santé mentale des Français aussi se dégrade, particulièrement depuis le Covid. Les chiffres de consultations dans les cabinets de psychologues et les demandes d’hospitalisations en service psychiatrique explosent. Mais les moyens manquent, les médecins aussi : 30% des postes sont vacants en psychiatrie en France.
Un état de lieux dramatique, à l’origine de la mobilisation des personnels ce mardi partout en France, et qui est dressé au moment où Nantes accueille un colloque international, du 1er au 3 décembre, "Villes et santé mentale".
Un thème qui peut surprendre. Et pourtant, alors que 55% de la population mondiale vit en milieu urbain (70% en 2050), la question est majeure. Car la vie en ville peut être un facteur aggravant aux troubles psychiques.
Des pistes sont à l’étude pour faire de l’espace urbain un lieu moins anxiogène pour tous, pas seulement pour les malades :
- En favorisant les espaces qui permettent de se retrouver entre voisins, amis.
- En maintenant et développant la place de la nature en ville, car il est prouvé que la présence d’arbres, de jardins publics est nécessaire à une bonne santé mentale et une bonne santé tout court (plusieurs études ont même montré que voir ou entendre des oiseaux est associé à une amélioration du bien-être mental).
►Pour Jean-Luc Roelandt, psychiatre et directeur adjoint du CCOMS (Centre pour la recherche et la formation en santé mentale - OMS), il faut soigner dans la communauté :
►Serge Hefez, psychiatre et responsable de l'unité thérapie familiale à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris, explique que la maladie mentale est la maladie du "socius" :
Développer des structures en-dehors des hôpitaux pour reconnecter les malades à la société. C’est le credo des Clubhouses, comme celui de Nantes, créé il y a 2 ans.
►Rencontre dans cette structure avec : Jean-Yves (Adhérent du Club House), Cathy Porcher (Chargée de Co-gestion et d’insertion au Club House) et Alice Aubineau (Directrice du Club House)
Mais au-delà des études et des préconisations, il y a urgence à agir pour celles et ceux qui sont déjà malades, notamment les plus jeunes. Une enquête Ipsos publiée le 29 novembre montre qu’un adolescent sur 2 de 11 à 15 ans souffre de trouble d’anxiété ou de dépression. Un chiffre dramatique, qui s’est aggravé depuis le covid. La guerre en Ukraine et les inquiétudes sur le climat provoquent aussi un stress important chez les plus jeunes. Stress qui se traduit par des phobies scolaires, des addictions aux écrans, et de plus en plus de tendances suicidaires, y compris chez des très jeunes.
Les demandes de consultations les concernant ont augmenté de 30% depuis deux ans.
►La santé mentale en chiffres :
Les troubles psychiques, 1er poste de dépense de la Sécurité sociale
Des populations en mauvaise santé mentale, cela a aussi un coût exorbitant pour la société. Car les troubles psychiques sont la 2ème cause d’arrêt de travail en France et le 1er poste de dépenses de l’Assurance-maladie, devant les cancers et les maladies cardio-vasculaires. Le coût annuel des prises en charge hospitalières et des traitements médicamenteux s’élève chaque année en France à 160 milliards d’euros.
Faut-il alors un plan psychiatrie comme a existé au début des années 2000 un plan cancer ?
C’est ce que réclament les médecins.
D’abord pour rendre la spécialité plus attractive. C’est aujourd’hui l’une de celles qui est la moins demandée par les internes en médecine. Notamment parce qu’ils la connaissent mal ou pas du tout, les stages en psychiatrie n’étant pas obligatoires (On estime que deux médecins sur 5 n’ont jamais mis les pieds pendant toute leur carrière dans un service psychiatrique).
Ensuite pour obtenir des revalorisations salariales, qui faciliteraient le recrutement de médecins et d’infirmiers (20 à 25% de salaires en plus pour pénibilité demandent des syndicats)
Enfin pour financer des plans de recherche plus ambitieux : aujourd’hui, moins de 4% du budget de la recherche biomédicale en France sont consacrés à la psychiatrie (un des chiffres les plus faibles d’Europe et 4 fois inférieur aux investissements aux Etats-Unis) et l’industrie y consacre peu de financements, jugeant le secteur trop risqué et pas assez rentable.
Il y a urgence, car aujourd'hui on soigne mal les maladies psychiatriques, notamment pour faute de personnel.
►C'est ce que nous explique Serge Hefez, psychiatre et responsable de l'unité thérapie familiale à l'hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris :
Virginie Charbonneau reçoit trois invités sur le plateau :
- Rachel Bocher – Chef du service Psychiatrie au CHU de Nantes – Organisatrice du colloque
- Serge Hefez – Psychiatre - Responsable Unité thérapie familiale Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris
- Jean-Luc Roelandt – Psychiatre et directeur adjoint du CCOMS (Centre pour la recherche et la formation en santé mentale - OMS)
►Dimanche en Politique sur la santé mentale, c'est ce dimanche 4 décembre à 11h30 sur France 3 Pays de la Loire
► À voir sur france.tv dans notre collection Dimanche en Politique
► Retrouvez l'ensemble de nos programmes sur france.tv